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La crème du foot féminin, vraiment ?

Par Maxime Feuillet
La crème du foot féminin, vraiment ?

Au terme d’une finale assez terne, l’OL garde sa couronne européenne face à des Parisiennes pourtant bien regroupées défensivement. Attendue de pied ferme, cette finale aura déçu tout le monde. Clairement pas la meilleure publicité possible pour le foot féminin.

Cela devait être l’avènement du football féminin français. Pour la première fois de l’histoire, deux écuries hexagonales se retrouvaient en finale de la Ligue des champions, jeudi soir à Cardiff. Une grande première somme toute assez logique au vu de la récente émergence du foot féminin français qui place constamment un représentant en finale de la plus prestigieuse des compétitions européennes depuis 2010 (à l’exception de 2014). Une rencontre au sommet entre le Paris Saint-Germain, finaliste malheureux de l’édition 2015, et l’Olympique lyonnais, désormais quadruple vainqueur de cette C1, diffusée en prime time sur France 2, du jamais-vu. Qu’elle semble lointaine, l’époque où les footballeuses évoluaient sous les caméras discrètes de D8 et de la TNT ; l’époque où les internationales françaises s’étaient mises à nu pour attirer les médias et le grand public dans une campagne promotionnelle intitulée : « Faut-il en arriver là pour que vous veniez nous voir jouer ? » Huit ans après, le football féminin est enfin reconnu à sa juste valeur dans les médias français, et plus personne ne s’étonne aujourd’hui de voir Eugénie Le Sommer, Marie-Laure Delie, Wendie Renard et Shirley Cruz occuper la Une du quotidien L’Équipe. Les téléspectateurs sont de plus en plus nombreux derrière le poste à chaque sortie des joueuses de Patrice Lair ou Gérard Prêcheur. Sauf qu’à deux ans de la Coupe du monde 2019 qui se déroulera dans l’Hexagone, cette première finale franco-française n’aura sûrement pas été la meilleure publicité pour le développement du football féminin dans le pays.

L’enjeu tue le jeu

Lyonnaises et Parisiennes s’affrontaient à Cardiff pour la troisième fois en moins d’un mois après leurs face-à-face en championnat (3-0 pour Lyon), puis en finale de la Coupe de France à Vannes (victoire de l’OL aux tirs au but) le 19 mai dernier. Les joueuses connaissaient donc leurs adversaires par cœur. Idem pour les deux entraîneurs qui se sont neutralisés pendant 120 longues minutes sans grand spectacle. Ce troisième acte entre les deux formations en terres galloises, attendu de pied ferme par les observateurs, est donc loin d’avoir tenu toutes ses promesses. L’enjeu a certainement tué le jeu, comme le veut l’adage propre aux finales de grandes compétitions, jamais réputées pour être les matchs les plus spectaculaires de l’histoire. Opposées à leurs rivales et donc assez nerveuses sur le terrain, les vingt-deux actrices ont parfois donné l’impression de jouer non pas pour gagner cette finale, mais plutôt pour ne la perdre. Les attaquantes ont manqué de réalisme à l’image d’Ada Hegerberg côté lyonnais, ou Marie-Laure Delie côté parisien. Si les duels ont été nombreux et féroces sur le pré, les joueuses de Lair et Prêcheur ont trop souvent pêché dans la dernière passe, le dernier geste, pour rendre cette finale plus palpitante. Pour ne pas dire vivante.

Alex en rit, Alex s’en va

La présence d’Alex Morgan sur le terrain, star internationale et véritable attraction de cette partie, ressemble elle aussi à un rendez-vous manqué. L’attaquante américaine, pourtant annoncée forfait pour ce match il y a quelques semaines, figurait dans le onze de départ des Fenottes. Mercredi en conférence de presse, son entraîneur Gérard Prêcheur affirmait que sa joueuse était pleinement apte pour ce grand rendez-vous, mais la star lyonnaise a dû quitter ses coéquipières dès la vingt-deuxième minute de jeu, visiblement pas suffisamment remise de sa douleur aux ischio-jambiers. Morgan, qui éprouverait le mal du pays selon certaines sources, devrait probablement retourner à Orlando auprès de son mari et de ses proches la saison prochaine, malgré les efforts de son président pour la faire rester entre Rhône et Saône. Ce qui, au fond, n’a pas grande importance après cette finale. Le foot féminin français a beau gagner des titres, accumuler les stars et nous avoir présenté Laure Boulleau, il a besoin de grands matchs pour faire chavirer les cœurs. Et s’offrir de nouveaux VRP.

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