- C1
- 8es
- Man. City-AS Monaco (5-3)
La faille du Rocher
Alors que Radamel Falcao avait la flèche pour abattre City sur penalty juste après l’entracte, l’AS Monaco s’est finalement inclinée à l’Etihad Stadium de Manchester (3-5) mardi soir au bout d’un sacré bordel. Une soirée au haut niveau qui aura d’abord mis en lumière la principale faiblesse de l’armée de Jardim : les airs.
Sur la table, des verres à moitié vides, d’autres à moitié pleins. Dans un coin, des silhouettes qui tentent de récupérer pendant que certaines essayent avant tout de rassembler les morceaux d’une soirée qui laissera forcément des traces. Et finalement, cette photo que l’on retiendra tous : un bordel. Au niveau du scénario, la baston qui a eu lieu mardi soir à l’Etihad Stadium entre Manchester City et l’AS Monaco est probablement déjà l’une des plus folles de la saison. Tout simplement car on aura tout vu : des buts, un penalty raté, des décisions arbitrales discutables et discutées, du spectacle, des jeunes sans complexe et deux hommes, placés derrière une ligne blanche, qui n’ont pas eu peur de s’envoyer quelques mandales tactiques. Au-delà de ce constat, peut-on parler d’un grand match de foot ? Non, car un grand match n’est pas forcément un match spectaculaire. Un grand match doit être parfait, sur tous les points, et si ce City-Monaco a pris cette dimension, il faut se le dire, c’est avant tout car de chaque côté, il nous aura été donné d’assister à deux équilibres défensifs rapidement écroulés. Il n’est pas normal de voir huit buts lors d’un huitième de finale de C1. Faut-il s’en plaindre ? Non, il faut simplement en tirer certaines conclusions, à commencer par le fait que l’AS Monaco n’a pas réglé son problème majeur : sa présence aérienne et notamment sur les coups de pied arrêtés.
La vie sans Glik
Jouer sous les ordres de Leonardo Jardim est exigeant. Jouer dans le 4-4-2 du technicien portugais, d’autant plus. Tactiquement, Jardim n’a pas raté son match, au contraire. Avant la rencontre, Pep Guardiola avait expliqué être impressionné par la saison et l’organisation de l’AS Monaco. Mardi soir, il n’a donc pas été surpris de voir l’ASM attaquer en 4-3-3 et se replier en 4-4-2 sur les phases défensives. Cette saison, l’ADN de Monaco est offensif, on le sait, mais son système a cédé mardi soir sur ses défauts. Car en cherchant à bloquer les pénétrations axiales du 4-1-4-1 de Guardiola – qui devient un 3-2-4-1 en phase offensive – avec sa doublette Bakayoko-Fabinho, où le premier a lâché physiquement dans la dernière demi-heure, l’ASM s’est exposée sur ses côtés, comme d’habitude. En Ligue 1, ça suffit, mais face à Sané, Silva, De Bruyne et Sterling, le rythme est nouveau et le danger aussi. Retourner ce Monaco, c’est donc avant tout utiliser les ouvertures en profondeur, ce que City a souvent fait mardi soir, mais aussi les airs où les Monégasques peinent à se défendre.
Les chiffres le prouvent : cette saison, Monaco a encaissé 24 buts en Ligue 1, dont neuf de la tête. Tout simplement car les consignes de Jardim poussent Mendy et Sidibé à souvent sortir et donc ouvrir les côtés. Les latéraux monégasques réalisent une grande saison, mais peinent également sur coups de pied arrêtés. Ce qu’on a vu mardi soir où l’ASM y a encaissé deux buts sur une volée d’Agüero, lâché par Sidibé, et sur un Stones à l’affût, où la couverture au deuxième poteau a été inexistante. Voilà où Monaco devra bosser d’ici au 15 mars prochain, avant tout. Mais Leonardo Jardim le savait probablement déjà avant cette première manche. Pep Guardiola aussi. Et c’est aussi sur les failles de la défense adverse – les sorties de balle notamment, largement amputées par l’aventurier Cabellero – que Monaco fera la différence. L’ASM a les armes pour croire en ses rêves. Son seul problème, c’est qu’elle devra jouer à Louis-II sans Kamil Glik qui sera suspendu. Et quand on perd son totem défensif, il ne reste que la rigueur. Le prix d’un quart de finale.
Par Maxime Brigand