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La destinée du roi Samir

Par Markus Kaufmann
La destinée du roi Samir

Mercredi soir dans la ville éternelle, Samir le petit prince a pris les empereurs romains par le cou et a enfin décidé de devenir roi. Un tournant majeur dans une carrière cabossée par le talent et ses errements ? Ou le symbole d'une destinée dont la grandeur se sera finalement arrêtée à un match de poule en plein mois de décembre ?

Il y a deux semaines, après un match nul dramatique contre le CSKA Moscou, Samir Nasri prend le micro et déclare : « Soyons honnêtes, nous devons faire quelque chose, ou sinon, l’année prochaine, il y aura des nouveaux joueurs, et on devra tout recommencer. C’est comme cela que ça fonctionne quand vous jouez pour une grande équipe, un grand club. Vous devez répondre et montrer à tout le monde que vous méritez de vous qualifier. » Comme s’il souhaitait se parler à lui-même, Samir se pose une sorte d’ultimatum. Et mercredi soir, dans un stade olympique prêt à rêver, la composition de Manuel Pellegrini le livre à lui-même. Sans Sergio Agüero, Yaya Touré, David Silva, Stevan Jovetić ou encore Frank Lampard, Nasri est seul à la création derrière Edin Džeko. Vulgairement dit, c’est à lui d’être le Zidane de ce City.

On joue la 60e minute lorsque le numéro 8 des Citizens se démarque pour recevoir un ballon de Gaël Clichy. Il contrôle et se retourne face au jeu. Maicon voit Seydou Keita s’approcher, mais James Milner appelle et Keita répond. Seul au monde, Nasri ne dépend plus que de lui-même. Derrière la ligne des trois points, le tir est ouvert. Quelques pas, une touche de balle, une feinte vers Milner, une nouvelle touche de balle. Et pan ! Poteau rentrant, avec l’aide des dieux du football. Samir court en criant et part célébrer son exploit avec ses supporters. Sur le banc, David Silva est en train de faire ses lacets, peut-être pour prendre la place du meneur de jeu français, qui sait ? Toujours est-il que Nasri a fait ce qu’il avait annoncé. Comme Mohamed Ali, et comme Cheick Diabaté, aussi. Vingt-cinq minutes plus tard, il partage l’exploit avec Pablo Zabaleta, le chéri des fans, et envoie Manchester City en huitièmes de finale de C1 pour la deuxième année consécutive. Le petit prince a enfin joué comme un roi.

« Par caractère »

L’homme qui a fait venir Samir Nasri à Manchester est Roberto Mancini. Ayant un faible pour les milieux offensifs, le Mancio pensait pouvoir transformer Nasri en une machine à buts, comme un certain numéro 10 de la Sampdoria des années 1980. En mars, à Istanbul, il racontait son expérience avec Nasri, non pas avec la colère que peut provoquer une trahison, mais plutôt l’incompréhension et la tristesse face à un phénomène insaisissable : « J’avais tout fait pour avoir Samir. C’est un joueur qui a des qualités incroyables, mais un rendement qui n’a rien à voir avec son talent. Lors de sa première saison à City, il était superbe. La deuxième saison, ça n’allait pas du tout. C’est un problème de caractère. Il n’a pas compris qu’il faut toujours donner le maximum. On a eu des problèmes, je n’aimais pas du tout comment il se comportait et comment il s’entraînait. Et je ne le faisais pas jouer. Car il ne le méritait pas. Cela me fait vraiment mal au cœur, j’avais tout fait pour qu’il vienne, et il s’est contenté du minimum alors qu’il était encore jeune. C’est un joueur qui a les qualités non pas pour être un bon joueur, mais pour être un joueur de classe mondiale. Quel dommage, là il ne jouera même pas le Mondial… » Une saison sur deux, par caractère ? À Arsenal : la première et la troisième. À City : la première, la troisième, et le dernier mois. Par caractère, Samir avait voulu. Par caractère, Samir n’avait plus voulu. Mais il n’est pas le seul, loin de là.

De Wesley à José, de Kiev à Rome…

Peut-être avait-il besoin de révolte, de grandeur. Certains ont besoin de renifler la mort pour mieux se sentir vivre. Avec les Bleus, après le naufrage en Ukraine (2-0), Deschamps avait préféré l’écarter du onze titulaire au Stade de France. Peut-être que Nasri aurait envoyé un missile de qualification, qui sait ? Wesley Sneijder aussi a longtemps été catalogué comme un meneur jouant « à son niveau » une saison sur deux. À Madrid, Wesley a fait comme Samir à Arsenal. Génial parfois, ailleurs le reste du temps. Peut-être que la conception du talent aux Pays-Bas l’aura sauvé et lui aura permis, tous les deux ans, de toujours briller en sélection. Mais surtout, Wesley Sneijder aura rencontré José Mourinho. Au terme d’une saison haute en intensité, en 2009-10, il aura connu les meilleurs mois de sa carrière, de ses passes décisives pour conquérir le triplé de l’Inter, à ses buts en Oranje au Mondial sud-africain.

Cette épopée, elle aura commencé un soir de novembre 2009, à Kiev. Menée 1-0 à la 85e minute, l’Inter est éliminée de Ligue des champions, comme Manchester City mercredi soir. En cinq minutes, Sneijder délivre une passe décisive et marque un but salvateur. Comme Nasri mercredi soir. Qui sait si Manuel Pellegrini peut devenir le Mourinho du petit prince ? Et qui sait, encore, si Nasri aurait connu un destin différent en rejoignant la tactique de la Serie A ou le jeu au sol de la Liga, comme Wesley, plutôt que les muscles de la Premier League ? S’il a enfin joué comme un roi mercredi soir, espérons que son royaume s’étende plus loin qu’une petite qualification en huitième de finale de C1. Jusque-là, la carrière de Samir Nasri a connu un chemin tortueux, fait de tacles, de passes vers l’arrière et de non-sélections, mais aussi de quelques poteaux rentrants. Mais il n’a que 27 ans. Après tout, comme l’écrivait Antoine de Saint-Exupéry dans Le Petit Prince : « Droit devant soi, on ne peut pas aller bien loin… »

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