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Mbappé et le PSG, la bagarre de fin

Par Nicolas Kssis-Martov

La séparation entre le PSG et Kylian Mbappé vire au mélodrame plutôt risible, avec ses coups bas et règlements de compte tardifs. Le club n’encaisse toujours pas, dans tous les sens du verbe, le départ « libre » de son ancienne et dernière star. Quitte à enfreindre le droit du travail et piétiner ses engagements.

Mbappé et le PSG, la bagarre de fin

Interviewé par Amanda Davies de CNN à l’occasion des Globe Soccer Awards, le président du PSG Nasser al-Khelaïfi s’est fendu d’une belle déclaration, parfaitement ciselée, à l’intention de Kylian Mbappé : « Il avait 18 ans à son arrivée, maintenant c’est un grand garçon, qui est le meilleur joueur du monde. Je suis fier de ce qu’il a fait pour le club. Et on ne sait jamais, peut-être qu’un jour il reviendra en France… Je connais ses ambitions, il voulait changer, aller dans un autre championnat pour vivre de nouvelles expériences et il en a le droit. » L’élégance et le réalisme de la réponse tranchent néanmoins avec ce qui se trame en coulisses, et le spectacle offert depuis plusieurs mois entre les deux protagonistes. Toujours sur la chaîne d’infos américaine, l’attaquant renvoie un vécu sensiblement différent au moment d’évoquer sa prolongation en mai 2022 : « Ce n’était pas une situation facile, et je ne souhaite à personne de vivre ça. »

Cette saison a donné l’impression d’un amateurisme terrible, ou tout du moins d’un manque de sérieux dans la gestion du cas singulier d’un joueur hors normes, dont même la communication parisienne officielle laissait entendre que le projet du club s’organisait autour de lui. Au fur et à mesure que l’exil s’annonçait irrémédiable, le comportement de la direction parisienne s’est transformé, pour organiser, après l’épisode déjà révélateur du loft, la mise à l’écart, ou au ban, du capitaine des Bleus.

Une sortie par le bas

Il est évidemment possible de psychologiser à outrance cette situation. D’un côté l’orgueil blessé de Nasser al-Khelaïfi, qui ne supporte pas qu’on lui résiste, et surtout qu’un joueur se permette de partir quand bon lui semble. Rajoutons l’inimitié profonde avec Florentino Pérez, son homologue et adversaire à la tête du Real Madrid, sur fond de Superligue et de rivalité dans les hautes sphères du foot pro du Vieux Continent. En face, le portrait de Mbappé, enfant gâté qui se prend désormais pour le roi du monde, alors même que ses prestations sur le terrain s‘avéraient de plus en plus décevantes, surtout en Ligue des champions, où, selon ses propres mots, « les grands joueurs ne doivent pas se cacher ».

Une configuration, ou un jeu de rôles, qui a offert à l’entraîneur parisien d’enfin diriger, à tort ou à raison, son effectif comme il l’entendait sans la pression d’une hiérarchie qui n’avait clairement plus envie de céder aux caprices d’une diva n’écoutant dorénavant que les lointaines acclamations du côté de Bernabéu. Principale victime de cette guerre d’égos où, face à la faiblesse de l’institution PSG et l’incompétence de la direction, Mbappé a pu batailler à armes égales : l’équipe parisienne. Une sortie par le haut et en bonne intelligence aurait pu pourtant s’effectuer avec un titre soulevé à Wembley (qui plus est en triomphant des Merengues) et un triplé historique pendant que Luis Enrique bâtissait paisiblement la saison prochaine. Aucun des deux protagonistes n’en a clairement eu l’intention.

Le dernier match

Le dernier rebondissement s’avère même pathétique, et pour tout dire hors du droit du travail. Le PSG aurait oublié de verser le salaire de Mbappé en avril (évidemment sans impact sur son train de vie), selon L’Équipe. Sans oublier les questions de primes, par exemple celle de fidélité dont le non-paiement était censé constituer une compensation au départ libre, puis finalement balancée en février. Les révélations qui filtrent dans la presse sur un club mauvais perdant et mauvais payeur renforcent de nouveau le sentiment d’une entreprise qui navigue à vue, au rythme des contrariétés qui se dressent sur son chemin, sans anticiper ni rassurer ses partenaires. Cette petite bassesse accorde même à Kylian Mbappé le visage d’une victime qu’il n’est pas.

Il aurait pourtant suffi de tirer un trait sur le passé en fournissant le service minimum et se disant adieu avec des formules de circonstances. L’exemple donné n’est par ailleurs guère rassurant. Régulièrement, des joueurs ne sont pas payés quand ils quittent le navire, ils renoncent même parfois à des mois de salaire pour s’exfiltrer tranquillement. Que les situations personnelles des concernés soient loin d’être dramatiques n’empêchent en rien que le droit en France impose de rémunérer son employé tel que prévu dans le contrat de travail. Une fois encore, il s’agit de tenir ses engagements…Il reste désormais à Mbappé à se racheter à l’Euro sur le plan sportif, et au PSG à préparer le prochain mercato, dans l’éternelle attente que le club parisien s’inscrive sur la durée avec son coach du moment.

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