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Kylian Mbappé, en plein mois doute
La méforme de Kylian Mbappé inquiète. Le joueur central du projet PSG et capitaine des Bleus semble avoir perdu ses principales qualités : l’engagement et l’efficacité. Davantage qu’un doute sur les performances de l’attaquant, le mal paraît plus profond, au point de fournir bien du souci à ses coachs.
« Quant à Kylian, c’est bizarre qu’il n’ait pas marqué, mais c’est anecdotique. J’ai aimé ce qu’il a apporté tant en attaque qu’en défense. Il a été dans les bonnes actions, a déclenché pas mal de situations. » Luis Enrique, l’entraîneur parisien, s’est un peu lâché, quitte à s’adonner ensuite à l’art de l’autopersuasion, après la victoire contre Rennes (3-1). Dans son propos filtre surtout un sentiment d’incompréhension. L’Asturien a débarqué aux manettes d’une équipe où ne subsistait qu’une seule « grosse » star. Aujourd’hui, cette dernière donne l’impression de plus en plus de signer lui-même ses propres mots d’absence sur la pelouse, voire dans les médias, si ce n’est pour aller assister à un combat de MMA (très court) le lendemain d’un nul insipide contre Clermont. Kylian Mbappé, dont tout le monde soulignait la force mentale, la capacité quel que soit le contexte en dehors du terrain (et surtout ses relations avec la direction du club) à répondre toujours présent balle au pied, d’illustrer encore et toujours à quel point il était indispensable au PSG, est redevenu un joueur « normal ». Désormais, même une sortie sur blessure un soir de Classique n’empêche pas ses coéquipiers de l’emporter avec la manière et ses titularisations ne sont plus automatiquement un gage de victoire, ou au moins de but…
Pieds et poings liés
Certes l’été fut moisi, à l’image donc de sa préparation physique. L’incertitude sur son avenir au Parc signifiée par sa mise à l’écart dans le loft afin de tenter de le contraindre, en vain, à prolonger n’a guère créé les meilleures conditions pour l’enfant de Bondy. Pourtant, le nouvel effectif est taillé sur mesure pour lui, l’attaque a été « francisée », voire « île-de-francisée », son copain Ousmane Dembélé a débarqué, et ses rivaux dans le vestiaire (Neymar ou Messi) s’enrichissent sous d’autres cieux. Le début de saison fut, au moins en matière de stats, plutôt satisfaisant, avec sept buts lors de ses quatre premiers matchs de championnat. Mais voilà quatre matchs que Kyks reste muet, ce qui ne lui était plus arrivé depuis septembre 2021. Pire, depuis quelques matchs, il offre aux caméras un visage fermé, une passion récente pour le walking foot, sans oublier une résignation inhabituelle quand ses équipiers souffrent. Il fut invisible lors de la déroute contre Newcastle, alors que, sans imaginer un miracle, il était attendu et entendu qu’il devait assumer un rôle pour le moins de leader naturel, à défaut du capitanat formel. Ce grand spécialiste de la communication donne l’impression d’avoir perdu le goût pour l’exercice, comme s’il avait d’autres soucis à régler. D’ailleurs, les analyses psychologisantes fleurissent sur les réseaux sociaux. Son image publique n’est pas encore écornée, mais l’incompréhension devant son attitude peut vite se transformer en dédain. Il est permis d’être arrogant ou hautain quand chaque course procure un frisson aux défenses adverses… Sinon, faute d’être un grand technicien, le risque de la cassure avec le public devient réel.
Pour le moment, que ce soit au Parc des Princes ou en équipe de France, qui s’apprête à affronter les Pays-Bas un joli vendredi 13, le temps reste surtout à la câlinothérapie, même si tout le monde partage le diagnostic. Didier Deschamps répète qu’il trouverait injuste qu’il ne reçoive pas le Ballon d’or. Dans la même interview pour Téléfoot, alors que se profile dans quelques mois un Euro décisif pour les Bleus, Didier Deschamps a d’abord voulu être rassurant : « Il y a des joueurs, sans avoir une méforme particulière, qui peuvent avoir des périodes où ils sont moins bien, que ce soit physiquement ou psychologiquement. Et malgré tout, il a cette capacité, même quand il est moins bien, à être décisif. » À Kylian de remettre les moteurs.
Par Nicolas Kssis-Martov