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La crise d’amour du Bayern
Le Bayern a perdu à Hoffenheim dès la 3e journée de championnat. Lewandowski a râlé. Tout le monde l'a suivi. Mais la crise n'a pas duré. En deux victoires convaincantes (3-0 contre Anderlecht en LdC et 4-0 contre Mayence en Buli), tout est rentré doucement dans l'ordre. Et l'ordre, en Bavière, c'est important.
« Il suffira d’une étincelle, d’un rien, d’un geste » , disent les grands de ce monde, ou du moins Johnny Hallyday. Cela s’est vérifié à Munich où, pendant une semaine, tout le monde a allumé tout feu, tout flamme, dans tous les sens, pour le moindre geste ou la moindre parole en l’air entraînant une nouvelle parole en l’air. La flammèche rappelle avec vigueur que le Bayern est frustré par ces dernières années et se demande bien où il va, à force d’être à la fois trop fort en Allemagne et pas assez ambitieux en Europe. Drôle de paradoxe d’un club qui désamorce les crises aussi vite qu’elles arrivent. Une fois de plus, le feu n’a pas duré. Le Bayern s’est rétabli comme si rien ne s’était passé… Sans en tirer les conclusions ?
Timing de crise
Le timing était parfait pour commettre un crime. Dans les médias, Lewandowski envoie un scud à l’ensemble du club en critiquant la stratégie sur le marché des transferts : « Le Bayern doit se développer et être plus créatif s’il veut attirer à Munich des joueurs de classe mondiale. » Les quarante millions dépensés par le FBC cet été lui paraissent ridicules. Et par la force des choses, le résultat sur le terrain lui donne raison : face à Hoffenheim, le Bayern s’incline 2-0 et ce n’est que la troisième journée de Bundesliga. Avec ses cinq titres consécutifs, un tel scénario n’était plus arrivé depuis longtemps au FCB. Face à Anderlecht, les Bavarois ont eu bien du mal à s’imposer. Certes, le score est finalement flatteur, mais la manière laisse à désirer dans une compétition qui est pourtant la priorité totale du club cette année. Le manque de progrès d’une équipe qui ronronne plus qu’un chat dans une publicité fâche tout le monde, dans les gradins comme sur le terrain.
L’œil du cyclone
Forcément, les plateaux télévisés et les journaux en ont profité pour se lancer à corps perdu dans les analyses définitives, en convoquant les noms propices aux bons mots, Breitner et Rummenigge en tête. Et si Carlo partait à la fin de la saison ? Et si Lewandowski avait déjà choisi le Real ? Et si le Bayern était en crise, tout simplement ? Chacun a son avis sur ces questions, chacun y va de son commentaire et ne peut s’en empêcher. Même Jérôme Boateng, si mesuré par habitude, s’admet « compréhensif » à propos de la réaction de Ribéry, mécontent d’être remplacé en Ligue des champions. À l’échelle du Bayern des cinq dernières années, ce sont des signes d’une révolte larvée qui laissent craindre des atermoiements sur le terrain. Et pourtant… le feu est vite éteint, entre belles performances collectives et réunion avec les joueurs pour rappeler « les règles » , dixit Carlo en conférence de presse. Habituellement coriace à l’Allianz Arena, Mayence prend une leçon de football. Toute la semaine écoulée est oubliée. Thomas Müller peut calmer le jeu en interview d’après-match, parlant « plaisir » , « succès » et « quiétude » , avec l’espoir de ne pas retomber dans les travers rapidement : « Si cela ne se passe pas très bien (contre Schalke ce mardi, puis Wolfsbourg ce vendredi, ndlr), alors on entendra encore de nouvelles questions. » Des questions pourtant pas si anodines et inintéressantes à poser, preuve en sont la réaction et le succès contre Mayence. Depuis le temps, tout le monde devrait le savoir : après l’étincelle viennent les mots d’amour.
Par Côme Tessier