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- France-Belgique (1-0)
Kylian Mbart Simpson
Mbappé démontre une solide capacité à jouer les sales gosses sur le terrain pour faire péter un plomb à l'adversaire. Et il arrive à faire en sorte que les Bleus en tirent presque toujours un avantage. Un génie du mal.
Comme d’habitude, on va attendre les chiffres de son match pour s’extasier encore un peu plus dans les prochains jours. Alors, cette fois, il a été flashé à combien de kilomètres heure ? Les dernières rumeurs disent qu’en fait, contre l’Argentine, il ne courait pas à 37 km/h, mais plus tôt entre 32 et 33. Pas grave, l’important c’est qu’il aille plus vite que ceux qui le poursuivent. Comme ce soir quand il a mangé Vertonghen sur chaque sprint, par exemple. À la sortie du terrain, alors qu’il était encore bras dessus, bras dessous avec ses coéquipiers, les premiers cinglés des statistiques divulguaient tout de même une première ribambelle de chiffres. 56 ballons touchés, 12 duels gagnés (seulement deux de moins que Pogba contre l’Uruguay), et un peu plus de 80% de passes réussies dont des passes clés qui auraient pu être décisives.
Mais qu’il sache courir très vite, dribbler tout ce qui bouge et être décisif, on le savait déjà. En revanche, depuis que le niveau de la compétition s’élève et que les Bleus sont dans les très hautes sphères de la Coupe du monde, on découvre un autre aspect de son jeu : sa capacité à être vicieux, insupportable pour l’adversaire, et à faire péter un plomb à ceux qui défendent sur lui en quelques secondes. Et le plus beau, c’est que Mbappé ne le fait pas uniquement pour le plaisir de chambrer, mais bel et bien pour gratter des fautes, provoquer des cartons, mener une guerre d’usure, et mettre les gars d’en face dans un état d’énervement avancé qui les empêche d’être lucides lors des actions qui suivent.
Kamikaze
En quarts de finale, Mbappé avait tellement joué au petit con que Cristian Rodríguez avait fini par lui chatouiller le foie avec son poing. « Kylian n’est ni un simulateur ni un chambreur » , avait jugé Deschamps après le match, en montrant qu’il soutiendrait son joueur coûte que coûte. Alors ce soir, face aux Belges, Kylian en a remis une couche. Des râteaux, des talonnades, des râteaux-talonnades (pour Giroud, peu avant l’heure de jeu), le Parisien s’est fait plaisir. Mais le plus beau, c’est quand il s’est amusé à faire de l’anti-jeu en fin de match pour gratter des secondes. Et que je garde le ballon au pied alors que l’arbitre a déjà sifflé. Et que je tape dans la balle pour l’éloigner quand un Belge va tirer un coup franc. Autant de petites manœuvres qui ont pour unique but de déstabiliser l’ennemi et qui remplissent leur mission.
Comme contre l’Uruguay, Mbappé a même réussi à créer une situation tellement floue que l’arbitre n’a pas eu d’autre choix que de filer un jaune aux deux joueurs concernés : le numéro 10 des Bleus, et celui avec qui il était en train de se disputer. Vendredi dernier, c’est Rodríguez qui était tombé dans le panneau. Aujourd’hui, c’est Vertonghen qui est passé à la casserole dans les arrêts de jeu, alors que les Belges n’avaient plus de temps à perdre. Je coule, tu coules avec moi. Une stratégie un peu kamikaze, mais qui est en train de faire ses preuves. Et comme les cartons jaunes pris précédemment étaient effacés après les quarts, Mbappé ne sera même pas suspendu pour la finale. Diabolique. Bart Simpson avec un maillot bleu, mais qui récolte les félicitations à la fin au lieu de la punition et des lignes à recopier au tableau.
Par Alexandre Doskov, au stade Krestovski