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La cinquième vitesse de Rennes
Cinquièmes avant le début de la 31e journée qui se clôture ce mercredi soir avec Rennes-Monaco, les Bretons de Sabri Lamouchi prouvent ces dernières semaines qu’ils sont capables de conserver cette place. Grâce à un effectif de qualité, au travail préalable effectué sous Christian Gourcuff et à un jeu plus efficace depuis son départ.
Au départ, le sentiment ressenti par les supporters du Stade rennais au mois de novembre 2017 s’apparentait logiquement à de la crainte. Christian Gourcuff et sa philosophie de beau jeu éjectés du banc comme un malpropre ? Sabri Lamouchi et ses expériences ivoiriennes ou qataries pour le remplacer ? Merci au nouveau manager Olivier Létang pour ce futur rempli de promesses ! Et puis finalement, le temps a passé et un certain contentement s’est installé. Certes, on ne peut pas dire que les résultats auraient été moins bons avec le malheureux Christian. Mais on peut en revanche certifier qu’ils s’avèrent réjouissants avec son suppléant.
Car voilà le constat brut : dixième au soir du grand changement (qui a eu lieu après la douzième journée) et jamais dans la première partie de tableau au préalable, Rennes et sa série d’invincibilité de six matchs (dont quatre victoires et trois à l’extérieur) se retrouvent aujourd’hui à squatter une cinquième place européenne (avant le début de la 31e journée, qui a vu Montpellier lui passer devant à la différence de buts) sans être jamais descendu sous la onzième position. Plutôt réguliers malgré des torgnoles infligées par le Paris Saint-Germain (1-4 en Ligue 1 et 6-1 en Coupe de France) ou l’Olympique de Marseille (0-3) et un échec dans le derby breton (0-1 en faveur de Guingamp), les Rouge et Noir se sont transformés en gars solides et fiables. À tel point que Rolland Courbis, passé à la tête du club en 2016 juste avant Gourcuff, les considère comme « plus très loin des équipes de tête, le Paris Saint-Germain mis à part, à savoir Lyon, Monaco et Marseille » .
Un effectif qui fait enfin honneur à sa qualité
Alors, pourquoi ça marche ? « Pour moi, cette équipe de Rennes est d’un très bon niveau, car elle dispose d’un effectif de haute qualité, tout simplement, répond d’abord le coach français. Le groupe a été bien construit durant le mercato estival, avec notamment la venue de Wahbi Khazri qui s’est révélée être une super idée. » Le Tunisien, une passe décisive et neuf buts au compteur (son record en championnat), réalise effectivement une très bonne saison au sein d’une teamqui a été renforcée grâce à une cinquantaine de millions d’euros. Surtout depuis l’arrivée de Lamouchi, qui l’utilise à ses postes préférentiels (milieu offensif derrière l’attaquant, voire ailier) quand Gourcuff devait le titulariser en pointe pour faire face aux absences offensives symbolisées par celles d’Ismaïla Sarr, longtemps forfait, et de Diafra Sakho, arrivé cet hiver seulement.
Les absences, justement, constituent la raison principale du mauvais début de saison rennais selon Courbis : « Il y a eu un peu de malchance, avec quelques petites blessures importantes survenues autour de l’été. Remplacer Yoann Gourcuff, ce n’est pas facile par exemple. L’absence de Sarr, pareil : elle a constitué une énorme mauvaise nouvelle, pour ne pas dire catastrophique. Finalement, il a simplement manqué ce petit brin de réussite au Stade rennais pour qu’il n’arrive pas à cette place plus rapidement. »
Lamouch’ pique
Sauf que s’il a su surfer sur le bon boulot réalisé par son prédécesseur (concernant en particulier les idées de jeu, le positionnement assez haut du bloc et la transmission fluide de la sphère), le rigoureux Lamouchi a également sa part de responsabilité dans la bonne période bretonne. Avec ses discours aussi inspirés que son coaching et son 4-2-3-1 qui a rangé le 4-4-2 au placard (le duo James Lea-Siliki-Benjamin André perdant de très rares ballons au milieu), ses hommes montrent un certain caractère (notamment en seconde période, après sa plaidoirie de mi-temps donc, durant laquelle les filets tremblent bien davantage qu’en première), n’hésitent plus à frapper au but tout en demeurant efficaces.
Autrement dit, les intentions rennaises sont devenues plus verticales, plus directes (mais aussi plus mesurées pour éviter le désquilibre). Ce qui provoque un nombre d’occasions un peu plus élevé qu’auparavant. Ajoutez une réelle solidarité défensive collective, registre dans lequel les surprenants centraux Jérémy Gélin et Joris Gnagnon excellent, aux facteurs de réussite évoqués, et la forme du cinquième ne semble en fait pas si surprenante. Ne reste plus qu’à s’attaquer au plus compliqué : confirmer sur la durée. Sachant qu’après l’accueil du Rocher, le calendrier sera moins difficile à digérer. Ou en tout cas à sa portée (déplacement à Nice et Nantes ; réception de Metz, Toulouse et Strasbourg). Avec la Ligue Europa au bout ?
Par Florian Cadu
Propos de RC recueillis par FC