- Amical -Allemagne-Japon (1-4)
La dernière descente de Flick
Balayée par le Japon chez elle en amical, l'Allemagne est en grande difficulté depuis de (trop) longs mois. Nommé dans la foulée de l'Euro 2021, le sélectionneur Hansi Flick en a fait les frais à moins d'un an d'un Euro à domicile.
Si Hansi Flick a parcouru la presse sportive allemande ce dimanche matin, quelques heures après avoir vu sa Mannschaft se liquéfier pour la deuxième fois en moins d’un an face au Japon, il a dû avoir quelques maux de tête. D’autant que cette fois, ce revers n’est même plus vraiment une surprise. Un appel au départ du « pire sélectionneur national de tous les temps », dixit Bild, qui a été entendu par la Fédération dans l’après-midi : deux ans après son arrivée, celui qui avait tant impressionné pendant une saison et demie sur le banc du Bayern Munich n’est donc plus le sélectionneur de l’Allemagne.
Quand 2023 rime avec cata
L’optimisme était pourtant de mise à l’été 2021, au moment de voir celui qui venait de ramener le Bayern sur le toit de l’Europe prendre la succession de Joachim Löw, finalement pas éternel. Ridicule au Mondial 2018 (comme nombre de tenants du titre, d’ailleurs) et décevante à l’Euro, l’Allemagne commence alors cette nouvelle ère par huit succès consécutifs. Forcément, les supporters s’imaginent déjà récupérer leur carte de membre du club des cadors du football international. Deux ans plus tard, la réalité est pourtant bien différente. Mise à la porte de la Coupe du monde dès la phase de poules pour la deuxième fois consécutive au Qatar, la Manschaft est sérieusement en panne.
Depuis la demi-finale de Marseille en 2016 face aux Bleus, cette équipe a pris la fâcheuse habitude de se prendre les pieds dans le tapis à chaque tournoi majeur. 2016, une éternité pour une équipe de la trempe de l’Allemagne… Pire encore, le bilan de l’année 2023 (remplie de matchs amicaux, puisque la qualification pour le prochain Euro est heureusement déjà en poche en qualité de pays organisateur) s’avère catastrophique : une seule victoire face au Pérou, et une série en cours de quatre défaites pour un nul. La situation serait même à l’origine de tensions entre joueurs, Antonio Rüdiger et Joshua Kimmich refusant carrément de se parler lors de la trêve du mois de juin dernier, et le milieu bavarois – aligné latéral droit, face au Japon – s’en prenant ouvertement à Leroy Sané ou Niklas Süle lors de la première période face aux Samurai Blue.
L’Euro, c’est maintenant
« L’Euro commence maintenant », avait pourtant lancé Hansi Flick en début de trêve internationale, bien conscient de l’obligation pour son équipe de redresser la barre en ce mois de rentrée des classes. Une mission qui devra désormais être accomplie sans lui. « Je ne peux pas prévoir ce qui va arriver. De mon côté, avec le staff, je pense que nous essayons tout pour préparer cette équipe. Je trouve qu’on le fait bien, et je pense que je suis le bon entraîneur. On doit se secouer, et essayer de montrer un autre visage sur le terrain contre la France », assurait-il encore sur RTL, après le coup de sifflet final du match perdu contre le Japon. Son nouveau capitaine, Ilkay Gündoğan, y était également allé de son mot de soutien : « À un moment, ce n’est pas qu’une question d’entraîneur et c’est aussi une question d’équipe. On n’est tout simplement pas assez bon, c’est la réalité. On croit que l’on est meilleurs que ce que l’on est, peut-être. D’un point de vue du jeu, on n’est pas au même niveau que l’adversaire. »
Une dure vérité pour l’Allemagne, qui est aussi en train de se rendre compte qu’elle ne possède tout simplement pas les armes pour lutter avec les meilleures nations européennes dans quelques mois sur son propre sol. Et pas sûr que Julian Nagelsmann ou Matthias Sammer, dont les noms sont murmurés pour prendre la suite, changeront la réalité de cette génération moins talentueuse que la plupart de ses aînées. « Je continue à me battre. Ça continue, c’est ainsi », assurait une dernière fois Flick aux quelques milliers de supporters présents à l’entraînement de la sélection dimanche matin, sans savoir qu’il vivait ses dernières heures sur le banc. Le couperet est finalement tombé, avant même que l’équipe de France n’ait l’opportunité de s’en charger.
Le Japon fait la misère à l'AllemagnePar Tom Binet