Le foot au Québec, à part l’Impact de Montréal, ça en est où ?
J’ai quitté le Québec il y a plus de 20 ans. À cette époque, le MANIC de Montréal avait déjà fermé boutique faute de supporters. Perso, j’ai découvert le foot en arrivant ici (en France, ndlr), avant j’étais plus hockey et baseball et même parfois curling. Je sais, c’est pas très funky, le curling, mais bon, je trouve ça, comment dire… planant.
Les Américains vont-ils finir par adopter le soccer et en devenir une grande puissance ? Et les Canadiens ?
J’ai peu d’espoir de voir l’équipe du Canada gagner le Mondial un jour, mais pour les USA, je crois que l’équipe commence à s’étoffer, à trouver ses marques en s’appuyant sur une défense cohérente et une attaque solide. Leur qualification en huitièmes de la dernière Coupe du monde montre que cette équipe commence à aligner des arguments convaincants sur la scène internationale.
Vous en pensez quoi, vous, de ce développement du soccer (et de son fric) aux États-Unis ?
Je ne connais pas précisément le type de sommes dépensées pour le soccer aux États-Unis, mais je pense que cela n’a pas à souffrir la comparaison avec les sommes investies en Europe par les Qataris. Le football dépense trop d’argent depuis trop longtemps, et l’ampleur que cela prend gâche un certain type de football qui me séduisait plus à l’époque.
Dans le pays du hockey sur glace et de la crosse, quel match de foot pourrait faire bouger ne fût-ce qu’un peu les foules ?
Je crois que c’est peine perdue. Même si on faisait jouer Barcelone contre Manchester, ça ne déplacerait pas les foules. Vu de l’Amérique du Nord, un sport ou un match peut se terminer par un score de 0-0, ça pose beaucoup de problème. Dans le pays du showbiz, ce n’est tout simplement pas assez spectaculaire.
Et vous personnellement ?
Un bon petit MHSC – Olympique de Marseille de derrière les fagots, un derby à l’ancienne. La remontée marseillaise de la saison 1998/99 en deuxième mi-temps au Vélodrome me reste encore en travers de la gorge.
Par quelle équipe êtes-vous le plus attiré ?
Le MHSC bien sûr ! J’ai suivi de loin leur parcours jusqu’au titre en 2012, la dream team de Montpellier où des joueurs comme Olivier Giroud, Mapou Yanga Mbiwa ou Younès Belhanda faisaient vibrer la Comédie ! Depuis, mercatos obligent, les stars sont parties, mais cette saison s’annonce prometteuse avec pourquoi pas, une place européenne.
Vous avez un studio à Montpellier… Vous avez vécu le titre de champion en 2012 sur place ?
Le titre a été vécu comme une expérience forte ici à Montpellier, les trois écrans géants placés sur la Comédie pour les trois dernières journées ont attiré beaucoup de monde et il fallait voir la place en braise colorée par les fumigènes rouges ! La ville a vibré avec cette équipe !
Vous connaissez le président Loulou Nicollin et son caractère, ça ne mériterait pas une petite histoire en BD, ça ?
Il y a déjà trois tomes sur Nicollin aux éditions Pat à pan. Perso, ça ne m’inspire pas des masses.
Vous vous mettez en scène dans plusieurs de vos ouvrages. On vous voit aussi taper le ballon par moments avec difficulté… Vous n’avez jamais joué ?
Non, je n’ai jamais joué au foot. Au Québec, on fait du hockey l’hiver et du base-ball l’été. En revanche, entre amis, on se faisait quelques parties de foot américain. C’est pas comme le foot qu’on pratique ici, on est plus du côté du rugby. On y jouait comme ça, sans mettre d’épaulettes et de casques. Il n’y avait pas de cheerleaders non plus.
C’est le fait de vivre en France qui vous a rapproché du football ?
Pour moi, tout a vraiment commencé quand l’équipe de France est devenue championne du monde. C’est là que j’ai commencé à comprendre les subtilités du jeu et l’intensité qu’on pouvait ressentir à regarder un match. Forcément, pendant un Mondial, c’est plus facile d’être transporté par l’engouement, mais depuis, j’ai pas lâché le morceau. Régulièrement, je suis les matchs de l’équipe de France qui remonte doucement au classement FIFA, après sa bonne Coupe du monde 2014. J’attends l’Euro 2016 avec impatience !
Que représente le football dans des pays comme Israël, la Corée du Nord ou la Birmanie ?
En Birmanie, il y a un sport très populaire qui s’appelle le takraw. Ça se joue comme au volley-ball sauf qu’on retourne la balle uniquement avec les pieds. C’est très spectaculaire et les coups de pied façon Zlatan sont monnaie courante. Tous ces gars arrivent à faire un smatch en tapant une balle en salto arrière. Je me suis toujours demandé comment se débrouillerait un de ces Birmans sur un terrain de foot européen ? Il faudrait essayer ça un jour. Un peu comme les Américains qui ont fait venir un lanceur de cricket pour disputer des matchs de baseball. Il y a un joli film là-dessus.
Dans ces pays, le foot est-il une échappatoire ? Notamment durant la guerre de Gaza qui s’est déroulée pendant votre séjour à Jérusalem…
En Israël, c’est assez spécial. Juste à côté d’où j’habitais à Jérusalem en 2008, les Palestiniens venaient de finir la construction du stade Faisal Al-Husseini. Ils ont disputé leur premier match contre la Jordanie. Je n’ai pas assisté au match, mais c’était un événement très important politiquement.
Vous avez senti que le football était vécu différemment suivant le lieu où il est pratiqué ?
Pendant le Mondial de 1966, l’équipe de Corée du Nord arrive à battre l’Italie 1-0. Fierté nationale pour le pays qui acclame ses joueurs-ouvriers (l’attaquant Pak Doo Ik travaille comme imprimeur). Plus tard, devant le Portugal, les Nord-Coréens perdent vaillamment 5-3. Le régime de Pyongyang condamne le comportement « petit bourgeois » de son équipe nationale qui s’était affichée dans un restaurant chic de la ville. De retour, ils serviront d’exemple et seront envoyés dans un camp de rééducation. Donc, oui, on peut dire que c’est vécu différemment dans d’autres pays.
Vous avez dit sur le plateau de Tout le monde en parle qu’en Birmanie, les papas sont fans des petits garçons et qu’ils passent pas mal de temps avec eux. C’est un peu comme le père occidental qui va au foot avec son gamin ?
En Europe, j’ai vu des pères encourager leurs enfants lors d’un match de foot comme si leur vie en dépendait. On se serait cru dans un entraînement militaire. C’est à mon sens le meilleur moyen de dégoûter un enfant de la pratique du sport. C’est ce rapport père-enfant que je n’ai pas vu en Birmanie. C’est quelque part une fonction de père plus maternel qu’en Occident. Plus bouddhiste, peut-être ?
Dans une interview publiée sur le site Rue89, vous dites aimer un dessin où on vous voit jouer au foot avec vos enfants. Pourquoi ?
Là, c’est juste une appréciation artistique, le dessin est vivant, la composition fonctionne bien et avec pas grand-chose, on sent le mouvement. Pour quelqu’un qui vient du dessin animé, le mouvement, c’est essentiel. C’est comme pour le foot.
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