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La fiche des Girondins de Bordeaux
Exit la morosité et le cirque des années Sagnol. Le Bordeaux de Gourvennec a soigné son recrutement et devient la grosse cote de cette saison. Le scénario semble trop parfait.
La carte postale
« Chère Ligue 1,
Je t’écris parce que je flippe un peu. Voilà, pour la première fois depuis des années, j’ai l’impression que cet été se passe sans encombre. Et ça m’angoisse. Regarde notre mercato. D’habitude, je me marre en recrutant des Christian, Ben Khalfallah ou Maazou. Mieux, l’an dernier, Sagnol laissait son agent (le fils Courbis) faire le boulot. Et j’allais roupiller tranquillement dans mes vignes. Mais là, quelle erreur j’ai faite en recrutant Jocelyn ! Le type a un projet, il m’appelle constamment pour qu’on achète des joueurs talentueux. Et ça marche ! Même Tavernost aligne l’argent sans broncher. Même Puma nous a pondu un beau maillot « Home » . Même les supporters et les journalistes nous voient d’un bon œil. Chère Ligue 1, j’ai peur : est-ce qu’on serait devenu « tendance » ? Je ne suis pas habitué à tout ça. Tu sais, à Bordeaux, on aime l’anonymat, le confort feutré du Haillan, la quatrième ou la sixième place, les éliminations en 16e de Coupe de France et les Ligue Europa sabordées. Nous, un titre tous les dix ans, ça nous suffit, hein. Et là, Jocelyn me dit qu’on va être « ambitieux » . Diantre ! Sauve-moi de là. Je ne suis pas prêt.
Ton fidèle, Jean-Louis Triaud »
La visite médicale
Miracle de la médecine. Le patient bordelais, atteint de plusieurs cancers (Yambéré, Poko, Sané, Chantôme), a guéri de manière assez inexplicable. À l’agonie en mai dernier, il peut désormais courir un marathon sans souci grâce à de nouveaux poumons (Toulalan) et des jambes de feu (Ménez, Kamano, Sabaly). Le patient a aussi retrouvé des qualités cognitives impressionnantes (Gourvennec). Même à Lourdes, on n’a jamais vu ça.
Le joueur à ne pas suivre : Diego Rolán
Que vaut vraiment Diego Rolán ? Au bout de trois ans et demi, on ne sait toujours pas à quel poste joue l’Uruguayen. Quasi-buteur, quasi-neuf et demi, quasi-ailier, quasi-castor… Et donc quasi-bidon. Son bon bilan comptable de la saison 2014-2015 (seize buts) ne s’explique que par la présence de l’immense Cheick Diabaté à ses côtés. Depuis, il est rentré dans le rang et la concurrence accrue dans le secteur offensif (Ménez, Kamano, Ounas, Malcom, voire Touré et Laborde, convaincants en pré-saison) pourrait le pousser sur le banc. Et puis, peut-on confier son attaque à quelqu’un qui porte un appareil dentaire ? Qui sait, peut-être Jean-Louis Triaud aura encore la baraka au mercato d’hiver : un DVD bien monté et Watford posera bien vingt millions pour Rolan.
Pourquoi Bordeaux va … terminer 4e
Parce que le trio Paris-Monaco-Lyon reste au-dessus. Le mercato réussi (après en avoir raté 25 d’affilée) enthousiasme légitimement les supporters bordelais, mais l’effectif, l’expérience et le vécu semblent légers par rapport au Big 3. Si l’on ajoute aux recrues (Sabaly, Ménez, Toulalan) les retours de blessures (Carrasso, Sertic, Pallois), le onze type est à moitié neuf. À Gourvennec, qui jouit d’une belle cote, de mettre de l’huile dans les rouages. Et puis, un 4-4-2 à plat fait de vieux briscards et de jeunes devrait rappeler aux supporters bordelais l’époque Élie Baup. Qui terminait toujours 4e. CQFD.
