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La boucle de Lucas Leiva

Par Maxime Brigand
5 minutes
La boucle de Lucas Leiva

Son histoire à Liverpool a commencé par des sifflets et se sera donc terminée dans le silence. Après près de dix ans passés en Angleterre, Lucas Leiva va être prêté à l’Inter Milan avant d’y être normalement transféré définitivement l’été prochain. La fin d’un chapitre qui laissera malgré tout des traces.

Il y a l’art et la manière d’écrire les dernières lignes d’un chapitre. Lucas Leiva, lui, a décidé de le faire par un crachat. Comme ça, vulgairement, au cœur d’une fin d’après-midi de septembre. Anfield avait alors la banane et commençait à savourer un nouveau festival offensif. Le cœur était à la fête, Roberto Firmino avait déjà agité sa couette et Sadio Mané avait levé ses bras au ciel après avoir piqué son ballon au-dessus du corps d’un Kasper Schmeichel seul pour affronter le séisme qui allait se boucler sur une gifle autoritaire (4-1). Et il y a eu cette tâche sur le tableau, juste avant la mi-temps. Un ballon tranquille à négocier, une relance propre à assurer. Lucas Leiva a les mains posées sur ses bouclettes. Il baisse la tête, laisse apparaître un sourire pincé et balance sa salive sur la pelouse d’Anfield. Jamie Vardy, lui, vient d’inscrire son deuxième but de la saison. Anecdotique, mais terrible. Jürgen Klopp avait décidé de faire confiance au futur trentenaire brésilien et il s’est planté.

La baffe est sévère car quelques jours plus tôt, Lucas Leiva avait déjà compris la teneur de sa situation et s’était exprimé dans les colonnes du Liverpool Echo : « Je dois comprendre cette situation, continuer à travailler et me tenir prêt si une opportunité de jouer arrive. Bien sûr, tout le monde veut jouer, mais nous avons un calendrier moins chargé que la saison dernière. Il faut le comprendre, mais l’accepter est très difficile. Si l’on accepte de ne pas jouer, on ne peut pas être prêt quand la chance d’être sur le terrain se présente. » Oui, Lucas Leiva n’est pas du genre à se satisfaire d’une place de remplaçant, mais, cette fois encore, il avait cédé aux demandes d’un club pour qui il a toujours accepté de tout donner. Fin août, Klopp lui a demandé de ne pas partir à Galatasaray et il l’a fait. Pour Liverpool, pour le Kop, pour espérer. Reste que trois titularisations ne peut être assez pour un joueur de vingt-neuf ans. Voilà comment vient donc de se refermer une histoire de près de dix ans entre Liverpool et Lucas Leiva : par un prêt de six mois à l’Inter avant de rejoindre définitivement le club italien l’été prochain. Dans le silence des uns, le respect des autres.

Vidéo

Le Brésilien qui n’était pas magicien

Il ne faut pourtant pas oublier ce qu’était Lucas Leiva et comprendre qu’en dix ans passés en Angleterre, l’homme est devenu un peu plus qu’un footballeur. Oui, c’était un peu plus que ça. C’était une patience, une passion, un respect, un caractère et un repère. Celui des joueurs brésiliens qui débarquaient au club, notamment. Être brésilien a pourtant longtemps été le plus gros handicap de Lucas à Liverpool. Pourquoi ? Car dans la tête des supporters des Reds, le Brésil rimait avec la magie, le dribble, l’instinct et la grâce. Mais Lucas Leiva n’a jamais été tout ça. C’est une question de perspective, de pas de côté, de culture. Pour le comprendre, il faut revenir aux premiers jours, à cette époque où le milieu brésilien, débarqué du Grêmio en 2007, se faisait siffler par Anfield. Son crime ? Apprendre et gratter du temps de jeu au cœur d’un milieu doré composé de Steven Gerrard, Xabi Alonso ou encore Javier Mascherano.

Sur un terrain, Lucas Leiva ressemblait alors déjà à tout sauf à un brésilien : aucun dribble gourmand, de longs cheveux tombant sur les épaules et un charisme alternatif. Comment un mec dont personne n’avait jamais entendu parler à Liverpool pouvait-il prétendre se faire un nom aussi facilement ? Voilà comment s’est-il un jour expliqué au Guardian : « Venir à Liverpool était pour moi un changement de pays, de langage, et il y a aussi un détail qui n’était pas si petit. Je n’avais que vingt ans, je débarquais dans un club avec une grande histoire dans l’un des championnats les plus exigeants du monde. Je crois aussi que certaines personnes avaient oublié que Liverpool avait un groupe où certains joueurs avaient disputé deux des trois dernières finales de Ligue des champions. Certains supporters pensaient aussi qu’un milieu brésilien était forcément magique. »

L’inspiration plutôt que l’idole

Sauf qu’en arrivant à Liverpool, le Lucas Leiva du Brésil a été obligé de s’adapter à un nouveau style de jeu, plus défensif, moins créatif. C’était le choix de Rafael Benítez, un homme qui a toujours défendu le joueur. Puis, Xabi Alonso s’est barré en 2009, Mascherano un an plus tard, à un moment où Liverpool n’avait pas forcément l’argent pour faire des folies. Là, Lucas Leiva s’est taillé un nom, a fait taire les sifflets et s’est imposé comme une figure de la Premier League par ses tacles, son sens du combat, mais aussi par ce visage mortifié par une rupture des ligaments croisés contre Chelsea en novembre 2011. Comme le symbole d’une histoire dessinée en sinusoïdes où l’homme s’est toujours relevé.

À chaque fois qu’on avait besoin de lui, Lucas Leiva était là. Quand le Kop cherchait des repères, il le trouvait et le chantait même parfois ainsi : « His first name is Lucas… His second name is Leiva… And that is why we like him. » Oui, Lucas Leiva c’était ça : un bosseur, un amoureux de Liverpool, une inspiration faute d’avoir pu devenir une idole. Son départ est la fin d’un récit écrit sur plus de 300 matchs, quelques coups de sang, de brefs éclaircies, mais surtout un sourire. Celui du serviteur éternel qui a refusé à plusieurs reprises de quitter Liverpool. Son heure est arrivée, dans le silence malgré un nom qui restera attaché à l’histoire du club. On ne peut oublier aussi facilement dix ans de vie. Surtout quand on a fait autant de route.

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