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La chute (in)évitable du Portugal

Par Steven Oliveira
4 minutes
La chute (in)évitable du Portugal

En s'inclinant à domicile face à la Serbie, le Portugal a laissé passer sa chance de se qualifier directement pour la Coupe du monde 2022 et devra passer par les barrages, comme en 2010 et 2014. Sauf que tout ceci aurait pu être évité en jouant au football et donc en changeant de sélectionneur.

Assis sur le gazon de l’Estádio da Luz, le visage rempli d’un mélange de tristesse et de rage, Cristiano Ronaldo n’arrive pas à quitter le terrain pendant que les Serbes célèbrent leur qualification pour la Coupe du monde 2022. Mais à quoi peut bien penser l’attaquant de Manchester United ? À ce but d’Aleksandar Mitrović à la 90e minute offrant la victoire à la Serbie alors que les Portugais tenaient jusque-là tant bien que mal leur ticket pour le Qatar ? À son pion inscrit dans les dernières secondes du match aller et injustement refusé par l’arbitre ce soir-là ? Aux barrages qu’il va retrouver une nouvelle fois après être passé par cette case avant les Mondiaux de 2010 et 2014 ? Ou alors au jeu médiocre proposé par son équipe durant toute cette phase de qualification ? Probablement un peu de tout ça.

Fernando Santos bloqué en 2016

Un match nul. Voilà ce dont avait besoin le Portugal face à la Serbie pour valider son ticket pour le Qatar. Alors les potes de Bernardo Silva – l’un des seuls avec Renato Sanches et Rúben Dias à avoir été à la hauteur de l’évènement – ont joué pour obtenir ce match nul. Et ce but précoce du milieu lillois n’a pas changé les plans. Au contraire. En 2016, quand le Portugal voulait faire un match nul, il obtenait un match nul, et c’est probablement avec cette idée en tête que la Selecção a abordé cette rencontre face à la Serbie. Sauf que cette équipe portugaise n’a rien à voir avec celle d’il y a cinq ans. La solidité défensive n’est plus la même, encore plus en l’absence de Pepe, suspendu ce soir. La puissance offensive est, sur le papier, plus importante, mais encore faut-il réussir à mettre un schéma de jeu en place, ce qui n’est pas le cas depuis de longs mois. Surtout, Fernando Santos n’est plus le même.

Alors qu’en 2016, tout semblait lui réussir, désormais le sélectionneur portugais fait tout de travers. Cela s’est de nouveau vérifié contre la Serbie. Que ce soit avec le passage à trois défenseurs en seconde période avec le recul de Danilo, les sorties de Bernardo Silva et Renato ou encore l’entrée tardive de João Félix. Autant d’éléments qui prouvent que l’idée était seulement de gratter un match nul et non d’essayer d’aller chercher une victoire qui était pourtant à portée de pied. Et ce, même si Fernando Santos a tenté de prouver le contraire en conférence de presse : « Le message n’est peut-être pas passé, mais le message n’était pas de jouer comme ça. À la pause, je leur ai expliqué ce qu’il fallait changer. Notre ADN est d’avoir le ballon. Nous n’avons pas été calculateurs. » Soit Fernando Santos se ment à lui-même, soit son discours ne passe plus. Dans les deux cas, cela ne présage rien de beau pour la suite pour le Portugal.

Une génération dorée sacrifiée

Président du Portugal depuis mars 2016, Marcelo Rebelo de Sousa connaît parfaitement son pays et son équipe de football. C’est pourquoi il n’est pas surpris par cette défaite et n’a pas peur pour la suite, comme il l’a confié aux médias portugais : « On va se qualifier. On a l’habitude de ça, de souffrir, des barrages. » Même son de cloche chez Fernando Santos : « On sera au Qatar. Les joueurs et moi savons ce qu’on doit faire. » Problème, cela fait plusieurs mois que les joueurs et Fernando Santos ne semblent plus être sur la même longueur d’onde. Car si l’ancien sélectionneur de la Grèce était parfait pour gérer un groupe de vétérans prêts à tout pour se sacrifier sur un terrain le temps d’une compétition, il n’est visiblement pas à l’aise avec l’idée d’avoir des joueurs techniques qui veulent jouer au ballon. Cela s’est vu lors du dernier Euro, et cela s’est encore vu durant ces qualifications au Mondial 2022.

Questionné en conférence de presse sur son incapacité à produire du jeu tout en ayant sous la main l’une des meilleures générations portugaises de l’histoire, Fernando Santos a d’abord réfléchi, longuement, avant de lâcher : « Comment je peux répondre à ça ? » Une phrase parmi tant d’autres qui prouve que le champion d’Europe est dépassé et n’est plus l’homme de la situation. Et s’il est pourtant bien décidé à mener son équipe jusqu’au Qatar, Fernando Santos devrait stopper les frais. Plus les mois passent, plus son image est écornée, ce qui est un comble pour celui qui aurait dû rester à tout jamais un héros national pour avoir remporté un trophée tant attendu en 2016. Il est essentiel de se demander aujourd’hui comment les choses pourraient changer en ne changeant pas de sélectionneur, ce serait repousser l’échéance jusqu’au prochain échec imminent. Le danger est réel : pour la première fois depuis 1998, la Coupe du monde pourrait se jouer sans le Portugal. Cette anomalie encore inimaginable il y a quelques mois serait trop cruelle pour cette génération dorée, comme pour Cristiano Ronaldo, qui mérite de sortir avec les honneurs après un cinquième Mondial.

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