- Euro 2016
- Gr. E
- Suède-Belgique (0-1)
La dernière du Z
Il a raté son Euro dans les grandes largeurs, malgré un match bien plus réussi que les deux premiers. Mais ce mercredi soir, personne en Suède ne pensera à le reprocher à Zlatan Ibrahimović. Chez les Scandinaves, il n’y a que de la gratitude et un sentiment de vide.
Il a salué avec nonchalance ses adversaires dans le couloir, comme souvent il a souri à l’enfant qui l’accompagnait pour son entrée sur le terrain. Comme d’habitude, il n’a pas chanté l’hymne. Et puis il a commencé son match indolemment comme toujours, en marchant entre les défenseurs centraux adverses sans forcer. Il a beaucoup engueulé Berg, Olsson, Durmaz, Ekdal et les autres, et, sur quelques coups de pattes, il a montré qu’il était au-dessus du lot. Bref, n’importe quel observateur non averti aurait pu croire qu’il s’agissait d’un match classique de Zlatan Ibrahimović. Un match comme il en a tant disputé depuis 4 ans aux quatre coins de l’Hexagone. Pourtant, ce mercredi soir, dans la chaleur niçoise, l’homme de Rosengård a disputé le dernier match de sa carrière avec la sélection suédoise. Une sélection qu’il a portée sur ses larges épaules et pour laquelle il a marqué 62 buts en 116 matchs. Voilà sans doute pourquoi l’homme peu coutumier du fait est allé saluer son public à la fin du match. Des au revoir, sans effusions, du Zlatan dans le texte en somme, même si on a parfois senti perler l’émotion sur le visage du géant suédois.
En rage après le but de Nainggolan
Qu’on se le dise, les adieux d’Ibra avec la sélection n’ont pas été réussis. L’homme a effectué un Euro moyen, tout juste sauvé par une seconde mi-temps face aux Belges où il a failli écrire sa légende. C’était peu de temps après l’heure de jeu, quand, après une déviation de Berg, il a levé son pied plus haut que tout le monde pour marquer. Sauf que Monsieur Brych avait sifflé. Hors-jeu ou jeu dangereux, peu importe. Malgré ses efforts, les ballons qu’il est allé chercher très bas par moments, cette offrande non convertie par Berg ou encore cette ultime tentative passée au ras du montant de Courtois, le Z n’a pas su inverser le cours de l’histoire. C’est sans doute pour cela qu’il s’est agacé, qu’il est devenu fou de rage après le but de Nainggolan, car il ne voulait pas que cette histoire-là se termine. Le public suédois non plus, qui chantait à sa gloire durant tout le match, couvrant les moqueries des tribunes belges d’où sont descendus d’ironiques « Bye bye Ibrahimović » .
Un homme qui a bougé la Suède
Bye bye donc, et même s’il avait dit en conférence de presse : « Espérons que cet Euro durera le plus longtemps possible pour la Suède. Car finir sur une déception, ça… jamais » , il y a de la déception ce mercredi soir dans le camp suédois. De la déception, car en dépit des forfanteries, le Z avait aussi dit : « Ou que j’aille, j’amènerai le drapeau suédois avec moi. Il n’y aura que de la fierté et de la gratitude. » De la gratitude rendue par les Suédois présents à Nice ce mercredi soir, qui savent que rien ne sera plus jamais pareil. Marian Svab, journaliste de Sydsvenskan : « Dans ma vie, je ne verrai pas un autre joueur suédois comme Zlatan Ibrahimović. Une équipe nationale sans Zlatan est-elle possible ? » Un sentiment ressenti par les spectateurs suédois croisés qui disent se sentir orphelins. Il n’y avait pas grand monde ce soir à Nice pour critiquer Ibra : « Un homme qui a fait changer les choses en Suède. Parce qu’il ne se comporte pas comme un Suédois, dans son attitude, son arrogance il n’est pas suédois, mais il a montré qu’en étant mort de faim, on pouvait faire bouger les lignes » , dixit Magnus, croisé aux abords du stade. Même si ce soir, il n’a pas réussi.
Par Arthur Jeanne, à Nice