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La déprime Mahrez
Pas dans ses baskets depuis le début de la saison, Riyad Mahrez traîne son spleen sur les pelouses de Premier League. Mais la CAN arrive à point nommé pour celui qui vient d’être élu joueur de l’année africain.
Assis sur son banc, il assiste, impuissant, à la nouvelle défaite des siens au King Power Stadium. Une de plus. La neuvième en cette première partie de saison. La deuxième à domicile. Son Leicester est alors seizième, au bord de la zone rouge. Mais son cas personnel demeure encore plus inquiétant que l’état de son club. Car si on pouvait s’attendre à un déclin logique du champion d’Angleterre, il n’en était pas de même pour son homme fort. Pas dans de telles proportions, en tout cas. Lorsqu’il se lève peu après l’heure de jeu, personne n’ose trop croire à un exploit devenu habituel l’an dernier. Lui-même n’a pas trop d’espoir. Cela fait des semaines que Riyad Mahrez s’est transformé en ombre. Alors, ces vingt-cinq minutes, il les passera sans faire de différence décisive. Un tir contré ici, un dribble là, un tacle, un duel aérien remporté, et puis c’est tout. « Il n’est pas en grande forme en ce moment et je veux le stimuler, déclare après l’échec de son équipe Claudio Ranieri pour justifier l’absence de l’Algérien dans le onze de départ. Je ne le vois pas faire des bonnes choses à l’entraînement et il doit donner plus pour l’équipe. Je veux plus. » Un haussement de ton un peu désespéré pour l’entraîneur, qui ne sait plus trop quoi faire pour rebooster le meilleur joueur de Premier League 2015-2016. Les deux matchs suivants verront Mahrez aligné d’entrée, mais incapable de montrer toute l’étendue de son talent. Comme s’il fallait une coupure pour relancer la machine.
Leicester toujours dépendant
En novembre, Ranieri pointait déjà le manque de rendement de son joyau, tout en essayant de le défendre. « Les adversaires nous connaissent bien et on ne peut pas continuer toute la saison à se reposer sur Riyad qui prend toutes les responsabilités.(…)Regardez les matchs. Chaque fois qu’il a le ballon, il essaie de faire quelque chose de spécial avec. Chaque fois, il a au moins trois adversaires sur lui. Je lui ai dit de jouer simple, mais il prend parfois la responsabilité de faire des choses pour l’équipe parce qu’il est notre joueur de qualité. » D’autant plus frustrant que quand le joueur offensif est bon, donne des offrandes (trois seulement contre six au même stade l’an passé en championnat) ou marque des buts (trois également contre treize), les Foxes obtiennent bien souvent un résultat positif. Contre Manchester City, la prestation énorme de l’ailier a permis à sa bande de sortir sa meilleure partition de la saison (4-2). Ses pions contre Watford et Bournemouth ont été salvateurs (victoire 2-1 et match nul 2-2 après avoir été mené 2-0). En Ligue des champions, même constat : quand Mahrez brille, sa team en profite plus que de raison (doublé à Bruges, puis un goal au retour pour des succès 3-0 et 2-1, passeur décisif pour l’unique réalisation de la confrontation avec Porto, seul buteur contre Copenhague…). Voilà pourquoi son coach italien s’inquiète de son irrégularité chronique.
Il a besoin de sa CAN
Alors, que faire pour retrouver le vrai Riyad Mahrez, celui qui faisait lever les foules sur un geste, une frappe ou un contrôle anodin quasiment tous les week-ends ? Du repos, un peu. Du calme, beaucoup. Et de la confiance, surtout. Si les deux premiers éléments seront compliqués à obtenir, le troisième pourrait revenir plus vite que prévu. D’abord, parce que son continent lui a rappelé qu’il constituait un talent rare en le sacrant joueur africain de l’année (avec 361 voix), devant Pierre-Emerick Aubameyang (313) et Sadio Mané (186). Un titre important et symbolique de ses capacités, même s’il n’a réussi que la première moitié de son année 2016. Ensuite, parce que l’Afrique, encore, et le Gabon vont l’accueillir le temps d’un mois pour la Coupe d’Afrique des nations. Une compétition qui motive énormément le bonhomme et dont le titre final est dans les cordes des Fennecs. En compagnie d’Islam Slimani et de Rachid Ghezzal, mais sans Sofiane Feghouli, Mahrez aura à cœur de montrer qu’il n’est pas une arnaque, comme certaines voix commencent à doucement l’affirmer, et qu’il peut faire gagner une Algérie considérée comme l’une des sélections favorites de la compétition.
African Ballon d’or … I thank everyone who supporte me around Africa and around the world . pic.twitter.com/iaTrvED7TW
— Riyad Mahrez (@Mahrez22) 6 janvier 2017
Par Florian Cadu