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La fiche de l’En Avant Guingamp
Exit Jocelyn Gourvennec et ses idéaux de jeu léché, Antoine Kombouaré arrive aux affaires à Guingamp. Inutile de préciser que les Armoricains vont devoir muscler leur jeu, Nicolas Benezet en tête.
La carte postale
« Yo la Ligue 1,
Bon je préfère te prévenir tout de suite. Devant les journalistes j’ai fait le mec poli qui vise le maintien, qui vient poursuivre le travail de Jocelyn en toute humilité et tout et tout. La vérité, c’est que je reviens après trois ans d’absence pour mettre des claques et des coups de boule. La technicité et le beau jeu ? On en reparlera quand Nicolas Benezet enchaînera 100 fois plus de pompes que de tweets. Pendant que je t’écris, je lui ai imposé de faire l’exercice de la chaise pendant 90 minutes sans pause, histoire de faire passer sa pubalgie. J’aime pas les hypocondriaques, tu le sais hein ? Pour la préparation, j’ai mis l’accent sur le Krav Maga et le Ju-Jitsu brésilien. Parce que oui, j’aime le beau jeu, mais j’aime encore plus les joueurs qui en ont dans le slip. Et pas question d’avoir peur de se prendre une volée par le PSG. Pendant trois ans, j’ai vécu l’enfer avec Martel, à côté The Walking Dead c’était le Club Med. Attends que Cavani et Ben Arfa débarquent au Roudourou, Kerbrat va les bouffer à lui tout seul.
Je l’ai dit et je me répète, je veux une équipe qui aime le combat et capable de produire du jeu. Du beau jeu de jambes hein, c’est important en MMA.
Je ne t’embrasse pas, c’est pour les baltringues,
Le Kanak de Ploumanac’h »
La visite médicale
Le recrutement a été rapide – « 99% de l’effectif le jour de la reprise, c’est la première fois que je voyais ça » , s’est émerveillé Antoine Kombouaré. Enfin faut voir l’effectif aussi. Exit les vieux briscards Baca, Cardy, Mathis et Jacobsen, les intermittents Samassa, Dembélé et Erding, mais aussi le Danois Lössl et le taulier Sankharé, qui préfère bouffer du Welsh à Lille que des crêpes sur les Côtes d’Armor. Le président Desplat a gâté son nouvel entraîneur avec du remplacement poste pour poste pas trop dégueulasse : un international suédois dans les bois (Johnsson, une sélection), un latéral du PSG (Ikoko), un milieu de Ligue des champions (Deaux), un vétéran de Ligue 1 (Didot), et un grand espoir du 4e du dernier championnat (Mendy). Un peu comme une brochure d’agence de voyages qui t’annonce une salle de remise en forme dans ta résidence de vacances, et qu’au final, tu n’y trouves qu’un vélo et un rameur, cassés. Et une poubelle pas changée depuis trois semaines. Sportivement, cela va quand même le faire, mais sur le plan marketing, avec Thibault Giresse comme joueur le plus charismatique, c’est léger à l’heure où la Ligue 1 veut se vendre à l’international. D’ailleurs faudra pas oublier de surveiller sa tension régulièrement, à Thibault, il n’est plus tout jeune selon Guy Roux.
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Antoine Kombouaré a coché la date au stabilo jaune fluo sur son calendrier La Poste 2017. Le 8 avril, son En Avant a rendez-vous au Parc des Princes. Son ancien jardin, là où il avait maintenu à flot la fierté des supporters parisiens avant que les méchants qataris et ce fourbe de Leonardo ne viennent tout gâcher. C’est du moins comme ça que lui voit les choses. Alors autant dire que ce match-là est préparé comme une finale : durant les trois semaines qui précèdent, le Kanak fait jouer la réserve, et tant pis si les Guingampais s’enfoncent dangereusement au classement. Pour les titulaires habituels, c’est mise au vert de 20 jours et entraînement intensif avec plusieurs membres de la famille Gracié qui viennent faire une masterclass « Comment réussir en Ultimate Fighting Championship » . Et le travail paie à Paris. Les Armoricains remportent une victoire nette 3-0 face à des Parisiens traumatisés par l’impact physique des Bretons et la démonstration de casse de parpaings en avant-match de Nico Benezet. En quart de finale aller de la Ligue des champions trois jours plus tard, c’est un onze parisien très diminué et en plein doute qui s’en prend 4 à Villarreal, la bonne surprise de la compétition. Encore loupé pour Paris.
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« Mais franchement je n’en sais rien moi de comment elle va se dérouler cette saison. L’En Avant Guingamp je n’en ai rien à foutre, d’ailleurs, je n’aime pas le football tiens ! Alors à tous ceux qui m’appellent pour me menacer de ne pas avoir pris tel joueur, d’avoir vendu tel autre, ce n’est pas moi qui fait l’équipe. Il y a un entraîneur, et il y a un président aussi. Pareil pour l’Euro, ce n’est pas moi qui sélectionne les joueurs, alors inutile de me menacer par rapport à Benzema. Arrêtez de m’appeler et lâchez moi un peu ! »
Le mois après mois
Août : Défaite à Monaco, victoire contre l’OM, l’En Avant commence sa saison honnêtement. Et termine les vacances estivales avec un bon gros 0-0 à Nancy que la presse surnomme « la bataille de Marcel-Picot » en raison des 18 cartons sortis pendant la rencontre. « Un match référence, j’ai apprécié que les garçons aillent au chardon » , assure Kombouaré.
