- Mondial 2022
- Gr. F
- Belgique-Canada (1-0)
La Belgique a joué à rien
Trimbalée dans tous les sens par un Canada séduisant, la Belgique n'a pas répondu aux interrogations qui l'entourent depuis plusieurs semaines. De quoi donner des maux de crâne à Roberto Martínez, qui va devoir repenser sa recette avant de se coltiner le Maroc et la Croatie sur les huit prochains jours.
Une sortie de piste en quarts de finale du dernier Euro, plusieurs prestations inquiétantes ces derniers mois (deux revers contre les Pays-Bas, et un autre en amical la semaine passée contre l’Égypte), une défense vieillissante qui pose question et Romelu Lukaku toujours boiteux : les Diables rouges entraient dans leur Mondial ce mercredi avec mille questions en tête. Roberto Martínez avait aussi une obligation : celle de s’imposer, pour prendre déjà la tête du groupe F, face à un Canada dont la hype n’a fait que grandir ces derniers mois, et surtout, pour s’éviter l’état d’urgence comptable dans lequel sont déjà placées l’Argentine et l’Allemagne. La mission principale a été cochée, grâce à une jolie réalisation de Michy Batshuayi en fin de premier acte, mais le contenu global des 90 minutes n’a convaincu personne, et la Belgique sait déjà qu’elle devra en proposer davantage pour faire sourciller consécutivement le Maroc puis la Croatie sur les huit prochains jours.
Les trois points, et puis c’est tout
Il suffisait de voir les joues rougies de Kevin De Bruyne dès les premières minutes du match, poussant une gueulante envers ses coéquipiers, pour comprendre que la sérénité n’était pas le maître mot de la soirée côté belge. Le 1-0 à la pause ne doit d’ailleurs pas faire oublier l’apathie servie par la troupe de Martínez (14 tirs concédés en première période !), qui a parfois flanché face aux débordements de Buchanan, a été surprise par la magie d’Eustáquio, et a surtout compté sur la soirée ratée de David. Avec ballon, la paire Tielemans-Witsel a coulé au milieu, Carrasco n’a pas existé, et Hazard n’a toujours pas retrouvé ses jambes d’antan. Et les Belges eux-mêmes le savent mieux que quiconque. « Le Canada est une équipe très jeune, très offensive, avec beaucoup de vitesse et de force. Ce n’était pas un match facile, et je crois que nous n’avons pas encore trouvé notre meilleur jeu. Si on veut aller loin, on doit améliorer notre foot, c’est sûr », a d’abord poussé Thibaut Courtois au micro de TF1. « Ce n’était pas la meilleure Belgique ce soir. Globalement, je pense qu’il n’y a que les trois points à retenir. On va faire des vidéos, on va parler entre nous, car il y a eu des choses négatives comme positives, et le but, c’est de travailler sur nos défauts », a enchaîné Michy Batshuayi auprès de beIN Sports.
Un plan à repenser et le cas Lukaku à gérer
Face à un Maroc et une Croatie qui ont montré, plus tôt dans la journée, des vertus défensives imparables plutôt que des idées offensives claires, la Belgique ne pourra pas se cantonner à balancer des longs ballons, comme on l’a vu faire en première période face au Canada, malgré la réussite de cette tactique sur le seul pion de la partie. « À la mi-temps, le coach était fâché, il a crié. C’est normal qu’il ne soit pas content. Il nous a demandé de temporiser et d’essayer de dicter le rythme du match », a poursuivi le buteur du soir. « Le Canada a mérité d’être meilleur que nous au vu de la manière dont ils ont joué. Le résultat montre surtout que l’on s’est battus les uns pour les autres et qu’on a pris notre unique chance », a voulu positiver Martínez face aux journalistes de la BBC. Reste à savoir si cette Belgique en a encore dans le coffre pour en offrir davantage ou si elle compte passer un Mondial de traînards, peu élégants, mais tueurs quand il le faut, ce que le Canada n’a pas su être. En attendant d’avoir un premier élément de réponse face au Maroc ce dimanche, le staff médical va aussi devoir gérer le cas Lukaku, que l’on a vu agacé par moments en tribunes et qui veut revenir plus tôt que prévu, alors qu’il ne pourrait être à 100% de ses capacités que pour le duel face à la Croatie. La question de la victoire a été réglée, mais les certitudes, elles, ne sont toujours pas là.
Par Alexandre Lejeune