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- Saint-Étienne-Lyon (2-0)
La crise s’invite à l’OL
Défaits par des Stéphanois plus motivés et impliqués lors du 114e derby de l’histoire, dimanche soir, à Geoffroy-Guichard (2-0), les Gones ont concédé leur quatrième défaite en cinq matchs et voient du même coup leurs espoirs de podium s’éloigner.
Treize défaites. Lors de la plus mauvaise saison de Claude Puel à la tête de l’OL en 2010-2011, les Gones avaient perdu treize matchs, toutes compétitions confondues, sur tout l’exercice. Dimanche soir, dans le Chaudron, les Lyonnais cuvée 2016-2017 ont déjà égalé ce triste total, et ce, dès le début du mois de février. « Il y a urgence. Quand on regarde les stats, en matière de résultats, on a énormément de défaites. Il va falloir faire face et se poser les bonnes questions pour savoir où on veut aller » , pestait le capitaine lyonnais Maxime Gonalons dans les couloirs de Geoffroy-Guichard, à l’issue de la rencontre. Oui, l’OL va mal en 2017. Si la large victoire contre Montpellier en Coupe de France (5-0), début janvier, avait quelque peu rassuré les supporters, les joueurs de Bruno Génésio ont depuis subi quatre revers en cinq matchs (Caen, Lille, Marseille et Saint-Étienne). Rapidement menés au score dans ce derby – la faute à d’incroyables largesses défensives –, les Gones n’ont jamais semblé en mesure d’inquiéter des Stéphanois qui leur étaient largement supérieurs. Mais plus que la défaite contre le rival historique (la troisième consécutive dans le Chaudron), c’est surtout la manière qui interpelle. Pas assez impliqués, pas assez agressifs dans les duels, pas assez « en mode derby » dans l’engagement selon l’analyse post-branlée de Bruno Génésio, les Lyonnais ont été dévorés par des Verts qui en voulaient plus. Pire, pour combler leur frustration, les Rhodaniens n’ont su trouver meilleure réponse que de laisser exploser leur nervosité en fin de match en récoltant deux cartons rouges stupides et évitables (Ghezzal et Tolisso) pour des fautes commises sur le Stéphanois Fabien Lemoine. Deux pétages de plombs intolérables qui auront poussé le milieu ligérien à rentrer précipitamment aux vestiaires avant le coup de sifflet final : « Je ne joue pas pour me faire casser la jambe, moi ! » , soufflera-t-il à Bernard Caïazzo dans les couloirs du Chaudron. Un avis visiblement partagé par le président des Verts : « Non mais tu as raison, mais ce sont des enculés. Ce sont des malades mentaux, ces mecs. Ils ne peuvent pas supporter de perdre un match. Ils ont perdu à la régulière… et ils veulent tuer tout le monde ! »
La défaite de trop pour Génésio ?
Éliminé des deux coupes nationales, relégué à douze points du podium (avec un match de plus à jouer à Metz), l’OL de Bruno Génésio peut encore compter sur la Ligue Europa pour espérer sauver sa saison. Une compétition dans laquelle il faudra faire sans la recrue Memphis Depay, ce qui ne semble, aujourd’hui, pas bien grave. Si l’intégration du Néerlandais dans le vestiaire est saluée par l’ensemble du staff, son rendement sur le terrain commence à poser question. En manque de rythme à son arrivée à Lyon mi-janvier, l’ancien Red Devil a été titularisé pour la deuxième fois d’affilée en championnat, après avoir joué près d’une heure cette semaine contre Marseille en Coupe de France. Un choix étonnant puisque Bruno Génésio a placé du même coup Mathieu Valbuena, l’homme en forme côté lyonnais depuis plusieurs semaines, sur le banc de touche du Chaudron. Et la piètre copie rendue par Memphis, jamais juste dans ses choix, ne risque pas d’améliorer les relations entre l’entraîneur et les supporters de l’OL. Après la rencontre, le hashtag #GénésioDemission était d’ailleurs le deuxième sujet le plus commenté sur Twitter dans l’Hexagone. Le tacticien rhodanien, qui affirmait croire encore au titre en conférence de presse avant la défaite contre Lille le week-end dernier (1-2), s’est quant à lui fait remarquer par une déclaration limite sur le comportement de Fabien Lemoine : « Un joueur en face est entré et a très bien joué son rôle. » Vivement critiqué par les supporters, Génésio peut toutefois voir l’avenir sereinement, à en croire les déclarations de son président Jean-Michel Aulas, dimanche soir, en zone mixte et sur son compte Twitter : « Il faut arrêter de dauber sur Génésio. Bruno Génésio n’est pas du tout en danger. C’est ridicule de penser cela. Il faut savoir être solidaires au moment voulu. On va prôner l’union sacrée derrière le coach et on fera le point au 30 juin. » Pas certain que les supporters lyonnais soient aussi patients. Reste à voir s’ils ont le même poids auprès de leur direction que le peuple vert n’en a eu au moment d’afficher son rejet pour Anthony Mounier la semaine dernière.
Par Maxime Feuillet