- C1
- Barrages
- PSG-Brest
La dernière fois que le PSG a perdu de quatre buts au Parc
4-0 : c’est l’objectif de Brest pour renverser Paris en barrage de Ligue des champions, en s’évitant une séance de tirs au but. Problème : le PSG n’a plus connu telle déconvenue au Parc des Princes depuis février 2001. C’était contre Auxerre sans Guy Roux, mais avec Djibril Cissé, et en Coupe de France. Magnéto, Serge.

En 2001, les Français pensent que le RN ne sera jamais au second tour d’une élection présidentielle, achètent des disques de Garou et Alizée, lisent des journaux qui s’achètent encore en francs. Et Paris perd par quatre buts d’écart dans son jardin. Depuis cette date, tout a bien changé. En ce qui concerne les déboires parisiens, cette saison 2000-2001 n’en manquent pas. En effet, les joueurs de la capitale avaient déjà coulé contre Sedan, 5-1 et dans les Ardennes. Un tremblement de terre dont la réplique aura lieu quelques semaines plus tard au Parc des Princes : un 0-4 concédé contre Auxerre pour ce qui reste pour le PSG la dernière défaite par quatre buts d’écart à domicile. Un 16e de finale de Coupe de France « vraiment pas terrible, » euphémise aujourd’hui Luis Fernandez, sur le banc parisien ce soir-là, qui savait déjà que Paris ne disputerait pas de Coupe d’Europe la saison suivante.
J’ai essayé d’amener cette touche espagnole, que j’avais connue à Bilbao pour relancer une dynamique.
Ce soir du 10 février 2001, les parents de Khvicha Kvaratskhelia cherchent encore le prénom de leur fils, qui naîtra deux jours plus tard. Pascal Praud est journaliste pour TF1, a des lunettes sans rebords et des cheveux moins blancs qu’aujourd’hui. « J’avais fait tourner, se souvient Luis Fernandez. Je venais d’arriver, il fallait concerner tout le groupe. » Paris, trois fois vainqueur de la Coupe de France la décennie précédente, avait démarré sans Lionel Letizi, Ali Benarbia et sa star Nicolas Anelka, chopé contre 218 millions de francs (33 millions d’euros) à Madrid, mais avec son projet mi-hispanique mi-francilien. Frédéric Déhu, Didier Domi, Pierre Ducrocq, Mickaël Madar et Sylvain Distin représentent les seconds, Mauricio Pochettino, Mikel Arteta et Quique de Lucas les premiers. En face, Auxerre, sans Guy Roux mais avec Daniel Rolland, navigue en milieu de tableau avec Philippe Mexès, Jean-Alain Boumsong, et sa doublette Djibril Cissé-Khalilou Fadiga en attaque.
<iframe loading="lazy" title="PSG - AJ Auxerre | Coupe de France 16e de finale | 10.02.2001" width="500" height="281" src="https://www.youtube.com/embed/Ec9mtIkoZOM?feature=oembed" frameborder="0" allow="accelerometer; autoplay; clipboard-write; encrypted-media; gyroscope; picture-in-picture; web-share" referrerpolicy="strict-origin-when-cross-origin" allowfullscreen></iframe>
Paris a déjà sombré contre Guingamp (1-3) trois jours plus tôt. Le club est en crise, Luis Fernandez débarque en décembre en remplacement de Philippe Bergeroo. Les jeux de mots sur Pierre Ducrocq dans le fanzine du club n’allègent pas l’ambiance. Ducroquant, voilà ce qui manque au PSG en début de match. Sur l’engagement, le Parisien Aliou Cissé fauche Alexandre Comisetti. Moussa Saïb balance le coup franc en l’air vers Fadiga, qui se démerde pour marquer. Un but à la Ludovic Ajorque. 1-0.
Dans la foulée : Djibril Cissé enrhume Pochettino, arrivé quinze jours plus tôt à Paris. 2-0, le chrono n’affiche pas encore deux minutes. « J’ai essayé d’amener cette touche espagnole, que j’avais connue à Bilbao pour relancer une dynamique », remet Fernandez. Raté pour cette fois. La troisième sortie parisienne de Pochettino est un calvaire. Le même Djibril Cissé lui inflige un petit pont pour décaler Fadiga pour le troisième but. Entre-temps, Madar a envoyé son penalty derrière le périphérique et Déhu et Jeunechamp quelques coups de poing. Sans prendre de cartons rouges, sacré exploit.
Une des plus grosses crises du PSG
Avec moins de 26 000 spectateurs, le Parc gueule. Pascal Praud, déjà pas fan de manifs, indique que « toutes les dix minutes, il y avait une nouvelle banderole. » On peut y lire : « Arrêtez de vous prendre pour des stars », « Vous mettez notre club en danger » ou « PSG : Benny Hill du football français ». Les pitres de la soirée s’en prendront un dernier en fin de match, après un énième dribble de Djibril Cissé, qui finira meilleur buteur de la Coupe de France remportée par Strasbourg cette année-là. La déroute est totale, comme pour Marseille, qui se fera éliminer par Châteauroux, et Rennes, par Amiens. Le Parisien rapporte que des supporters se tabasseront à la fin du match, alors que Luis Fernandez tente de limiter la casse en disant que le score ne « reflète pas la physionomie du match ».
« La saison était difficile, on était dans le dur », concède-t-il aujourd’hui. Bertrand Delanoë et Philippe Seguin, qui se tabassent pour la mairie de Paris, commentent la crise. En bon politique, l’homme de droite a compris qu’il fallait parler foot pour rassembler. « Ce serait bon que cela finisse par s’arrêter, parce qu’on va finir par se retrouver en deuxième division, dit-il à France Bleu Paris. La deuxième division est une compétition extrêmement intéressante, mais je ne suis pas sûr qu’elle soit à la hauteur des investissements qui ont été consentis. » Delanoë a bien fait de ne pas trop s’en mêler : il gagnera les élections trois semaines plus tard.
On n’est qu’en février, mais Laurent Perpère, président du PSG, ne prend pas trop de risques à admettre que « Oui, la saison est ratée » à TF1. Il n’a pas tort : le meilleur budget de la Ligue 1 finira entre Bastia et Guingamp, à une maigre neuvième place. Nicolas Anelka fera ses valises à la fin de la saison. Le début d’un long tunnel, qui verra même en février 2010 Marseille battre le PSG 3-0 au Parc pour ce qui constitue la dernière défaite parisienne par au moins trois buts d’écart à domicile. 380 matchs plus tard, Brest se présente dans la capitale.
Donovan Léon, bourreau du PSG : « Les gens oublient qu’avant, j’étais numéro 2 »Par Ulysse Llamas