L1 : OM-PSG, un classico à l’heure d’hiver ?
A la base, Real-Barça : une des affiches les plus mortelles du foot mondial. Avec souvent des matchs légendaires, des buts d'anthologie et des héros immortels, des deux côtés. Le « classico », quoi...Le foot français a récemment importé le Classico chez nous : OM-PSG. Une arnaque, bien sûr. Mais une arnaque qui marche encore. Par défaut ?
Petit rappel historique… Début des années 90, l’OM cannibalise le foot français. Mauvais pour le bizness TV. Alors, Canal + invente LA rivalité OM-PSG pour animer cette D1 trop prévisible. Canal, qui retransmet le championnat, prend les commandes du PSG, via la présidence Denisot, et investit à fond dans le club. Tapie et Denisot, dûment briefés, s’exécutent. Résultat : la déclaration de guerre très scénarisée d’Artur Jorge, coach parisien, en décembre 92, avant PSG-OM : « On va leur marcher dessus…L’OM va vivre l’enfer » . La veille, Ginola avait beuglé dans L’Equipe : « Vendredi, ça va être la guerre ! » Marseille l’emportera finalement 1-0 au Parc ! Nanard bat Denise…
Le buzz était lancé : PSG contre OM, les “riches” (Paris) contre les “pauvres” (Marseille), la Capitale contre “le reste de la France” (la Province), la “gauche” (Marseille) contre la “droite” (Paris de Chirac)…
Ca ne s’appelait pas encore “Classico”, mais ça avait de la gueule. Une émulation extrême pour le foot français : stars en pagaille, gnac maximale, ultra compétitivité au sommet de la D1. Un duel qui aboutira au meilleur : les deux équipes seront championnes d’Europe, C1 93 pour l’OM et C2 96 pour Paris. C’est l’Âge d’or du foot français : du duel OM-PSG naîtra aussi la dynamique de France 98. Même si les tensions mortelles entre joueurs des deux clubs plomberont l’atmosphère de l’équipe de France avant le funeste France-Bulgarie (1-2) de novembre 93, éliminatoire du Mondial US 94…
Et puis Paris et Marseille sont rentrées dans le rang. L’OM n’a plus gagné de titre majeur depuis 93 (vainqueur du championnat mais invalidé). Le dernier titre de champion de France du PSG remonte à 94 (avec en point d’orgue la C2 96). Les deux clubs ont bien cumulé quelques places de “vice champions”, deux finales de C3 (pour l’OM) et quelques coupes nationales (pour Paris) et puis c’est tout. Monaco, Bordeaux et surtout Lyon ont fini par laminer les deux protagonistes devenus pathétiques à force de matchs souvent sans grand intérêt et émaillés de provocs à la con et de bastons de supporters…
Aujourd’hui, l’OM et le PSG n’envoient plus qu’un joueur et demi en équipe de France (Mandanda et Ben Arfa). Si les directions des deux clubs sont actuellement bien “installées”, elles ont succédé à plus de 10 années d’instabilité démentielle tant au niveau des présidences que des entraîneurs (on va pas faire les listes…).
Si à l’instar du foot français, plus démuni économiquement depuis l’Arrêt Bosman, les deux clubs n’ont jamais pu conserver les quelques stars qu’elles ont recrutées (Drogba ou Ribéry pour l’OM, Ronaldinho pour le PSG), que dire des montagnes de transferts foireux qui ont bousillé et bousillent encore les finances des deux clubs ? Et que dire de l’intervention clownesque de Frédéric Thiriez et son “Plan PLM” (Paris-Lyon-Marseille) ?
Pourquoi vouloir sauver absolument les soldats Marseille-Paris au détriment de Bordeaux, la vraie force montante de L1 ? A ce propos, les Bordeaux-Lyon ou Bordeaux-Marseille de l’an passé étaient plus sexy que les OM-Paris et Paris-OM passés… Aujourd’hui le PSG est à la rue en championnat. Mal parti, il n’est a priori plus en course pour le titre (on s’en doutait) mais aussi pour les places en C1. Marseille a l’occasion de passer en tête de la L1 ce soir, s’il bat Paris, certes, mais pour combien de temps ? Et puis surtout, le spectacle nullissime offert en C1 contre Eindhoven (0-2) nous a mieux renseigné sur la “valeur réelle” du club phocéen (pour l’instant dernier de sa poule avec zéro point…)
D’où le sentiment de malaise à la vue d’un Classico qui n’en est plus vraiment un. A ce propos, le même jour, il y a Liverpool-Chelsea, affiche autrement plus crédible si on veut parler de « Classique » … On en revient à certaines impostures récurrentes du foot français, où le but est avant tout de survendre : on survend la L1 (voir le niveau des clubs français en Coupe d’Europe), on survend l’équipe de France (la deuxième mi-temps extraordinaire de Constanza, c’te blague !), on survend certaines “stars” qui n’ont pas pleinement confirmé (Nasri, Mandanda, Sagna, Ben Arfa,…). Du coup, on nous fait la retape d’une affaire toujours lucrative (pour les médias, surtout !) avec ce OM-PSG censé passionner le monde entier. Avec gros teasing à l’appui. Si, si ! Rappelez-vous la fameuse menace de grève en L1 fomentée par l’UNFP contre les présidents de clubs : ça devait être pour ce week-end ! Le monde entier privé de OM-PSG, l’horreur !
Petit rappel : en septembre 2007, le match choc de la Bundesliga, Bayern Munich – Schalke 04, était retransmis dans 142 pays, un record pour un match de championnat allemand. A part ça, les élites médiatico-sportives d’ici nous bassinent avec la supériorité de la L1, supposée plus “attractive” que la Bundesliga. Ben voyons…
Au sein de la France du foot, l’OL ne fédère toujours pas : trop fort, trop seul. Et toujours pas d’épopée européenne… Et si c’était ça, en fait, cette image toujours grise de l’OL qui assure encore le “succès” des OM-PSG ?
Chérif Ghemmour
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