- Ligue 2
- J38
- Metz-Bastia (3-2)
FC Metz, un nouveau tour dans l’ascenseur émotionnel
Avant la dernière journée du championnat, le FC Metz se devait de faire un meilleur résultat que Bordeaux pour accéder à la Ligue 1. Pour le moment, c'est chose faite, en attendant sagement que les Girondins passent devant la commission pour leur soirée totalement ratée contre Rodez. Côté lorrain, les dernières heures ont été mémorables sur le terrain comme dans les gradins.
Le Havre est champion de Ligue 2, c’est sûr ; Metz est promu, ça ne l’est pas encore. Malgré leur victoire accrochée à la maison face à Bastia (3-2), les Messins ont encore Bordeaux dans le rétroviseur, qui pourrait rejouer son match face à Rodez (arrêté à cause de l’intrusion d’un supporter et du coup asséné au buteur ruthénois, alors que les Girondins perdaient 1-0) et l’emporter par au moins cinq buts pour leur chiper la deuxième place. Un casse-tête administratif qui n’empêchera pas les Grenats de dormir, bien trop préoccupés à teinter cette nuit de leurs célébrations et de leur couleur si particulière. En effet, de la place de la République à la pelouse de Saint-Symphorien, supporters et joueurs ont tenu à marquer de leur empreinte cette soirée qui a marqué tout un peuple.
Une marche vers la montée
Les vendredis après-midi sont souvent la période propice pour monter à l’assaut d’une terrasse ensoleillée. Mais cette fois-ci, tous les établissements sont fréquentés par une population tout de grenat vêtue. À table, les discussions ne tournent qu’autour d’un seul événement, le match du soir contre Bastia. Champion, montée, malheureux perdant qui restera une saison de plus à cravacher en Ligue 2 ? Rien n’est encore joué, et les supporters l’ont bien compris. Quelques rues plus loin, sur la place de la République, les deux groupes d’ultras – Gruppa et Horda – se sont donné rendez-vous pour former un cortège. De loin, il ressemble à une fourmilière, ça bouge dans tous les sens, des drapeaux flânent, des objets pyrotechniques fument vers le ciel et quelques zinzins hurlent dans leurs mégaphones pour haranguer la foule. L’ambiance est bonne, les fans sont souriants et ne manquent pas de confiance.
L’ambiance monte dans les rangs messins #FCMSCB pic.twitter.com/fJAjM2K2mn
— Arthur Charlier (@ArCharlier) June 2, 2023
Paul, un trentenaire, short en jean, maillot de 2016, balance : « Le Havre perd, et Metz finit champion ! C’est magique et historique à la fois, ils ont eu tellement d’occases de tuer le championnat que ça serait trop beau. » Ce n’est que quelques secondes plus tard que des feux d’artifice éclatent et sonnent le début de l’avancée vers le stade. Au bord de la Moselle, tout le monde chante sur l’explosion de pétards, les téléphones capturent l’instant – même si l’un des meneurs du cortège hurle sans arrêt qu’il ne veut pas voir de cellulaires – et les fumigènes crament. Bien encadrées par la police, les troupes ont mis une bonne heure pour faire un pauvre kilomètre, c’est dire l’ambiance de folie qui animait ces rangs sur le chemin du stade. « On vit un truc historique ! Quand on montait les autres saisons, c’était pas à ce niveau. Mate le monde ! », débite un type en pleine forme sorti de nulle part.
Un Metz des grands soirs
Les joueurs ont été accueillis sur la pelouse avec deux tifos confectionnés par chacun des kops et un bruit tellement lourd qu’on aurait cru se trouver dans une salle de concert. Pas de panique, les Messins ne sont pas effrayés, mais survoltés. Ils attaquent les premiers et ouvrent le score sur une frappe de Cheikh Sabaly – déjà buteur décisif à Sochaux la semaine passée – qui fait se lever le stade entier et permet de rallumer plusieurs fumigènes. Un drapeau posé sur le bord de la pelouse prend feu. Ce n’est rien, Youssef Maziz double la mise et renvoie une couche à St Symph’ qui s’est mis à scander : « On est en Ligue 1 ! On est en Ligue 1 ! » pendant deux bonnes minutes avant de se faire refroidir par le but du Bastiais Florian Bonhert. Toujours en tête et provisoirement promu, Metz peut toujours compter sur son numéro 10 Youssef Maziz, qui rassure les supporters d’une petite frappe enroulée de la patte droite qui finit dans la lucarne corse. Irréprochable ce soir, l’arbitre a libéré tout un peuple qui fonce sur le gazon – au moment opportun contrairement aux impatients havrais – glissant pour rejoindre les joueurs et célébrer la nouvelle, qui n’est pas encore officielle. Mais ça, les supporters s’en moquent. « Bordeaux va se manger des points de suspension, puis au pire, ils gagneront jamais 5-0 », comme l’a dit si clairement Jules, pressé d’avoir sa photo avec le roi Georges Mikautadze qui a reçu son trophée de meilleur buteur de la saison à l’issue de la rencontre.
Ca chante sur la pelouse de Saint Symphorien après la victoire du FC Metz face à Bastia et @TJeangeorge a eu bien du mal à finir de commenter la fin de la rencontre #FCMSCB #FBsport pic.twitter.com/Lz62YThEld
— France Bleu Lorraine Nord (@fblorrainenord) June 2, 2023
Saint-Symphorien n’a jamais retrouvé son calme, mais les joueurs ont tenu à remercier sincèrement leur public pour cette saison après un cri de guerre partagé avec l’ensemble des ultras messins. Cette montée, elle a été arrachée grâce à cet engouement retrouvé, mais aussi et surtout grâce à une équipe invaincue pendant 25 matchs (dernière défaite le 24 octobre dernier au Havre) qui a réussi à trouver son point d’équilibre autour des exploits de son buteur géorgien et de l’exigence du coach László Bölöni, pour devenir imprenable dans les matchs charnière (au risque de laisser quelques points frustrants dans des rencontres à sa portée). Dans cette course à la Ligue 1, championnat qu’ils n’ont quitté que l’an dernier, les Messins ont doublé les Bordelais au meilleur des moments, faisant parler leur expérience de l’ascenseur. Reste aujourd’hui à être officiellement autorisé à passer à l’étage supérieur, mais aussi à trouver les moyens d’y rester.
Ligue 2 : Metz maîtrise Amiens et se rapproche de la têtePar Arthur Charlier, à Metz