- Mondial des clubs
- 1/2 finale
- Raja Casablanca/Atlético Mineiro
La dernière chance de Ronaldinho
Remis d'une vilaine blessure à point nommé pour le Mondial des clubs, Ronnie joue sans doute au Maroc sa dernière carte à six mois de la vraie Coupe du monde.
Passes aveugles, ouvertures lumineuses, coups francs diaboliques… La classe est intacte, même si on a l’impression qu’il joue en slow motion. À 33 ans, Ronnie n’arrive plus à casser les hanches des défenseurs adverses, mais il a de beaux restes.
Depuis son retour au pays, en 2011, le Brésilien se défend d’être en pré-retraite. Il continue à nourrir le rêve fou de jouer la Coupe du monde chez lui l’année prochaine. Le problème, c’est qu’il est loin d’être dans les petits papiers du sélectionneur. Pour corser le tout, la star de l’Atlético Mineiro est restée plus de deux mois à l’infirmerie pour soigner une déchirure musculaire.
Heureusement, il s’est remis juste à temps pour disputer le Mondial des clubs, au Maroc. Cette compétition, qui a bien plus d’importance pour les Brésiliens que pour les Européens, risque fort d’être sa dernière chance de frapper à nouveau à la porte de la Seleção. Et encore, l’ancien Parisien a l’air si loin du groupe actuel qu’on se dit qu’il faudra qu’il batte le Bayern à lui tout seul pour se faire à nouveau une place au soleil.
R10 impose le respect
Et pourtant, sans vouloir faire dans la nostalgie, un Mondial au Brésil avec Ronaldinho, ça aurait quand même de la gueule. D’autant plus que la Seleção n’est plus super bien servie en numéro 10. À part Oscar, qui commence à prendre une sacrée dimension avec Chelsea, coach Scolari n’a pas beaucoup d’options de rechange. D’ailleurs, depuis juin dernier, c’est Neymar qui porte le mythique numéro dans le dos, histoire d’assumer pour de bon l’héritage du Roi Pelé. Mais pour ce qui est des bons numéros 10 à l’ancienne, ce n’est pas trop ça. Ganso est à la rue depuis qu’il s’est fait les croisés, Jadson n’est pas sexy pour un sou… Du coup, les regards se tournent vers les trentenaires de la « génération perdue » , Kaká et Ronaldinho. Les deux ont eu leurs chances quelques mois avant la Coupe des confédérations, sans vraiment convaincre.
Le 14 mai dernier, jour de la convocation, toute la presse brésilienne avait fait monter le suspense avec la grande question : lequel des deux sera retenu ? Mais, à la surprise générale, Felipão n’a pris ni l’un ni l’autre. Pour Ronnie, la raison est toute trouvée. Convoqué en avril dernier pour un match amical contre le Chili à Belo Horizonte, la ville où il habite depuis qu’il a rejoint les rangs de l’Atlético, il est le seul à arriver en retard. Forcément, ça la fout mal. Surtout avec Scolari, qui n’a pas l’habitude de transiger avec les problèmes d’indiscipline.
Pourtant, depuis qu’il a quitté Flamengo et les plages de Rio, R10 semble s’être assagi. Dans le Minas Gerais, État qu’on pourrait surnommer « l’Auvergne brésilienne » , on lui fout la paix et il peut jouer au foot tranquille. Il a même fait une opération pour redresser ses dents du bonheur.
Retrouvailles avec Guardiola
Le camisa 10 a beau ne pas être toujours au top de sa forme, on a l’impression qu’il donne confiance à ses coéquipiers. Et surtout, il impose le respect aux adversaires. Lors de la campagne victorieuse de la Libertadores, le Ballon d’or 2005 était accueilli comme un roi dans tous les pays traversés, que ce soit le Mexique, la Bolivie ou même l’Argentine. Il mettait toujours des plombes à quitter le terrain, parce que tous les joueurs de l’équipe adverse voulaient prendre des photos avec lui sur le terrain.
En Coupe du monde, le Brésil affrontera des adversaires d’un autre calibre, mais nul doute qu’un brin de folie ronaldinhesque pourrait donner des frissons aux fans de foot champagne.
Samedi, après avoir tapé les Mexicains de Monterrey, les joueurs du Raja Casablanca avaient des étoiles pleins les yeux à l’idée affronter l’ancienne star du Barça. S’il passe l’obstacle marocain ce mercredi, Ronnie pourra se rappeler au bon souvenir de Guardiola, considéré par certains comme le grand responsable du départ du Brésilien de la maison catalane.
Par Louis Génot, à Rio de Janeiro