L1 – Rennes fait échec au Lyon

67e minute, le tournant du match, voire du championnat : Lloris sort une parade kung-fu panda face à Briand et sauve les siens. Mieux, il les relance. Benzema récupère le ballon au milieu de terrain, ne le joue pas solo comme mardi et recule pour mieux lancer Pjanic. Le fan de Michel Berger trouve Källström qui n’a plus qu’à allumer Douchez. Ce dont il ne se prive pas. Lyon est décidément impitoyable. Intouchable même. Voire insupportable.

La majeure partie de la rencontre, Rennes avait eu la mainmise sur le jeu, le bloc lyonnais version Ligue des Champions s’était liquéfié : fatigué, lassé, après la dépense physique et mentale de milieu de semaine. Mais voilà, Lyon sait faire en championnat ce qu’il ne parvient pas à réaliser en Ligue des Champions : plier mais ne pas rompre, surtout ne pas s’affoler, et profiter de la moindre opportunité pour crucifier son adversaire. Avec ce but cruel pour les Rouge et Noir, la Aulas Company conservait ses six points d’avance sur Paris et mettait à nouveau la pression sur une concurrence obligée de gagner, journée après journée.

Sauf que cette saison, Lyon prend trop souvent l’allure d’un roi fainéant : dilettante, présomptueux, et donc vulnérable. Après l’ouverture du score, l’OL a tout simplement perdu toute volonté de jouer sans pour autant empêcher les Rennais d’aller au bout de leurs intentions. Les positions, même les plus établies, doivent toujours se défendre, l’Histoire ne manque pas d’exemples. Vendangeur cinq étoiles jusqu’alors, Jimmy Briand finit ainsi par donner une leçon de lutte des classes aux bourgeois lyonnais d’une superbe frappe croisée du gauche dans le temps additionnel (90+1). La Bretagne n’a jamais payé la gabelle, le club de sa capitale refuse de se faire prendre trop de la laine sur le dos par le roi Lyon. Rennes n’a plus perdu à Gerland depuis quatre ans et n’a laissé qu’un petit point à Juninho and co en deux confrontations cette saison.

Comme à sa (mauvaise) habitude, Puel a harangué ses joueurs pendant 90 minutes + le temps additionnel. Pas pour qu’ils jouent, non, pour qu’ils courent. Puisqu’il semble que le foot consiste avant tout en cela pour l’ex coach du boring Lille. « Allez les gars, allez ! La gagne, la gagne ! » . Franchement, imagine-t-on Lippi se mettre dans des états pareils sur le bord du terrain ? Imagine-t-on Maldini, Gerrard, Ronaldo ou Messi, accepter de se faire aboyer dessus de la sorte ? Après le match contre Barcelone, Clo-clo avait expliqué que sa préparation du retour consisterait à faire gagner en endurance ses joueurs pour qu’ils se comportent comme des lapins Duracel 90 minutes durant au Camp Nou. Face à plus fort que soi, cela se tient, mais face à Rennes ?

Certes, ce soir, les Rouge et Noir se sont montrés les plus séduisants. Mbia et Lemoine ont mangé Toulalan, orphelin de Makoun (sur le banc jusqu’à la 62e), et Juninho comme Källström ne pesaient ni dans la récupération ni dans la création. Sans Leroy, forfait, et Pagis sur la touche les deux tiers du match, Rennes compensait ses lacunes artistiques par une volonté farouche de se projeter vers l’avant à la moindre occasion. Un credo dont il se donnait les moyens en lâchant la bride à ses latéraux.

Un credo ambitieux finalement récompensé par Briand, qui a une nouvelle fois mis en évidence qu’il était l’un des attaquants français les plus talentueux pour se créer des occasions, mais loin d’être le plus habile pour les convertir. Un but à l’importance capitale pour des Rennais repartis à la pêche aux gros et pour les poursuivants du leader, engagés dans une chasse au Lyon à nouveau palpitante.

Thomas Goubin