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La dure succession nationale de George Best

Par Mathieu Faure
La dure succession nationale de George Best

George Best a gagné un Ballon d'or et le respect éternel de tous ceux qui aiment le football. Surtout, Best a permis de placer l'Irlande du Nord sur une carte. Avec Pat Jennings, il est sans doute le footballeur de l'Ulster le plus connu de l'histoire. Mais comment les contemporains offensifs de Georgie ont-ils réussi à vivre avec un tel fardeau depuis le départ du patron ? C'est simple, en ne s'invitant pas à la table des plus grands.

Années 80 : Norman Whiteside

À 17 ans et 42 jours, Norman Whiteside déloge Pelé de la plus haute marche des précoces en Coupe du monde. On est en 1982 et l’Irlande du Nord affronte la Yougoslavie en Espagne. Le jeune gaucher est encore un môme, mais il a une belle réputation dans son pays natal. Il faut dire qu’il évolue à Manchester United où il va devenir le plus jeune Mancunien à marquer en Coupe de la Ligue, en finale de FA Cup, mais aussi en championnat. C’est Bob Bishop, le même mec qui a scouté George Best, qui repère Whiteside à 13 ans. À l’époque, le gaucher jouait dans la 72e brigade des boyscouts de Belfast. Une aubaine pour un garçon dont toute la famille adorait MUFC. Un nouveau Best à United et en équipe d’Irlande du Nord ? Non. « Les seules choses que j’ai en commun avec George Best, c’est d’être originaire du même endroit, de jouer pour le même club et d’avoir été découvert par le même homme » , dira très vite Norman pour ne pas accepter ce lourd fardeau.

Il est vrai que les deux Nord-Irlandais ne se ressemblent pas vraiment. Originaire de Shakill Road à Belfast, il va pendant longtemps traîner une sale réputation sur les pelouses anglaises où son côté bagarreur lui vaudra le surnom de « Skinhead de Shankill » . En dépit d’une belle patte gauche et d’un talent certain, Whiteside aimantait surtout les avertissements durant les matchs. Barré en attaque par le duo Hughes-Stapleton, le coach Ron Atkinson replace le Nord-Irlandais au milieu de terrain où il officie comme récupérateur-relayeur. C’est donc dans l’ombre que le gaucher va traverser une carrière pourtant réussie avant de se reconvertir en pédiatre une fois les crampons raccrochés. Son vice en dehors du terrain ? Le poker. Mais toujours à la limite. On est bien loin de la folie destructrice de George Best.

Années 90 : Keith Gillespie

Comme Whiteside et Best, Gillespie a été formé à Manchester United. Gaucher et technique, le Nord-Irlandais était de la fameuse génération 1992 des Red Devils qui gagna la FA Youth Cup. Celle de Beckham, Butt, Neville, Scholes, Giggs et compagnie. Ailier gauche comme Ryan Giggs et Lee Sharpe, la concurrence est trop grande pour qu’il puisse se faire une place dorée à United. C’est donc à Newcastle qu’il va exporter son talent avant de filer à Blackburn. Chez les Magpies, Gillespie devient international et une valeur sûre de la Premier League. C’est l’époque du Newcastle de Les Ferdinand et David Ginola. Sexy et chaud. Dommage pour lui, il tombe dans un creux générationnel intense au pays et ne participe à aucune phase finale avec l’Irlande du Nord en dépit de ses 86 sélections.

Il faut dire que l’ailier est tiraillé par des soucis depuis son adolescence. Le jeu. Mais de manière XXL. À tel point qu’il se déclare en banqueroute en 2010. Trois ans plus tard, il sort même un bouquin intitulé How Not To Be A Football Millionaire. On y apprend que le joueur claquait parfois jusqu’à 100 000 livres par jour dans les cercles de jeu. Son addiction a commencé à United où il s’est pris d’affection pour les courses de canassons. « C’est l’un des derniers tabous du monde du football, déclare-t-il dans son livre. On ne prend pas cette dérive au sérieux. On parle souvent de drogues ou d’alcool, mais le jeu est au cœur de tous les vestiaires. » Dommage, George Best aurait apprécié cette mentalité.

Années 2000 : David Healy

13. C’est le nombre de buts plantés par l’attaquant nord-irlandais lors de la phase éliminatoire de l’Euro 2008. C’est simple, c’est un record. Avec 36 caramels en 95 sélections, Healy est d’ailleurs le meilleur artificier de l’histoire de son pays. On parle d’un mec qui bat l’Angleterre (1-0) et l’Espagne à lui tout seul (3-2, triplé) en 2005 et 2006. Healy, c’est un pur numéro neuf britannique. Une tête à jouer dans Football Factory, à porter du Fred Perry et du Burberry. Healy avait tout pour briller en Premier League. Comme tout Nord-Irlandais de moins de 20 ans avec un peu de talent, il passe par l’Academy de Manchester United qui pense tenir le nouveau Mark Hughes. Mais voilà, la marche est trop haute. Surtout à 20 ans. Alors le garçon enchaîne les clubs : Port Vale, Preston, Fulham, Norwich, Leeds, Sunderland, Rangers, etc. Il ne s’impose vraiment nulle part. Sauf en sélection où il devient une machine à enfiler les buts. Mais l’Irlande du Nord n’a pas le niveau pour se qualifier pour une phase finale. Alors Healy tombe dans l’oubli. Bien loin de la réussite en club de Best. Très loin.

Années 2010 : Kyle Lafferty

1,93m au garrot, un CV très atypique pour un Nord-Irlandais, puisque le natif d’Enniskillen a déjà joué en Écosse, Suisse, Italie, Angleterre et Turquie. Son gabarit lui a d’ailleurs permis de briller à Palerme ou encore aux Rangers, mais avec sept clubs à 27 ans, le talent de Lafferty ne lui permet pas de s’implanter durablement où il signe. C’est dommage, car le garçon est un international confirmé dans son pays (41 capes) et commence à trouver ses marques. Buteur lors des récentes victoires face aux îles Féroé, la Grèce et la Hongrie durant les qualifications pour l’Euro 2016, Lafferty est largement impliqué dans l’actuelle deuxième place du groupe F. Une folie pour un pays qui cherche désespérément un talent offensif pour succéder à son cinquième Beatles.

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Par Mathieu Faure

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