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La carte Siem n’est plus défectueuse
S'il y a bien un joueur qui symbolise le topper de ce dimanche, c'est Siem de Jong. Pur produit de la maison ajacide, le milieu de terrain est arrivé en prêt au PSV l'été dernier. Après avoir été conspué par une majeure partie des supporters, il est devenu l'un des hommes de confiance de Phillip Cocu. Avant de quitter une nouvelle fois le navire ?
L’été dernier, on imaginait Siem de Jong totalement perdu pour le football. Celui qui avait grandi à l’Ajax Amsterdam sous la coupe de Frank de Boer cirait le banc depuis son arrivée à l’été 2014 à Newcastle United. Certes miné par des blessures à répétition, Siem n’a pas fait mieux que son frère cadet Luuk lors de son passage du côté de St James’ Park : sur deux saisons, le milieu offensif néerlandais n’a joué que 845 minutes toutes compétitions confondues. Symbole – et vice-capitaine en théorie – d’un Newcastle United qui tombe en ruines, De Jong était donc aux première loges pour observer la lente descente des Toons vers le Championship. Forcément, lorsque l’ancien de l’Ajax débarque au PSV l’été dernier, ce prêt a des allures de cadeau empoisonné de l’ancien rival ajacide aux Boeren.
Des sifflets et un but contre… l’Ajax
C’est d’ailleurs de cette façon qu’est perçue de prime abord la venue de Siem de Jong par les habitués du Philips Stadion. Ils attendaient la signature définitive de Marko Van Ginkel, celui qui avait reboosté la deuxième moitié de saison du PSV l’année précédente, permettant de glaner de précieux points pour une victoire in extremis en championnat au nez et à la barbe de l’Ajax. Ils ont eu un pur produit de l’Ajax ne tenant plus que sur une jambe (avant d’obtenir finalement Van Ginkel en prêt également au mercato hivernal). Sans oublier le fait que le PSV avançait un effectif au milieu de terrain particulièrement garni avec Pröpper, Hendrix, Guardado, Maher et Ramselaar, avec pour seul départ au mercato estival Stijn Schaars, ce qui ne justifiait pas la venue d’un élément aussi dispensable qu’indésirable comme De Jong à Eindhoven.
Alors, les supporters ont sifflé. Dès que l’ancien joueur de l’Ajax entrait sur le terrain, ils sifflaient. Dès que l’ancien joueur de l’Ajax touchait un ballon, ils sifflaient. Le désamour a duré pendant plusieurs mois, jusqu’à un certain… Ajax-PSV, le 18 décembre dernier. Dans l’antre de l’Amsterdam ArenA, lorsque Siem de Jong s’apprête à entrer pour remplacer le capitaine Andrés Guardado, l’ancien idole amstellodamoise ne parvient plus à distinguer les huées du public. Viennent-elles des locaux ? Du camp visiteur ? Les deux, mon capitaine. Entré à la 58e minute, Siem passe un sale quart d’heure avant de faire un bon appel de balle à l’entrée de la surface ajacide. Bien servi par un piqué de Gaston Pereiro, le n°10 du PSV s’infiltre entre Klaassen et Veltman, contrôle en porte-manteau et glisse le ballon dans le petit filet d’Onana. Comme ça.
Le reboot avant le retour en Premier League ?
Pour la première fois, le public du PSV acclame Siem de Jong. Mieux, la mémoire revient aux supporters boeren : l’ancien joueur de l’Ajax Amsterdam est également le super sub qui leur a offert une victoire salutaire contre Go Ahead Eagles la semaine précédente. Malheureusement pour lui, Siem de Jong recroise ses vieux démons et se blesse pour un petit mois le lendemain de son égalisation face à l’Ajax. De retour de blessure, ça n’est pas un redémarrage qu’opère Siem de Jong, mais bien un reboot total de la machine crispée qu’il était devenu à Newcastle. S’il doit s’en remettre à des petits bouts de match jusqu’à la fin février, le milieu de terrain néerlandais profite de la blessure de Van Ginkel pour s’incruster sur le côté gauche face à Roda JC pour la 25e journée d’Eredivisie. Solide dans le jeu, auteur d’un doublé, De Jong convaincra définitivement Phillip Cocu de lui offrir une place dans son onze type.
À l’exception du match contre Willem II, Siem sera de tous les matchs, en ailier ou milieu gauche, et débloque même d’une lucarne le match tendu face au Vitesse Arnhem (1-0) tout en se procurant deux des occasions les plus franches du match. Possible dommage collatéral de cette renaissance ? Luuk, frère de, qui a perdu sa place en pointe au profit de Jurgen Locadia, poussé au centre par Van Ginkel ou… Siem de Jong. À moins que l’ancien Godenzoon décide de retraverser la Manche une fois les Magpies revenus en Premier League. Après tout, le PSV ne jouera « que » la Ligue Europa la saison prochaine… D’ailleurs, s’il confie être « à 100% avec le PSV » , le joueur est plus proche que jamais du club dont il est la propriété. « Rafael Benítez m’envoie de temps en temps des textos, c’est sympa de sa part. Je continue de suivre les résultats de Newcastle de près et je suis encore dans le groupe WhatsApp de l’équipe » , a confié le milieu de terrain au Chronicle Live le mois dernier. Pratique les textos. Surtout pour dire : « Si tu reviens, j’annule tout. »
Par Matthieu Rostac, à Amsterdam