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La coupe du pauvre
Après une élection présidentielle, un presque titre mondial et pas mal de transferts ratés, le Barça tente de se remettre d'un été mouvementé. Au programme : un match retour de Supercoupe d'Espagne contre Séville. L'essentiel est ailleurs.
« On l’a peut-être payé un peu cher ». Le Plan B de Pep en Supercoupe d’Espagne a foiré et c’est plutôt une bonne nouvelle. Il ne suffit pas de porter le maillot Blaugrana pour coller une danse au reste de la planète. Sans ses 8 champions du monde, le Barça redevient une équipe de foot et ne fait plus peur à grand monde. La semaine dernière à l’aller, les Catalans se sont inclinés 3-1 à Séville devant des Andalous trop heureux de se payer l’ogre. Alors ok, la Supercoupe, ça ne sert à rien sinon à amuser quelques touristes de passage à Barceloneta. Mais remporter une neuvième Supercoupe serait l’occasion de dépasser le Real au palmarès (8 trophées chacun), Pep pourrait remporter son huitième titre en deux ans et Sandro Rosell son premier en tant que président. What else ?
Mais les mines sont plutôt bougonnes du côté de la Catalogne. Comme d’habitude, c’est l’Espagne qui consomme et la Catalogne qui paie la facture d’électricité. Avec ses huit champions du monde, le Barça a fait plus qu’inspirer le titre mondial. Même si les héros d’Afrique du Sud sont immortels, Valdés, Piqué, Puyol, Xavi, Iniesta, Busquets, Pedro et Villa sont des humains et la saison qui se présente sera très longue pour eux et pour toute la Catalogne. Alors Pep n’a pas lésiné sur les vacances. Les joueurs du Barça champions du monde rentrent deux semaines plus tard que leurs confrères ? « Ils l’ont bien mérité » dixit Pep. Sauf que quand il s’agit de disputer le premier titre de la saison, les masques tombent et donner le change ne suffit plus. La meilleure équipe du monde est aussi la plus fragile.
Avec seulement 19 joueurs, l’effectif de Guardiola est le plus restreint de tous les cadors européens. Après le bide Fabregas, le ratage Özil et le largage de Yaya Touré, le Barça s’est affaibli et déséquilibré. Xavi a disputé 60 matchs par saison depuis deux ans et Iniesta est un génie aux os de verre. Or, si l’un de ces deux-là éternue c’est toute la Catalogne qui s’enrhume. Oriol et Dos Santos c’est bien gentil mais il en faudra un peu plus pour calmer tout un championnat désireux de se payer les champions du monde catalans. Certes l’arrivée de Villa fait déjà trembler tous les filets du royaume mais aligner Villa/Ibra/Messi sur une même ligne ressemble plus à de la science-fiction qu’à du football made in Pep. Explications.
Une question de feeling
Comme d’habitude au Barça, on a du mal à gérer les égos. L’an passé, c’était Eto’o qui avait fait les frais de ses mauvaise vibes avec Guardiola. Pep préférera toujours les bosseurs aux grandes gueules, Messi à Ronaldihno, Iniesta à Deco, Pedro à Ibra. Cette année, c’est Zlatan qui n’est plus vraiment raccord dans le vestiaire de Guardiola. La direction Rosell n’a rien contre un départ du géant suédois, dernier caprice de l’équipe Laporta. Sauf que Zlatan est du genre obsessionnel et mégalo. « Guardiola partira du Barça avant Zlatan » a même osé cette semaine Raiola, l’agent du suédois. Le néo-chauve catalan refuse de répondre aux provocations en conf ‘ de presse mais parle sur les feuilles de match depuis l’hiver. Dans le nouveau 4-2-3-1 made in Pep, Messi est passé dans l’axe et Zlatan cire le banc. Certes, Zlatan marque le seul but azulgrana contre Séville samedi dernier mais à la 52ème il est remplacé par… Messi. CQFD.
Ce soir, le Barça ne récupérera pas tous ses héros. Les bijoux de la couronne, Xavi et Iniesta, seront encore maintenus à l’abri du soleil pendant quelques jours. Mais les autres fines gâchettes devraient réapparaître petit à petit pour un match dans lequel il s’agit surtout de ne pas faire les idiots. Villa ne sera pas titulaire mais fera plaisir à ses parents en jouant ses premières minutes au Camp Nou. Keita (Adriano ?) et Busquets reprendront la main sur le milieu catalan. La presse catalane promet/espère un retour provisoire de Pep au 4-3-3 cruyffien, histoire de placer son trident Bojan-Ibra-Messi. Zlatan est condamné à s’entendre avec Messi et avec ses collègues. A gagner ? Pas grand chose. A perdre ? Pas grand chose non plus.
Thibaud Leplat, à Madrid
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