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La Colombie brille, l’Uruguay décline
La Colombie a frappé un grand coup mardi soir en s'imposant sur la pelouse du Chili (1-3). Elle pointe désormais au deuxième rang des éliminatoires. Chemin inverse pris par l'Uruguay, qui s'approche dangereusement de la zone de non-qualification après son match nul heureux face à l'Équateur (1-1).
La Colombie de José Pekerman est joueuse. Peu importe où elle se trouve et à qui elle fait face. Un peu comme le Chili du temps de Marcelo Bielsa… Bien aidée par l’expulsion de Gary Medel (37e), la sélection cafetera avait toutefois affirmé ses intentions dès une entame de match qu’elle passait dans le camp des locaux. De quoi refroidir l’enthousiasme du Monumental, qui espérait voir sa Roja reprendre la tête du classement des éliminatoires. Avant de craquer en infériorité numérique, le Chili a toutefois montré qu’il ne savait pas simplement bien jouer au football, mais qu’il formait un ensemble de caractère, répondant par un surcroît d’agressivité à la domination initiale des visiteurs. Une agressivité nécessaire, mais devenue excessive quand Gary Medel se testait front contre front avec Camilo Zuñiga, avant de répondre par une légère claque à une poussée d’Armanto Perea venu jouer les gros bras. Une expulsion contestable, mais qui ne serait jamais advenue si le milieu sévillan n’affectionnait pas tant de faire déborder sa testostérone. Son caractère, le Chili de Borghi l’exhiba aussi, une fois réduit à dix. Cinq minutes après l’expulsion de Medel, Matías Fernández récupérait un ballon aux 25 mètres et ouvrait le score d’une frappe précisément envoyée dans le petit filet de David Ospina. Ne restait plus qu’à tenir …
Pour ce déplacement au Chili, Pekerman ne changeait pas ses plans, qui avaient conduit ses protégés à écraser l’Uruguay (4-0). Devant, Falcao et Gutiérrez étaient approvisionnés par un James Rodríguez intenable et un Macnelly Torres en demi-teinte. Remis sur pied, Mario Yepes constituait la seule nouveauté du onze colombien. L’ex-Nantais sortait toutefois dès le repos pour laisser sa place à l’explosif milieu Juan Cuadrado, qui fera prendre un tempo élevé à son couloir droit. Le travail de sape opéré par la Colombie en seconde période finira par avoir raison de la résistance du onze de Borghi, au sein duquel Arturo Vidal, placé contre sa volonté en position de défenseur, se trouvait en manque évident de repères. Avec la vitesse et la capacité de percussion d’Alexis Sánchez, le Chili restait cependant menaçant, mais le but du break ne viendra jamais.
Le match allait pencher côté visiteur quand James Rodríguez posait un ballon aux 25 mètres, pour frapper un coup franc d’école, puissant, parfaitement enroulé, ras du poteau (58e). L’entrée d’Aldo Leão Ramírez à la place de Macnelly Torres (68e) allait ensuite précipiter la chute des Chiliens. Alors que l’entrée du dynamiteur Dorlan Pabón était attendue, ou celle du buteur Jackson Martínez, le joueur des Monarcas Morelia allait donner raison à son sélectionneur en lançant dans la surface le clinique Radamel Falcao qui trompait Claudio Bravo (73e). Sonné, le Chili cédait à nouveau trois minutes plus tard : cette fois, Falcao se faisait passeur, et Teófilo Gutiérrez convertissait l’offrande. Avec deux victoires en deux matchs et sept buts inscrits pour un reçu, la Colombie vient de frapper les esprits. Si la route est encore longue, il reste difficile de ne pas envisager un été 2014 brésilien pour les Cafeteros.
Loin de l’euphorie colombienne, l’Uruguay s’est trouvé à deux doigts de concéder une deuxième défaite de rang et de voir son panorama, si dégagé il y a quelques mois, s’assombrir significativement. La Celeste peut notamment remercier l’arbitre paraguayen, Carlos Amarilla, d’avoir jugé que Christian Benítez s’était laissé tomber quand Muslera le déséquilibrait en pleine surface (61e). Si la sanction logique avait été appliquée – pénalty et carton rouge – l’Uruguay ne serait sans doute jamais revenu dans un match bien mal engagé. Dès la huitième minute, la Celeste, prise à la gorge par de toniques Équatoriens, avait cédé. À nouveau à la faute, Lugano fauchait Caicedo, et l’attaquant du Lokomotiv Moscou transformait le tir au but en homme tranquille. Déjà dépassé face à la Colombie, le cas Lugano peut commencer à inquiéter ses compatriotes, et plus seulement les supporters parisiens. En seulement quelques mois, l’Uruguay a perdu une partie de son football qui en a fait un demi-finaliste de la Coupe du monde et un vainqueur de la Copa América. La faute au déclin de certaines de ses individualités : Lugano, Godín et un Forlán à la prestation honnête, mais qui ne rayonne plus comme en 2010. Moins talentueuse, la Celeste n’a toutefois pas perdu sa bonne vieille garra.
À l’image d’un Cavani, particulièrement maladroit, mais combatif, et récompensé de sa débauche d’énergie quand sa frappe croisée faisait exulter le Centenario (66e). Contrarié par la première période des siens, Tabárez n’avait pas tardé à réagir. Il effectuait deux changements dans la moiteur des vestiaires : Álvaro Pereira, en manque de rythme, laissait sa place à Álvaro González, et Walter Gargano relayait Egidio Arévalo. Au final, mis à part quelques rushs d’un intenable Luis Suárez et des frappes de Cebolla Rodríguez, entré en jeu à la place de Diego Pérez (60e), l’Uruguay peinait à mettre hors de position son adversaire du soir. À la 87e minute, Christian Benítez gaspillait même une balle de match en pleine surface, quand il tapait mollement sur Muslera. Le match s’achevait par une expulsion de Valencia. Averti pour avoir freiné une contre-attaque, le Mancunien insultait l’arbitre et recevait un deuxième jaune. À sa sortie du terrain, Valencia qualifiera l’homme en noir de « clown » . Paradoxalement, l’Équateur, qui ramène un nul d’un Centenario toujours redouté de ses visiteurs, est l’équipe qui peut avoir le plus de regrets. La Tri conserve toutefois sa troisième place, tandis que l’Uruguay rétrograde au quatrième rang. La sixième place, occupée par le Venezuela, vainqueur au Paraguay (0-2), ne se trouve plus qu’à un petit point. La Celeste va devoir commencer à regarder derrière elle.
Par Thomas Goubin