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La critique est aisée, mais Vlaar est difficile
Longtemps indispensable à la survie d'Aston Villa en Premier League et pilier de l'équipe des Pays-Bas au dernier Mondial, Ron Vlaar semble être en légère galère cette saison en raison de blessures à répétition. Au point de mettre en péril son avenir chez les Villans ?
Certes, c’est une demi-finale de FA Cup. Donc un match dans lequel tout est possible. Mais face à une équipe de Liverpool sans doute distancée pour les places de Ligue des champions et qui rêve de conquérir un titre cette année, Aston Villa aura fort à faire pour résister à la furia rouge. D’autant que la défense des Claret and Blue a plus souvent tendance à se donner rendez-vous à l’infirmerie que sur le terrain ces derniers temps. L’équipe de Tim Sherwood se pointera à Wembley sans Ciaran Clark, Alan Hutton, Aly Cissokho et Philippe Senderos. Mais avec Ron Vlaar, qui semble s’être débarrassé de ses problèmes récurrents au mollet et au genou. Une bonne nouvelle pour Aston Villa ? Pas si sûr.
Capitaine d’Aston Villa au bout d’un mois et demi
Été 2012. Dès son arrivée du côté de Villa Park, le défenseur néerlandais s’est vite rendu indispensable. À l’époque, le club de Birmingham traverse une passe difficile : deux entraîneurs de renom se sont succédé sans véritable succès (Gérard Houllier, puis Alex McLeish) et un troisième vient d’arriver, Paul Lambert. De plus, cela fait quelques mois que le capitaine de l’équipe, Stiliyan Petrov, a mis sa carrière entre parenthèses pour soigner son cancer. Darren Bent n’offrant pas les garanties d’un leader sur lequel le groupe peut se reposer solidement, Lambert confie le 15 septembre 2012 le brassard à Vlaar. Soit un mois et demi après son arrivée au club. Pendant deux ans, le défenseur néerlandais tient les fondations Villans qui menacent de s’effondrer à chaque instant. Maçon en chef, il envoie même des parpaings, comme lors de la rencontre face à Sunderland, concurrent direct au maintien en Premier League, en marquant le premier but de la partie d’une frappe tendue de 40 mètres.
Résultat final : 6-1 pour Aston Villa. Surtout, Ron Vlaar devient un pion essentiel dans la stratégie qu’installe Louis van Gaal en sélection nationale à partir de 2012 avec, en guise d’apothéose, cette performance inattendue lors du Mondial brésilien. Si les Pays-Bas terminent troisièmes du tournoi, c’est en partie grâce à sa défense à trois dans laquelle Vlaar semble avoir atteint la plénitude de sa carrière. En plus de guider les jeunots De Vrij et Martins Indi, l’ancien joueur de l’AZ fait valoir son sens de l’anticipation et du placement ainsi que sa hargne au sol. En témoigne le musellement en règle de Leo Messi lors de la demi-finale, et notamment ce tacle limpide tandis que la Pulga s’apprêtait à débouler à toute vitesse dans la surface néerlandaise. Pas rien. Surtout quand on sait que pour sa première sélection chez les Oranje en 2005, Vlaar avait subi une humiliation en bonne et due forme de la part de… Luca Toni. Beaucoup de chemin parcouru en dix ans, donc.
Nouveau Jaap Stam ou nouveau Robben ?
Au sortir de la Coupe du monde, David Endt, ancien dirigeant de l’Ajax Amsterdam et chroniqueur pour Het Parool, avait prédit au sujet du numéro 4 d’Aston Villa : « En raison de son âge, il va prendre du galon assez rapidement. Je pense qu’il va devenir le leader de la défense pendant les quatre prochaines années. Dire qu’il est le nouveau Jaap Stam serait une bonne comparaison » . Une transfiguration du joueur dont va surtout jouir le club d’Aston Villa. Tout du moins, c’est ce qu’ils s’imaginent. La réalité est tout autre : Vlaar ratera un mois de compétition en raison d’une déchirure au mollet. Avant ça, sa pré-saison avait été entachée de deux légères blessures au genou. Peut-être Vlaar paye-t-il alors un certain surrégime lors de la Coupe du monde ? Sans doute. Ce qui est sûr, c’est que le défenseur néerlandais n’a joué que quatorze matchs cette saison toutes compétitions confondues, encore et toujours à cause d’un mollet et d’un genou douloureux, et que sa saison ressemble plus à celles d’Arjen Robben au Real Madrid.
De fait, si Vlaar semble irremplaçable, il faut bien lui trouver un remplaçant. Tâche qui incombera à Jores Okore, 22 ans. Malgré ses quatre petits matchs dans les jambes la saison précédente, le défenseur danois met le bleu de chauffe et commence à faire preuve d’une bonne entente avec Ciaran Clark, autre titulaire fréquent de la défense villan. Vlaar, lui, se signale par des gestes fragiles et maladroits. Lors du premier match du nouveau coach Tim Sherwood le 21 février dernier, l’ancien de Feyenoord a offert la victoire à son adversaire du jour, Stoke City. Suite à un mauvais contrôle aux trente mètres, il remet dans la course Victor Moses pour finalement le faucher dans la surface. Faute, penalty, deuxième carton jaune, carton rouge, victoire de Stoke 2-1. Récemment, l’entraîneur Sherwood lâchait dans la presse que Vlaar devait « convaincre » pour retrouver sa place de titulaire. Mais Vlaar semble avoir la tête ailleurs : libre cet été, il a refusé une prolongation de contrat il y a quelques semaines. Van Gaal et Manchester United ont bien tenté de ramener Vlaar du côté d’Old Trafford en janvier dernier pour le faire marcher dans les pas de Jaap Stam. Mais le défenseur néerlandais semble préférer suivre ceux de Wesley Sneijder, en discussion pour signer à Galatasaray. À moins qu’une victoire en FA Cup – et la place européenne qui l’accompagne – ne change la donne.
Par Matthieu Rostac, à Amsterdam