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La fête d’anniversaire de Sylvain Wiltord

Par Matthieu Pécot, né le 10 mai
La fête d’anniversaire de Sylvain Wiltord

Sylvain Wiltord a 44 ans aujourd’hui. Bravo à lui. S’il devait organiser une fête ce soir en conviant uniquement des personnes nées le 10 mai, voilà à quoi les choses ressembleraient.

Il est 19h44 et peu importe que les cartons d’invitation à son barbecue aient suggéré une arrivée à 20 heures, Sylvain s’impatiente. Personne. Pas un chat. Au fond d’un jardin pas si spacieux d’un pavillon prêté par un copain de Neuilly-sur-Marne – commune de Seine-Saint-Denis où est né Sylvain Wiltord il y a quarante-quatre ans –, la fête est comme la dizaine de bouteilles d’alcool fort qui se dressent devant l’international aux 92 sélections : elle ne demande qu’à être consommée.

20h04 : on ne sait pas comment la jeunesse de Mönchengladbach a été éduquée, mais toujours est-il qu’elle est mal représentée par un Nick Heidfeld qui claque un frein à main au volant de sa Formule 1, le tout sur une place réservée aux handicapées. On a connu des créneaux moins polémiques. Nick a beau présenter ses excuses à Sylvain en lui dégainant un paquet de chips sea salt & black pepper de chez Tyrrells, il n’avait pas à faire ça. Mais comme il est le premier arrivé, il est accueilli par un Sylvain souriant qui lui offre son hospitalité et un gobelet de sangria.

Il y a dix-huit ans, sur la pelouse de Rotterdam, Sylvain arrachait l’égalisation en finale de l’Euro face à l’Italie et rapprochait un peu plus la France du sacre continental. Dans la foulée de ce moment de gloire, l’ancien Bordelais partait à Londres pour une aventure de quatre ans sous les couleurs d’Arsenal. Vivre 48 mois en Angleterre a notamment permis à Sylvain de se familiariser avec les bookmakers. Si ces gens-là avaient bossé ce soir à Neuilly-sur-Marne, ils n’auraient certainement pas prédit que Nick Heidfeld serait le premier arrivé. Et pour cause : en dix ans et 183 Grands Prix de Formule 1, l’Allemand n’a pas été foutu de triompher une seule fois.

Mais qui voilà dans son rétroviseur ? C’est Thomas Coville ! Le navigateur s’est fait beau. Il a assorti ses phrases à ses chaussures bateau : « On a eu du sale temps sur la route. Faut dire qu’on n’est pas gâtés ces jours-ci. C’est dommage, c’est toujours mieux quand il fait beau. » En accrochant son ciré jaune au porte-manteau, Thomas fait tomber son portefeuille. La gentillesse faisant partie des qualités de Sylvain Wiltord, il s’abaisse, se saisit de l’objet en cuir et voit dépasser une carte d’identité indiquant une naissance à Rennes pour Thomas Coville. Ni une ni deux, le footballeur retraité rebondit sur cette information et raconte qu’il a appris à jouer au Stade rennais. Sylvain a la gorge légèrement nouée quand il embraye en évoquant ses premières minutes avec les pros du club de la préfecture d’Ille-et-Vilaine. C’était un soir de septembre 1992, à Bourges. « Nino » n’a pas le temps de préciser que Rennes jouait alors en Division 2 et qu’il avait remplacé ce soir-là Emerick Darbelet que Coville lui coupe la parole pour mettre fin à cette parenthèse nostalgique et ancrer la conversation dans le présent : il est venu en covoiturage avec la sprinteuse jamaïcaine Merlene Ottey, qui n’a aucune idée de l’issue de la soirée, elle qui, il y a quelques années, n’avait pas spécialement prévu de terminer sa carrière avec la nationalité slovène.

« Tututututututu. Tututututututu. Tututututututu. » Cette musique envoûtante, c’est la sonnerie Marimba de l’iPhone de Sylvain Wiltord. À l’autre bout du fil, Nicolas Touzaint prévient qu’il aura « pas mal de retard » . Il a décidé de faire la route depuis Angers à cheval, et il semblerait qu’Hildago de l’Île, avec lequel il a terminé 17e aux Jeux olympiques de Londres il y a six ans, ait mal vieilli. Sylvain raccroche.

