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La Croatie, l’anti-Euro
Opposée à l’Albanie ce mercredi (15h), la Croatie doit déjà gagner. La faute à la gifle infligée par l’Espagne en ouverture. Comme souvent, les Vatreni sont décevants à l’Euro.
Tous les quatre ans, le damier croate devient le motif fétiche de beaucoup de hipsters fans de football. Spécialiste des Coupes du monde, la Croatie, qui reste sur une troisième place en 2022 et une finale en 2018 (vous vous en souvenez ?), est pourtant très décevante lors des Euros. C’est en tout cas l’idée reçue qu’on en a. Samedi dernier, les copains de Luka Modrić ont été balayés par les Espagnols (3-0), à Berlin, et ont peut-être montré les prémices d’une nouvelle désillusion. Même si tout n’a pas été à jeter face aux Ibères, les Croates ont craqué de manière étonnante en défense, ce qui ne leur ressemble pas forcément. C’est seulement la deuxième fois de son histoire (7 participations) que le pays s’incline par trois buts d’écart à l’Euro, et la première depuis 1996 (face au Portugal). Un flop en perspective ?
La Croatie et la bannière
Bourreau de la Croatie le week-end dernier, la Roja est déjà celle qui avait sorti, en prolongation, les Vatreni du championnat d’Europe en 2021, en huitièmes de finale (5-3). Croatie-Espagne, c’est un classique de l’Euro, puisque c’était la quatrième fois consécutive que ces deux nations se retrouvent dans le tournoi. En 2016, à Bordeaux, les hommes de l’Adriatique s’étaient imposés en phase de poules (2-1)… Avant de se faire sortir par le Portugal, au bout d’un match interminable, que les Croates avaient dominé stérilement. À la 117e minute, Nani était venu briser les espoirs croates et renvoyer l’outsider chez lui (0-1). Quatre ans plus tôt, Ivan Rakitić et cie s’étaient inclinés face aux Espagnols (1-0), en poules également, et n’avaient pas passé ce stade. En sept participations, les vice-champions du monde 2018 ont surmonté la phase de poules à quatre reprises, mais n’ont jamais gagné un match à élimination directe.
Un contraste étonnant par rapport à la Coupe du monde, où la Croatie s’est éclatée lors des deux dernières éditions. Pourtant, de l’aveu de son propre capitaine, le Mondial est bien plus compliqué que l’Euro. « Je n’aime pas comparer, mais je pense que la Coupe du monde est plus difficile parce qu’il y a des équipes du monde entier », avait avancé Modrić, en réponse à Kylian Mbappé, qui avait affirmé l’inverse. Tomislav Gabelić, journaliste croate qui a longtemps suivi la sélection, n’abonde pas dans le sens du capitaine. « À la Coupe du monde, il y a toujours une équipe contre qui tu peux faire tourner. Pas à l’Euro, qui favorise les équipes avec un effectif profond. En Croatie, il y a quasiment les dix seuls joueurs au niveau sur le terrain », estime-t-il. Et les chiffres plaident en la faveur du journaliste. Sur les trois derniers championnats d’Europe, en ajoutant le revers face à l’Espagne, les Croates affichent un bilan de 5 défaites pour 4 victoires et 3 nuls. Très loin de leurs 7 succès, 6 nuls et 4 défaites lors des trois derniers Mondiaux.
La différence avec leurs performances lors de la reine des compétitions réside principalement dans leur capacité à dégoûter les équipes et à les pousser dans leurs retranchements. En fait, les Croates n’ont plus gagné un match à élimination directe d’une grande compétition dans les 90 minutes depuis leur quart de finale contre l’Allemagne en 1998. La Croatie n’est finalement spécialiste des rencontres auxquelles on rajoute une demi-heure que tous les quatre ans (5 qualifications sur 5 possibles après une prolongation en Coupe du monde, 0 sur 3 à l’Euro). Au niveau des poules, la différence n’est pas si éclatante par rapport à la grande sœur : 4 victoires, 3 nuls, 2 défaites sur les trois dernières éditions de l’Euro. 5 succès, 2 nuls, 2 revers sur les trois dernières World Cups. Mais à quel prix physique ? Quoi qu’il en soit, le pays au damier doit absolument s’imposer face aux voisins albanais, ce mercredi à Hambourg, pour espérer offrir une belle retraite à Luka Modrić.
Par Léo Tourbe
Propos de TG recueillis par LT.