Septembre : Deux victoires à la maison, deux nuls à l’extérieur, les Bretons sont tranquillement calés en première partie de tableau. Sur Twitter, Nicolas Benezet ne parle plus de son « chien qui se fait bolosse » à chaque sortie pipi, mais poste différentes vidéos d’exercices de fat burning, gainage et renforcement musculaire sans appareils.
Octobre : La transformation physique de l’ailier guingampais est spectaculaire, comme le succès de sa nouvelle chaîne Youtube « Abdos Time » qui compte 500 000 abonnés dès sa première semaine de mise en ligne. Kombouaré se félicite simplement de constater « que Nico a compris le sens des priorités et s’est mis au travail » . Sur Twitter, Jean-Michel Aulas réclame « un control sang1 pour @NicolasBenezet » . Faut dire que l’ancien joueur d’Évian affiche une masse musculaire impressionnante et vient de claquer un triplé à la Ronaldo au Parc OL.
Novembre : Guingamp assure un nul insipide contre le Bordeaux de Jocelyn Gourvennec. Le spectacle se joue encore une fois sur Twitter où Benezet est liké et retweeté par Cristiano Ronaldo himself quand il dit que « chaque soir c 2 000 abdos, 1 000 pompes et 45 minutes de gainage #souffrirpouretrebeau » .
Décembre : À l’approche de Noël, Guingamp ne souhaite pas faire de cadeaux au PSG. AK a aligné la CFA contre Nantes et Saint-Étienne histoire de préparer son onze type exclusivement pour ce match. Malgré ces efforts, son équipe est surclassée 4-0 à la maison. Le Kanak annule les jours de congés prévus pour les fêtes et organise un « petit stage de remise en forme » avec des amis à lui qui travaillent au GIGN. « Pour travailler l’harmonie du groupe » .
Janvier : Deuxième derby breton de la saison contre Rennes. Quand on l’interroge sur la différence qualitative des deux effectifs, Kombouaré se veut incisif : « Thibault Giresse a deux fois plus de charisme et de technique que Yoann Gourcuff » . Meurtri par cette saillie, le meneur de jeu rennais est annoncé forfait pour le reste de la saison, son père démissionne dans la foulée.
Février : Le second mois de l’année s’ouvre par un déplacement à Marseille, toujours embourbé dans son processus de vente qui achoppe sur la question de la garantie de passif. 90 minutes, une nouvelle blessure d’Abou Diaby, trois toiles de Karim Rekik et un quadruplé de Sloan Privat plus tard, Margarita Louis Dreyfus lâche le club pour un euro symbolique. « Si on peut aider la Ligue 1, on est content » , lâche laconiquement Kombouaré, avec un sourire carnassier.
Mars : Dans un mois tranquille, Guingamp valide tranquillement son maintien. Mais l’événement, c’est la sortie de Jordan Ikoko sur Periscope qui, frustré d’être cantonné au rôle de doublure de Martins Pereira, traite Kombouaré de « sale fiotte kanak » . Deux heures plus tard, le joueur prêté par Paris fait son mea culpa sur une vidéo où il a un bras en écharpe et porte une minerve : « monsieur Kombouaré est un grand homme. Vive la Nouvelle Calédonie. »
Avril : Depuis sa défaite contre Guingamp, le PSG perd pied et se fait humilier par Villarreal en C1, 4-0 à l’aller, 3-0 au retour au Parc. « La victoire d’une certaine conception du football que je partage » , assure Kombouaré, qui souhaite « beaucoup de courage à son ami Nasser » .
Mai : L’En Avant conclut sa saison sur un match nul sans relief contre Metz synonyme de très honorable huitième place, alors que le PSG, méconnaissable depuis l’élimination en Ligue des champions, est coiffé au poteau par l’Olympique lyonnais. « Je pense qu’il faut laisser un peu de temps à Unai Emery, on ne peut pas construire une équipe si on coupe la tête de l’entraîneur à la moindre désillusion » , écrit Kombouaré sur son tout nouveau compte Twitter, rapidement retweeté par le tout autant nouveau compte officiel de Laurent Blanc.
Le onze type
Johnsson- Levêque, Kerbrat, Sorbon, Ikoko (ou Martins Pereira)-Deaux, Didot (ou Sankoh), Salibur, Coco- Briand, Privat (plus le petit Blas en surprise du chef)
La charade
– Mon premier se danse à deux. Et c’est encore mieux sur Still loving you de Scorpions.
– Mon deuxième est un animal réputé pour ne pas être très malin. – Mon troisième peut-être Pulitzer, Nobel ou d’ami.
– Mon quatrième a magouillé avec l’OM dans le début des années 90.
– Mon tout est un attaquant imposant qui est fan d’avion.
Par Nicolas Jucha