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La Côte d’Ivoire, champion maudit ?
Obligés de battre le Maroc pour ne pas se faire sortir prématurément de la CAN, les Éléphants peuvent trembler : lors des dernières éditions, le champion en titre a pris l’habitude de faire un bide. Sans compter que les Ivoiriens ont souvent du mal avec le statut de favoris.
De tous les favoris, il est sans doute celui qu’on attend le plus. Et dont l’élimination dès le premier tour de la Coupe d’Afrique des nations ferait le plus de bruit. Après deux matchs nuls décevants contre le Togo (0-0) et la République démocratique du Congo (2-2), la Côte d’Ivoire est aujourd’hui dos au mur. Si elle souhaite éviter de voir les larmes couler sur les joues des petits frères, elle n’a d’autre choix que de vaincre le Maroc, éliminé en cas de défaite. Pas une promenade de santé, mais une mission dans les cordes des Éléphants. Sur le papier en tout cas.
Valeur sûre ?
Championne de l’épreuve en titre, la sélection de Wilfried Bony dispose peut-être du onze le plus cohérent des prétendants, avec le Sénégal et le Ghana. Les frères Touré sont partis, Gervinho est forfait en raison d’une méchante blessure au genou, mais l’effectif est de qualité et vit bien ensemble. « Nous avons vécu, avec ces départs, une transition, mais qui n’a pas altéré les performances de l’équipe, assurait le coach Michel Dussuyer avant la compétition. La base reste solide, avec Bony, Dié, Gradel, Kalou, Sio ou Viera notamment. Et ceux qui sont arrivés ont très rapidement trouvé leurs marques. Aujourd’hui, j’ai un groupe qui vit bien, et qui est tourné vers des objectifs élevés. » Alors forcément, sa team est considérée, et se considère comme l’un des sérieux postulants à la victoire finale.
« Avec notre statut, la qualité de l’effectif, la confiance accumulée ces derniers mois, il est tout à fait logique de nous compter parmi les favoris de la compétition » , admettait ainsi le technicien français, amplifiant la motivation de ses poulains. La preuve avec Giovanni Sio un peu avant le début de l’épreuve : « La CAN, c’est énorme. Et c’est toujours un honneur, une grande fierté de défendre notre nation dans cette épreuve. Il faut donc en être digne. En tant que tenants du titre, on se doit d’être investis. D’être déterminés. D’être à fond, tout simplement. Il s’agit de représenter les couleurs de notre pays et de les amener au sommet. » Et l’attaquant de Rennes présent au Gabon d’ajouter : « Surtout que gagner deux fois d’affilée le titre, c’est un super challenge. »
Un champion en titre qui galère
Sauf que voilà : ces derniers temps, la nation africaine qui a le bonheur de soulever la coupe à la fin a du mal à enchaîner lors de l’édition suivante. Cette « malédiction » a débuté après le triplé de l’Égypte. Alors qu’ils sont en pleine bourre (champions en 2006, 2008 et 2010), les Pharaons foirent totalement leur campagne de qualification et ne participent pas à la CAN 2012 remportée par la Zambie. La Zambie qui ne gagne aucun match de poule un an après et s’arrête donc dès le premier tour de la CAN 2013 remportée par le Nigeria. Le Nigeria qui foire totalement sa campagne de qualification et ne participe pas à la CAN 2015 remportée par la Côte d’Ivoire. La Côte d’Ivoire qui vient de débuter son tournoi par deux nuls contre des adversaires largement à sa portée. Et qui, en plus, n’est pas très chanceuse avec l’étiquette de favori qu’on lui – et qu’elle se – colle dans le dos. En témoignent toutes les désillusions connues par la formidable génération Didier Drogba (quarts de finale en 2013 et 2010, demies en 2008, finales perdues aux tirs au but en 2006 et 2012…). Ainsi, les Ivoiriens semblent actuellement jouer avec la peur au ventre. Face au Togo, les hommes de Dussuyer sont passés à côté, se montrant incapables de se procurer des actions dangereuses. Contre la RDC, ils n’ont pas su les concrétiser tout en étant incroyablement fragiles derrière.
Surtout, les Éléphants redoutent l’agressivité du camp d’en face. « On craint tout le monde, parce que tout le monde cherche à battre absolument le tenant du titre. C’est logique, note Sio. Cette année, le niveau est relativement homogène, et toutes les équipes peuvent faire quelque chose. Il faut donc faire attention à chaque adversaire. » « Tous les matchs sont difficiles. Toutes les équipes qui jouent contre nous jouent leur vie » , corrobore le capitaine Serey Dié quand il est interrogé après la partie contre le Congo. Problème : en se répétant constamment qu’elle est championne en titre et qu’elle représente la cible principale des autres nations, la Côte d’Ivoire s’impose elle-même une pression d’enfer. Qu’il faudra surmonter ce soir pour éviter le désastre.
Par Florian Cadu
Propos de Giovanni Sio par FC, de Michel Dussuyer par Jeune Afrique et de Serey Dié tirés de conférence de presse