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La fiche de Rennes

Par Régis Delanoë
8 minutes
La fiche de Rennes

Avec les Gourcuff père et fils aux manettes, l’un de l’équipe, l’autre du jeu, le Stade rennais aimerait enfin vibrer sur la longueur d’une saison et plus seulement sur quelques matchs. L’effectif pléthorique, l’arrivée d’une masse de jeunes talents, les fulgurances de Paul-Georges Ntep et le soutien de Salma Hayek peuvent-ils suffire ? Au pire, la galette-saucisse se déguste aussi bien pour fêter les victoires que pour se consoler des défaites…

La carte postale

« Chers vous, supporters rennais,

This is your captain speaking, comme ils disent dans les avions. La dernière fois que je l’ai entendu, c’était dans celui qui me ramenait en Bretagne après mon périple algérien. C’était sympa l’Algérie mais honnêtement la région me manquait. Rien que le beurre salé, pour bien faire il aurait fallu que je l’importe, tu parles d’une galère… Et puis il fait trop chaud tout le temps, alors qu’ici il fait moyen-bof tout le temps. Ici, c’est donc à Rennes. Pas à Lorient, c’est mon fidèle Sylvain Ripoll qui gère désormais les sautes d’humeur de Loïc Féry. Ah ah, le pauvre, n’empêche… Enfin remarquez, moi c’est pas tellement mieux avec René Ruello qui fait toujours le foufou. Mais c’est René qui a voulu que je revienne finir ce que j’avais pas fini la première fois, alors je suis revenu.

Y a 15 ans de ça, il a fallu que je me démerde avec les Severino Lucas, les Vander, les Yapi, les Yapo… Cette fois-ci ça ne s’annonce pas tellement plus confort avec un effectif pour monter trois équipes pro en même temps mais pas une de vraiment compétitive. Croyez bien que je vais essayer de faire de mon mieux mais comprenez bien aussi que ça va sûrement me demander du temps avant de trouver la bonne équipe avec les joueurs qui sauront s’adapter à mon 4-4-2. Je vous promets pas le grand soir, mais juste pour l’hiver à manger de la galette-saucisse et à boire un bon demi sur le chemin du Roazhon Park, avec l’espoir de voir un beau match. Ce serait déjà pas mal, hein ? Du beau jeu, une petite campagne dans une coupe nationale… Allez, banco, on va essayer de faire ça.

Kenavo et à très vite au stade,

Christian »

La visite médicale

Il va comment le Stade rennais ? Rien de dramatique à signaler, aucune maladie grave ni crainte de quitter l’élite, c’est juste qu’il titube toujours pas mal et navigue à vue. Il est bancal comme un étudiant de Villejean le jeudi soir après la fermeture des bars. Il cherche son kebab à dévorer pour lui plâtrer le ventre et lui redonner un peu de dignité, même s’il s’est déjà beaucoup empâté ces derniers temps. Il a trop de gardiens, trop de milieux, et en même temps trop peu de certitudes en défense, et aucune en attaque. Il sait plus trop où il en est. Il fouille dans ses poches, il lui reste un peu de monnaie, héritage de papy Pinault, alors il continue à recruter comme on se reprend une dernière pinte de Chouffe dans un gobelet en plastique avant la fermeture. C’est déraisonnable mais ça requinque au moins pour un temps. On va prendre les matchs les uns après les autres comme on prend la vie au jour le jour sans se soucier du lendemain. Il y a ça de bien que la boîte d’Efferalgan 1000 a les vertus de pouvoir calmer le mal de crâne post-cuite pour fêter la victoire comme le mal de crâne post-cuite pour oublier la défaite. C’est magique.

L’homme à ne pas suivre : Sylvain Armand

Sylvain Armand est un gars gentil, sincèrement gentil. Il a été bon, vraiment bon. Il l’est encore parfois. Sur l’expérience, un peu sur le vice, il sait toujours gagner des duels, couper quelques actions chaudes, faire gagner quelques points à son équipe. Mais Sylvain Armand vient de fêter ses 36 ans. À 35 ans, il était déjà en perte de vitesse par rapport à ses 34. À 34, il l’était encore par rapport à ses 33, etc. Il est un peu en préretraite, il ne s’en cache plus vraiment. Il garde une petite flamme pour la compétition et le football mais elle s’éteint progressivement face à ses autres passions, le bateau et les plats en sauce. Dans un vestiaire il doit toujours être le bon camarade qui fait du bien mais sur le terrain il ne devrait plus servir tellement cette saison, surtout sous les ordres d’un Gourcuff qui exècre les lents, y compris en charnière centrale. Fin de carrière en pente douce pour lui.

