- Ligue 1
- 34e journée
- Evian/Lyon
La connexion blonde d’Evian Thonon Gaillard
Ils s'appellent Christian Poulsen, Daniel Wass, Thomas Kahlenberg et Stephan Andersen, ont un passeport danois et sont les principales satisfactions de la première saison en Ligue 1 réussie de l'ETG. Mais pourquoi les têtes blondes se sont si vite adaptées sur les rives du Lac Léman ?
L’Evian Thonon Gaillard Football Club va peut-être envoyer quatre joueurs à l’Euro. Si on avait dit cela au public du stade Joseph Moynat de Thonon (où le club jouait alors), il y a deux ans, quand les Roses évoluaient encore en National, il aurait sans doute ri de bon cœur. Pourtant, les Savoyards, qui terminent sereinement leur année de rookies en Ligue 1, risquent d’avoir quatre ambassadeurs danois en Polognukraine : Stephan Andersen, Daniel Wass, Christian Poulsen et Thomas Kahlenberg. Quatre Vikings sur les rives du Lac Léman ; étrange. D’autant que jusqu’à présent, les compatriotes de Hans Christian Andersen n’étaient pas vraiment amis avec la Ligue 1, préférant briller dans les championnats anglais, néerlandais et allemand.
Alors pourquoi les lascars venus du froid ont-ils débarqué à Evian, dont l’eau est bien plus connue que le club de football ? Peut-être en raison du rose de la tunique savoyarde, qui va si bien au teint des scandinaves, de la proximité des pistes de Val d’Isère et de son fameux bar, le bien nomméPetit Danois, ou encore de l’écusson de l’ETG, cette croix blanche sur fond rouge qui ressemble à s’y méprendre à la bannière nationale de Michael Laudrup. Certainement un peu à cause de tout ça mais, en réalité, les Vikings sont surtout arrivés là en vertu de leur bon rapport qualité-prix. En effet, à l’intersaison, le président Trottignon, en quête d’expérience bon marché, a saisi les opportunités danoises. Poulsen est arrivé libre, Wass et Kahlenberg sont prêtés, quant à Stephan Andersen, il a uniquement fallu débourser 300 000 euros pour arracher ses services à Brondby. Au bout du compte, une misère pour récupérer quatre internationaux.
Indispensable Poulsen
Et le pari s’est avéré payant, car les Danois se sont adaptés à leur nouvel environnement et ont rapidement donné pleine satisfaction. A l’instar de Christian Poulsen qui s’est directement affirmé comme l’un des leaders techniques et mentaux de l’équipe grâce à son charisme. On parle tout de même du seul footballeur, avec le périssable Roumain Florin Raducioiu, à avoir évolué dans les cinq grands championnats européens (Schalke 04, FC Séville, Juventus, Liverpool et donc l’ETG). Un CV long comme le bras et une attitude extrêmement positive. Réputé sanguin, le capitaine danois a séduit l’ETG par sa pondération et sa maîtrise très correcte du français, symbole d’une adaptation réussie.
Bernard Casoni, limogé en janvier, soulignait d’ailleurs récemment dans L’Équipe toute l’importance et l’exemplarité du Danois en en profitant au passage pour égratigner Jérôme Leroy : « Un gars comme Poulsen a fait progresser les joueurs dès qu’il est arrivé. Que Leroy se demande pourquoi il n’y arrive pas ! » Pablo Correa, qui a succédé à l’artisan du miracle savoyard, en a également immédiatement fait un de ses hommes de base avec réussite. Puisque, depuis le début de saison, l’équipe Danone a obtenu 48% de succès quand le capitaine danois jouait, contre 10% uniquement en son absence. Derrière lui, le chaos. Surtout que Poulsen, blessé depuis deux semaines, ne portera peut-être plus jamais le maillot rose. En effet, l’homme qui a déclaré se sentir bien à Evian pourrait faire le choix familial de rentrer au pays où il est suivi par le FC Copenhague.
Tous les 4 à l’Euro ?
Mais le capitaine de la sélection danoise n’est pas le seul à avoir séduit le parc des Sports d’Annecy, les trois autres larrons ont également bien fait le taff. Le gardien Andersen, deuxième goal de la sélection, s’est avéré être un dernier rempart stable. L’arrière ou milieu droit Daniel Wass, lui, est monté en puissance tout au long de la saison. Arrivé en prêt de Benfica, le plus jeune membre de la colonie alpine (22 ans) avait commencé comme remplaçant sous l’ère Casoni qui lui préférait Dja Djédjé sur le flanc droit de la défense, avant de s’imposer grâce à sa polyvalence et son explosivité. Le blondinet, déjà auteur de 4 buts, pourrait même profiter de sa bonne fin de saison pour s’inviter sur la liste de Morten Olsen.
Enfin, Thomas Kahlenberg n’a eu aucune difficulté d’adaptation. Après quatre années de bonne facture à Auxerre, le milieu offensif s’était perdu à Wolfsburg et cherchait donc un club capable de lui redonner le « goût du terrain » , comme il l’affirmait lui-même. Après la Bourgogne, le numéro 11 a donc posé ses valises avec succès dans un autre coin pittoresque de l’Hexagone. Avec succès, puisque Pablo Correa compte bien le conserver la saison prochaine. En attendant, les quatre Danois, exilés dorés au pays du reblochon, rêvent de voir leur nom sur la liste de Morten Olsen pour l’Euro (Wass et Kahlenberg ne sont pas certains d’être convoqués). Histoire de renverser la table, 20 ans après Peter Schmeichel et ses potes.
Par Arthur Jeanne