- C1
- Quarts
- Monaco-Dortmund (3-1)
La Brigade du Tigre
Buteur de la tête au bout d’une action collective délicieuse mercredi soir face au Borussia Dortmund, Radamel Falcao a une nouvelle fois porté l’ASM sur et en dehors du terrain. Le symbole de l’évolution du tigre.
Certains retiendront encore la gueule d’un gamin de dix-huit piges, bras croisés sur la table et visage fermé des grands bonshommes, après avoir ouvert le score au bout de trois petites minutes de jeu. D’autres s’arrêteront sûrement sur la course folle de Leonardo Jardim, parti de son banc comme un gosse pour aller fêter le troisième but près d’un poteau de corner. Mais, au fond, s’il fallait garder une image pour symboliser la formidable qualification de l’AS Monaco pour la quatrième demi-finale de C1 de son histoire face au Borussia Dortmund mercredi soir, ce serait certainement celle-ci : Jardim est debout devant son banc, il bouffe ses ongles et est dérangé dans sa concentration par les cris d’un petit costaud de trente et une piges, installé derrière lui depuis sa sortie du terrain quelques minutes plus tôt. Radamel Falcao ne tient pas en place, imbibé par sa passion du combat et dépassant une nouvelle fois un peu plus de ses fonctions de simple buteur-capitaine. Là, comme depuis plusieurs semaines, le félidé de Santa Marta est dans son rôle de maître, de boss et de caution leader d’un groupe qui tourne toujours au biberon. Le 2 novembre dernier, avant une baston européenne face au CSKA Moscou, le Colombien avait demandé aux artistes qui l’entourent de « jouer avec le cœur et non seulement avec leurs qualités naturelles » . Désormais, il n’a plus besoin de parler. Cette ASM est aussi un peu à son image : revancharde, brutale, magnifique. Et, comme à Angers ou face à Dijon le week-end dernier en Ligue 1, Falcao a porté sa brique dans le mur en inscrivant le second but monégasque face au Borussia. Loin, très loin des doutes.
L’homme qui ne voulait plus se retourner
En quittant Monaco à l’été 2014 pour aller se casser les dents en Angleterre, Falcao s’était pourtant promis de ne jamais remettre les pattes dans un club qu’il ne conjuguait alors qu’aux blessures et aux échecs. Deux ans et demi plus tard, le voilà pourtant leader d’équipe, coffre d’expérience et surtout capitaine d’une bande qui roule sur ses rêves depuis l’été dernier. Cette saison, aucune équipe n’a disputé plus de rencontres que l’AS Monaco, mais Falcao, lui, n’avait surtout plus joué autant depuis son départ de l’Atlético en 2013. Mieux, et c’est ce qui le fait avancer depuis le premier jour, l’attaquant colombien n’avait plus autant marqué. Le voilà aujourd’hui à vingt-six flèches toutes compétitions confondues, soit toujours plus que lors de ses quatre dernières saisons. Aujourd’hui, la quête de Falcao n’est plus personnelle, mais collective. L’homme avance pour apporter plus que pour s’apporter et a toujours répondu cette saison lorsque l’ASM avait besoin de lui. L’an passé, il manquait à ce Monaco un mec capable de boxer le groupe quand celui-ci baissait sa garde. En quelques mois, le Rocher a redécouvert Falcao, a laissé Benjamin Mendy prendre les platines et a vu Kylian Mbappé souffler sur les limites de la précocité de son sport. Le secret de ce groupe est avant tout dans ce détail : c’est un groupe et non simplement une somme d’individualités extraordinaires. La France du foot se remet à prendre son pied et n’a plus besoin de se cacher pour le faire. Et cette victoire porte aussi le nom de Falcao.
Par Maxime Brigand