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La campagne de Moussa
Relativement inconnu du grand public en début de saison, Moussa Dembélé est l'attraction principale d'un Celtic qui roule sans contestation vers son sixième titre de champion d'Écosse consécutif et affronte les Rangers aujourd'hui. Auteur de quatorze buts en huit matchs toutes compétitions confondues en 2017, l'international espoir français pourrait voir son nom sortir de la bouche de Didier Deschamps jeudi prochain.
Comment faut-il regarder une étoile ? Le débat est long, éternel et reste, à ce jour, intranchable. Ce qui est certain, c’est que la France n’est pas encore soignée d’un virus qui a laissé sur le côté un nombre incalculable de nouveaux talents. Depuis Zinédine Zidane, cette dernière se cherche un nouveau repère, une nouvelle idole, alors elle ne cesse de comparer. C’est comme ça : un jeune meneur de jeu qui commence à exploser devient forcément le nouveau Zidane, un gosse de dix-huit ans qui empile les buts devient dans la minute le nouveau Thierry Henry. La dernière victime s’appelle Kylian Mbappé. Qu’on enterre le débat tout de suite : le natif de Bondy n’est pas le nouveau Henry, il est simplement Mbappé. Non, rien n’a changé, on ne veut pas attendre, on va encore trop vite et, souvent, on grille encore les espoirs, comme si les leçons du passé n’avaient pas été apprises. Alors, soyons patients. C’est en substance ce que ne cesse de répéter Didier Deschamps à chaque prise de parole : « Ne brûlons pas les étapes » , « Bien sûr qu’on suit les jeunes. Mais à la fin, la liste comporte vingt-trois noms. » Le sélectionneur sait que le vivier national est grand, probablement plus riche que jamais et dégueule de talents rares. Alors, il faut choisir. Mbappé, aujourd’hui, est un cas, comme Martial, Coman ou Dembélé l’étaient hier. Mais c’est aujourd’hui un autre Dembélé, Moussa, qui va rapidement devenir un casse-tête pour DD. Car lui joue au plus haut niveau depuis déjà trois ans – oui, le Championship est une référence – et ses statistiques sont, à l’heure qu’il est, incandescentes. Son heure doit arriver et ce pourrait être dès jeudi prochain pour le déplacement des Bleus au Luxembourg le 25 mars prochain et la réception de l’Espagne trois jours plus tard.
Déjà 32 buts cette saison…
Les semaines, les mois passent et les superlatifs s’empilent pour parler de l’attaquant du Celtic. Les pointilleux se contenteront de tirer à vue en expliquant que Moussa Dembélé (vingt ans) joue dans un championnat flingué avant que la saison démarre – oui, malgré le retour des Rangers – et qu’il n’a pas encore connu le vrai top niveau, à l’exception de six matchs de C1 cette saison. L’argument peut être reçu, alors il faut avancer les chiffres. Depuis son arrivée à Glasgow en juin dernier, celui qui avait quitté le PSG en 2012 a déjà claqué 32 buts toutes compétitions confondues avec le Celtic dont 17 en 25 matchs d’un championnat où les Hoops volent comme des rapaces (27 matchs, 26 victoires, 1 nul, 73 buts marqués et 27 points d’avance sur le dauphin Aberdeen). Mieux, son année 2017 est déjà partie sur des bases dingues avec 14 buts en 8 matchs. Costaud, brûlant et une façon parfaite d’éteindre les sceptiques de l’été dernier. Un été où, pour le convaincre, Brendan Rodgers lui avait expliqué qu’il souhaitait faire avec lui comme avec Raheem Sterling. Ce qu’il est en train de faire, sans trop de mal, alors que Dembélé a appris à patienter pour exploser avec en toile de fond des copies parfaites contre les Rangers face à qui il avait sorti un triplé en septembre (5-1) et un but égalisateur fin décembre (2-1).
Adoubé par Kolo Touré, réclamé par N’Golo Kanté
Dimanche, le Celtic retrouve les Gers pour la quatrième fois de la saison et l’avant-dernière avant une demi-finale de Coupe d’Écosse prévue le 23 avril prochain. Sur le papier, le duel est déséquilibré sachant que les Hoops n’ont plus perdu depuis fin novembre et restent sur dix-sept succès toutes compétitions confondues. Dembélé devrait alors en profiter pour gonfler ses stats alors qu’il reste sur un titre de joueur du mois de février. Juste assez pour allumer ses soutiens entre Kolo Touré qui parlait de lui en novembre comme de « la prochaine star de l’équipe de France » et N’Golo Kanté qui n’a pas hésité à demander publiquement sa convocation il y a quelques semaines. En janvier, Moussa Dembélé a refoulé plusieurs prétendants et, s’il devrait quitter le Celtic l’été prochain, un débarquement chez les Bleus semble plus que jamais dans l’air du temps. Ce qu’il expliquait à la BBC récemment : « Je sais que je ne suis pas loin, mais pour l’instant, je continue à travailler et je verrai bien quand ça arrivera. » Une question reste : pourquoi lui ? Tout simplement car son profil est complet, rapide, finisseur et mobile, ce que l’équipe de France ne possède qu’avec Griezmann, Gameiro et Lacazette. Le moment de faire des tests est venu, le temps de Moussa aussi. Une campagne convaincante doit toujours être récompensée.
Par Maxime Brigand