Pourquoi Rennes… peut encore donner de l’espoir à ses fans

Parce que les supporters rennais sont les plus patients de l’univers. Parce que c’est dans leur ADN d’espérer plutôt que de savourer, de fantasmer les grandes victoires plutôt que de les vivre. Parce que dans cette Ligue 1, il n’y a que la première place de vraiment inaccessible. Parce que Christian Gourcuff, le retour du druide, revanchard et a priori plein de bonne volonté. Parce qu’il n’est pas encore trop tard pour que le fiston retrouve la forme physique et la joie de vivre pour rayonner dans un championnat à la portée de son talent, tel Ben Arfa la saison passée. Parce que Paul-Georges Ntep peut aussi revenir au premier plan, s’il ne quitte pas la Bretagne avant la fin de l’été et si ses jambes surpuissantes mais si fragiles ne le lâchent pas. Parce qu’il y a également du talent parmi les nombreux jeunes qui ont signé leur premier contrat pro.

L’inexpertise de Jacky Sourget, speaker et chanteur de Galette saucisse je t’aime

« Gourcuff je le sens bien, il connaît le foot, c’est un intello. Maintenant, faut que les joueurs s’adaptent à lui, et ça… C’est un rigide, avec un schéma tactique bien arrêté. Ça devrait pas le faire tout de suite je pense, sur la durée on verra. En tout cas faut oublier son expérience d’avant à Rennes car ça avait été la cata. Des joueurs lui parlaient mal et lui il bronchait pas, affreux… Pour ça il a une revanche à prendre, mais en 15 ans attention, il a pris de la bouteille, il se laissera plus pourrir comme avant. Ce que j’attends ? Pas grand-chose. Disons que si on se remet à gagner à domicile ce serait déjà bien, avec du beau jeu, que les supporters adhèrent parce qu’il vont finir par en avoir marre à force. T’aurais vu la saison dernière, les pauvres… »

Le mois après mois

Août : Avec encore une quarantaine de joueurs dans l’effectif, difficile pour Gourcuff de faire ses choix. D’ailleurs il se plante et le début de saison est calamiteux. En revanche, la B cartonne en CFA et même la C en DSE grâce aux performances de Hunou et Saïd.

Septembre : Les dernières heures du mercato ont été fructueuses avec un groupe pro réduit à 28 joueurs en ce mois de septembre. Bon, il a quand même fallu en passer par des rabais jusqu’à moins 70 % et des lots « pour deux achetés, le troisième est offert » . Hunou est cédé gratos au voisin guingampais et Lenjani repart à Nantes.

Octobre : Le mois des derbys : réception de Guingamp et déplacement à Nantes. Deux défaites 1-0 à la clé, sur des buts signés Hunou et Lenjani.

Novembre : Le mois du déplacement au Parc des Princes. Rennes est héroïque et décroche un valeureux résultat nul 2-2. En tribune VIP, Salma Hayek est quand même furieuse de n’avoir pas pu faire passer à la fouille ses rouleaux de PQ ramenés pour l’animation papelitos.

Décembre : Rennes grappille. Une dernière victoire en déplacement à Lille (pour toi Fauvergue) et les Bretons basculent enfin dans le top 10 de la L1. Une victoire fêtée comme il se doit par Erminig la mascotte au bar Le Vieux Saint-Étienne.

Janvier : Au mercato hivernal, Raul Meireles signe un contrat de 18 mois. Il était libre depuis son départ de Turquie.

Février : Raul Meireles est aperçu du côté de la place Sainte-Anne, une canette de bière forte à la main, un chien attaché au bout d’une corde. The right man at the right place.

Mars : Malgré la perte de sa recrue portugaise qui décide de mettre un terme à sa carrière pour rester auprès de son chien Kétamine, le Stade rennais profite d’un calendrier favorable pour aligner Metz, Dijon et Toulouse. Le podium n’est plus qu’à 2 points.

Avril : Lyon, Lille, Sainté : trois adversaires directs pour les places européennes et trois défaites au final. Les Bretons rétrogradent au 8e rang. Mais c’est pas bien grave : le 1er avril au Stade de France, le Stade rennais remporte enfin un titre en jouant les bêtes noires face au PSG en Coupe de la Ligue, d’un unique but signé Poha, révélation de la saison. Le bus à impériale peut enfin servir. Les célébrations font une victime : une œuvre de Jeff Koons, cramée par le fumi sorti par Salma Hayek dans la résidence de son beau-papa, où elle assistait au match.

Mai : La fin de saison est en roue libre pour les Rennais, qui terminent au 9e rang mais avec un trophée en forme de corbeille à fruits à ranger dans le buffet. Pour la festouille, c’est Sylvain Armand qui régale dans son jardin, le tablier autour du cou. « Ta gal’sau’, avec ou sans moutarde ? »

Le onze type

Costil (ou Diallo, ou Nardi) – Moreira (ou Danzé), Mexer, Méndez, Baal (ou Figueiredo) – André (ou Lenjani), Chantôme, Sylla, Pedro Henrique (ou Grosicki) – Gourcuff (ou Ntep), Sio (ou Erasmus)

La charade

– Mon premier est une grenouille- Mon second est un programme d’échange d’étudiants à l’échelle européenne
– Mon tout est le combo prénom/nom le plus fou de la L1

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Par Régis Delanoë

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