César de la meilleure actrice en 2002, Emmanuelle Devos ne joue aucun rôle lorsqu’elle lui demande qui est Nicolas Touzaint. « Jamais entendu parler » , murmure-t-elle avec une sincérité poignante. L’assemblée ricane lorsque Wiltord déclare que Nicolas Touzaint est cavalier, et tout le monde est amusé d’apprendre qu’il s’agit autant d’un métier qu’une pièce située en b1, g1, b8 ou g8 au début d’une partie d’échecs.

Tandis que l’humoriste Oldelaf dragouille la comédienne Flavie Péan autour d’un cubi de Villageoise et que Doc Gyneco claque des passements de jambes autour d’un ballon de baudruche, Wiltord se fait une réflexion simple : s’il a entendu la sonnerie de son téléphone quand Nico Touzaint l’a appelé, c’est que l’ambiance de cette petite sauterie n’est pas folle. Un problème que se charge de réparer Bob Sinclar, venu avec ses cheveux sales et ses doigts en or. La musique est tellement bonne qu’elle fera dire à la Jamaïcaine Merlene Ottey, bien plus tard dans la soirée, que dans son pays, elle ne connaît aucun Bob doté d’un tel talent musical.

N’importe quel candidat d’Un dîner presque parfait le sait, une soirée digne de ce nom doit comporter une animation. Ayant gardé son âme de champion et étant décidé à marcher sur cette soirée, Sylvain Wiltord impose en toute logique un match de football : trois contre trois. Il sélectionne d’abord le basketteur Samuel Dalembert, 2,11m et onze saisons de NBA dans les pattes, qu’il associe au solide Damso, privé de micro à cause d’un bruyant Bob Sinclar dont l’attitude a obligé la plupart des voisins à appeler la police.

La capitaine de l’équipe d’en face s’appelle Zaho. C’est chelou, mais c’est comme ça, et la chanteuse a décidé de faire équipe avec Linda Evangelista, qui va devoir prouver dans les buts qu’avoir fricoté avec Fabien Barthez a servi à quelque chose. Difficile d’apporter quoi que ce soit à ce duo de choc, mais Dennis Bergkamp est quand même là pour faire le nombre, au cas où.

Puisqu’il n’y a pas de football sans arbitre, Bruno Madinier sera cet homme-là. Toutes ces années passées à exceller dans Les Cordier, juge et flic devaient bien finir par payer…

Tout semble réuni pour que le spectacle soit au rendez-vous, d’autant que la sécurité vient de recaler Mark David Chapman. Difficile de savoir comment ce salopard qui a abattu John Lennon en lui envoyant quatre balles d’un calibre 38 s’est échappé du centre correctionnel d’Attica, dans l’État de New York, mais l’essentiel est sauf : un nouveau drame a été évité.

Il est tard, et peu importe l’heure qu’il est, la priorité est ailleurs : Sylvain Wiltord a les yeux humides et tous les invités viennent lui taper l’épaule pour le réconforter. Ce soir, pour la quatrième année de suite, il manque quelqu’un : Quentin Elias, vedette du groupe Alliage, n’est pas là. Bruno Madinier propose élégamment une minute de silence. Bono a plutôt envie de lui rendre hommage en reprenant Baïla. Bien loin de ce dilemme, Bob Sinclar, casque vissé sur la tête, balance un furieux Rock this party (Everybody dance now). Encore plus loin de ces préoccupations, à très exactement 103 kilomètres de Neuilly-sur-Marne, Nicolas Touzaint, 2% de batterie, envoie un dernier SMS à son ami Sylvain Wiltord : il s’est égaré dans l’Eure-et-Loire et s’apprête à faire demi-tour. Dommage, Zaho cherchait un cavalier.

Toutes les personnes invitées à la fête de Sylvain Wiltord sont bien nées le 10 mai

Dans cet article :
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Par Matthieu Pécot, né le 10 mai

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