L’inexpertise de … Julien Gillot, 30 ans, ingénieur en mécanique, qui habite à Toulouse
« Bordeaux ? Ça me fait penser à un club qui n’a pas trop de caractère, qui vivote et essaye d’être dans la première partie de championnat. Ils ne me font pas trop rêver. Francis Gillot ? Ouais, j’ai des potes qui m’ont pas mal chambré là-dessus en me disant : « Ah Gillot, c’est de la merde ! » Je n’ai pas spécialement de bons souvenirs du Bordeaux de Gillot. J’étais allé voir un Bordeaux-Monaco. Avec mon cousin et mes frères, on avait le maillot de l’ASM, on avait reçu des cannettes de bières devant les ultras(rires). Je crois qu’ils avaient gagné 1-0 sur coup franc. Bon, là ils ont pris Gourvennec, un bon entraîneur, ce sera peut-être meilleur au niveau du jeu. Ils ont fait des paris avec Ménez et Toulalan, mais il faut espérer pour eux qu’ils vont encore un peu recruter. Mais je crois que Triaud, il n’aime pas trop investir. Maintenant, ils ont un beau stade, un beau centre-ville qui a été rénové. Mais bon, là-bas, les gens sont un peu hautains, on va dire qu’ils s’aiment bien. »
Le mois après mois
Août : En quête d’un défenseur central, Bordeaux enregistre le retour surprise de Kodjo Afanou, dix ans après son exil en terre sainte.
Septembre : Surprise au Haillan : Jussiê réapparaît dans un placard, après un énième tour de magie. Gourvennec le fait signer et le Brésilien inscrit le but de la victoire à Lyon (0-1). Le lendemain, l’ex-joueur de Lens se volatilise. Tremble, Sylvain Mirouf.
Octobre : Jérémy Ménez plante un triplé au Parc des Princes (victoire 3-2 des Bordelais). En tribunes, Nasser demande à Kluivert : « Qui est ce joueur bien meilleur que Lucas ? Je ne le trouve pas sur Instagram »
Novembre : Alain Juppé remporte la primaire à droite. Jean-Louis Triaud, en quête d’un futur maroquin ministériel, impose le port du pull sur les épaules à ses joueurs.
Décembre : Tensions liées au challenge « Benjamin Button » : au classement, Jérémy Toulalan semble avoir repris l’avantage sur Paul Bernardoni.
Janvier : Après avoir marqué 23 buts en une demi-saison à Osmanlispor et sauvé 12 000 personnes de la peine de mort fraîchement rétablie en Turquie, Cheick Diabaté décide de revenir gratuitement aux Girondins.
Février : Diabaté se blesse au genou pour son deuxième match. Six mois d’indisponibilité.
Mars : Toujours dans la course au podium en championnat, les Bordelais prennent un coup au moral en s’inclinant contre Calais en Coupe de France. Sacré Mickaël Gérard.
Avril : Alain Juppé se vautre au premier tour de la présidentielle. Hasard du calendrier, les Girondins sont visés par une enquête pour emploi fictif. Le poste concerné est celui d’Ulrich Ramé, apparemment « directeur technique » depuis juin dernier.
Mai : Bordeaux se qualifie pour la Ligue Europa en conservant sa célèbre invincibilité à domicile contre l’OM (4-0, triplé de Toulalan). Les Girondins envoient leur rival en Ligue 2. Ça tombe bien : Jean-Marc Morandini, tout juste sorti des Baumettes, rachète enfin le club à MLD.
L’équipe type
Carrasso – Sabaly, Sertic, Pallois, Contento – Toulalan, Plašil, Ounas, Malcom – Rolan, Ménez. Entraîneur : Jocelyn Gourvennec
La charade
– Mon premier est « la satisfaction qu’une personne trouve chez quelqu’un ou dans quelque chose qui est conforme à son goût, à sa volonté » (dictionnaire sûr).
– Mon second est synonyme de « meuf » ou « gonzesse » dans un langage, disons… urbain.
– Mon troisième est l’aliment de base en Inde.- Mon quatrième est une construction destinée à protéger et cultiver des plantes, fruits ou légumes.
– Mon cinquième est un parasite pouvant provoquer la maladie de Lyme.
– Mon tout est un joueur formé au club, qui a vécu une saison quasi-blanche la saison dernière.
Par Guillaume Vénétitay