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La blague belge du mois
À une semaine du début de la nouvelle saison, l'Assemblée générale de la Pro League a décidé que la D1A se jouera à 18 équipes, donnant ainsi raison à Waasland-Beveren. Une décision lourde de conséquences pour l'antichambre du foot belge, la D1B, puisque cette dernière va accueillir les U23 du FC Bruges et le Lierse Kempenzonen, pourtant treizième de D1 amateur la saison dernière. Une vaste blague qui n'a pas fini de faire parler.
Le 8 juillet, le calendrier de la D1A était dévoilé par la Pro League. Un championnat à 16 équipes, comme la saison dernière, ce malgré la procédure en référé lancée par le club de Waasland-Beveren, bien décidé à rester dans l’élite malgré sa dernière place au classement avant la mise sur pause du championnat suite au Covid-19. Mais ce vendredi, après plus d’un mois de laïus, de recours juridiques dans tous les sens et de déchirements sur la grand place publique, les clubs belges ont fait machine arrière lors de l’Assemblée générale de la Pro League. Ainsi, les Lions de Waasland-Beveren ont été sauvés de la descente et seront accompagnés par l’OH Louvain et le Beerschot dans une Jupiler Pro League qui passe à 18 écuries. Un retournement de situation qui met temporairement fin à un imbroglio confus dont le football belge ne sortira pas grandi.
Retour dix ans en arrière
Cette blague a commencé en mars dernier, soit au moment où la Belgique a été l’un des premiers pays européens à mettre fin à ses compétitions domestiques, déclarant alors le FC Bruges champion et reléguant Waasland Beveren. Dans la foulée, le club waeslandien avait contesté cette décision devant la Cour belge d’arbitrage pour le sport (CBAS), avant que, début juillet, l’Autorité belge de la concurrence (ABC) ne vienne confirmer qu’il était impossible de réintégrer le club en D1A. Mais six jours plus tard, nouveau rebondissement lorsque le CBAS a estimé que la plainte des Lions était bel et bien fondée. Une décision qui n’a dans un premier temps pas fait bouger le président du Racing Genk et boss de la Pro League, Peter Croonen, et l’administrateur-délégué du Sporting Charleroi et président de la Fédération belge de football (RBFA), Mehdi Bayat, deux hommes qui ont répété leur envie de maintenir une D1A à seize membres. On croit alors Beveren condamné à retourner se retaper dans le mouroir de la D1B. Mais le 30 juillet, à la veille de l’AG de la Pro League qui devait valider le principe d’un championnat à seize, le tribunal de Dendermonde est venu tout bousculer et a condamné la Ligue à verser 2,5 millions d’euros au club lésé par journée annulée par le coronavirus. Une somme bien trop importante pour la Pro League, qui est donc sortie de son entêtement.
Résultat, vendredi dernier, soit à une semaine du coup d’envoi de la saison 2020-2021 en Belgique, changement de cap. La Jupiler Pro League se jouera finalement à dix-huit clubs, comme il y a dix ans, et de nouveaux playoffs voient le jour, au moins pour les deux prochaines saisons. Les clubs classés entre la première et la quatrième place à l’issue de la première phase se joueront alors le titre et leur place en Ligue des champions, tandis que les formations classées entre la cinquième et la huitième place se battront pour jouer les tickets pour la Ligue Europa. Cette nouvelle formule a pour but de satisfaire tout le monde, dont Dirk Huyck, le président waeslandien, visiblement soulagé au moment de se livrer à Sport/Foot Magazine : « Nous sommes très heureux qu’après des mois de lutte difficile, la justice a été rendue. Nous remercions les clubs qui ont cru à la formule à 18 et nous ont soutenus. C’est une solution solidaire, qui ne sanctionne aucun club. »
La Pro League attaquée de toutes parts
En réalité, cette solution solidaire ne satisfait pas encore tout le monde, la D1B ayant été forcément impactée par cette décision de dernière minute. Tout simplement parce qu’en accordant un sursis à Waasland-Beveren, l’OH Louvain et le Beerschot accèdent automatiquement à la D1A, alors que les deux équipes devaient se retrouver dimanche pour un barrage retour d’accession. Ce match s’est bel et bien joué et a vu le Beerschot de Baptiste Aloé s’imposer (1-4) pour l’honneur. Dans le même temps, Westerlo, leader du classement général de D1B, a demandé à être le deuxième club promu en D1A et a déjà annoncé qu’il envisageait sérieusement une action en justice contre la Pro League. Une de plus à gérer pour Peter Croonen, qui n’a pas hésité à torpiller les clubs du pays : « Il n’y avait pas de solution où aucun club ne contesterait la décision, sauf avec une D1A à vingt équipes. Mais ce scénario n’était pas souhaité. […] Malheureusement, les clubs belges ont tendance à attaquer rapidement toutes sortes d’affaires. C’est compréhensible du point de vue du club, mais ce n’est pas bon pour le football belge dans son ensemble. Nous allons réfléchir à la manière de réduire le nombre de litiges. »
Le président de la Pro League fait également référence au cas du KSV Roulers, relégué en D1 nationale pour ne pas avoir obtenu sa licence. Tout l’inverse du Lierse Kempenzonen, 13e de D1 nationale, mais qui accède malgré tout à la D1B grâce, justement, à l’obtention de sa licence. Enfin, alors que la D1B semblait partie pour être jouée à sept équipes, la huitième place a été accordée aux… U23 du Club Bruges, qui n’ont pourtant pas gagné leur place sur le terrain. Une décision inédite et surprenante qui a accentué l’incompréhension du KSV Roulers : « Le KSV Roulers a demandé une licence et ne l’a pas obtenue. Le Club Bruges U23 n’a jamais déposé de demande dans les délais réglementaires pour l’obtention de la licence, ce qui rend illogique que les U23 de Bruges obtiennent une licence pour la 1B. » Reste donc maintenant à savoir si la Pro League et l’Union belge vont à nouveau revoir leur plan et faire machine arrière. Ils leur restent un peu plus de quinze jours, et le début de la nouvelle saison de D1B, pour se prononcer. Le doute est de mise, mais une chose est sûre : cette blague a déjà trop duré.
Par Maxime Renaudet