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Les bonnes questions des Bleus avant l’Euro 2024
L’Euro 2024 débute vendredi, et l’équipe de France a pris ses quartiers en Allemagne en milieu de semaine. Plusieurs questions essentielles peuvent être posées avant de voir les Bleus lancer leur aventure contre l’Autriche, le 17 juin à Düsseldorf.
→ Une élimination dès les poules est-elle possible ?
C’est un luxe et une chance que de pouvoir se poser avant chaque grande compétition la question suivante : l’équipe de France peut-elle aller au bout ? Depuis 2016, les Bleus s’invitent systématiquement dans les débats autour des favoris à la victoire finale. C’est encore le cas avant ce tournoi en Allemagne. L’idée d’un fiasco total est-elle cependant inimaginable ? Il faut remonter à 2008 pour voir la France ne pas sortir des poules à l’Euro ; et bien sûr à 2010 en Coupe du monde, soit suffisamment longtemps pour avoir oublié cette désagréable sensation de vide. Reste que ce groupe D ne se présente pas comme une formalité, même si la Pologne semble un ton en dessous des Pays-Bas et de l’Autriche. Le passage au format à 24 équipes peut rassurer les plus pessimistes. Sur les deux dernières éditions, voici les sélections restées à quai à la fin de la phase de poules : la Roumanie, la Russie (x2), l’Ukraine, la Tchéquie, la Suède, l’Autriche, la Turquie (x2), l’Albanie, la Finlande, la Macédoine du Nord, l’Écosse, la Slovaquie, la Pologne et la Hongrie. Voir l’équipe de France ajouter son blase dans ce cercle des losers de l’Euro à 24, ça ferait quand même tache.
→ Les Bleus vont-ils s’emmerder dans leur camp de base ?
La délégation française est arrivée ce mercredi midi à Bad Lippspringe, une petite bourgade de 15 000 habitants située en périphérie de Paderborn, où les Bleus espèrent établir leurs quartiers pendant un bon mois. On pourrait parler de la Home Deluxe Arena, l’enceinte réservée à l’équipe de France pour ses entraînements et les conférences de presse, mais la vie de groupe va plutôt se jouer au Best Western Premier Park Hotel and Spa, un établissement quatre étoiles de 135 chambres privatisées pour Antoine Griezmann et ses copains. L’endroit rappellerait un peu Istra et le Mondial 2018, selon ceux qui y étaient. Bad Lippspringe, réputée pour ses sources thermales et son calme, ne devrait pas offrir des tentations interdites aux Bleus.
🏨Visite de l'hôtel 4* Best Western Premier Park Hotel & Spa où les Bleus devraient séjourner pendant l'#Euro2024
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— Sportune (@Sportunefrance) December 3, 2023
Ces derniers devraient plutôt rester en vase clos, dans un lieu a priori sympathique, confortable et moins luxueux que leur palace à Doha en 2022. « Plongez dans une oasis de bien-être avec piscine, grand sauna, étang naturel, bains de soleil sur la pelouse, sauna de jardin, grotte de sel, salon de relaxation avec cheminée, ainsi que 12 salles différentes pour vous faire choyer », peut-on lire sur le site de l’hôtel. En intérieur, des consoles de jeux vidéo, un espace poker ou encore une machine pour marquer des paniers avec un ballon de basket leur permettront de tuer le temps (sans oublier les cartes avec N’Golo Kanté). « Personnel désagréable et mon frère a reçu un peignoir pour bébé », peut-on cependant lire sur Tripadvisor au milieu d’avis globalement positifs. Espérons que les Bleus ne connaîtront pas ce genre de mésaventure.
→ Kylian Mbappé va-t-il réussir à marquer ?
La Coupe du monde ? Facile. La Ligue des nations ? Tranquille. La Ligue des champions ? À l’aise, en attendant un sacre avec les habitués madrilènes. La Ligue 1, la Coupe de la Ligue, la Coupe de France, le Trophée des champions ? Un jeu d’enfant. Seul l’Euro résiste à Kylian Mbappé depuis son arrivée dans le monde professionnel (et la Ligue Europa où il n’a fait qu’une apparition). L’attaquant avait traversé l’Euro 2021 sans jamais parvenir à faire trembler les filets en quatre matchs, manquant même de transformer son tir au but contre la Suisse, dans une période qui correspond à sa plus longue disette sous le maillot tricolore (six rencontres d’affilée sans marquer). Le capitaine des Bleus en parlait récemment comme d’« une grande tache » dans son CV, sur lequel il affiche actuellement 47 pions au compteur en 79 sélections. Attention, l’ex-Parisien n’est pas dans la forme de sa vie après une saison bizarre, mais prolifique au PSG, et un but contre le Luxembourg, le seul de ses cinq dernières sorties avec la liquette frappée du coq. « Mon objectif est de marquer cette compétition de mon empreinte », a-t-il annoncé dans Sport Bild. Avec un triplé en finale, par exemple ?
→ La planète peut-elle remercier les Bleus ?
Un peu d’écoresponsabilité ne peut pas faire de mal, trois ans après un Euro itinérant qui aura fait voyager l’équipe de France de Munich à Budapest puis Bucarest. Cette fois, le tournoi se déroule dans un seul pays (possible que ce ne soit plus le cas de sitôt), et la bande de Didier Deschamps a bien choisi son camp de base pour ne pas avoir à avaler trop de kilomètres. En attendant une éventuelle phase finale, le déplacement le plus long sera celui à Leipzig, pour affronter les Pays-Bas le 21 juin, à un peu plus de 300 kilomètres de Paderborn. Ce jour-là, ce sera avion aller-retour pour les Tricolores, qui pourraient tout de même s’offrir deux aventures en car pour rejoindre Düsseldorf et Dortmund pour les rencontres face à l’Autriche et la Pologne (les retours se feront en revanche toujours en avion). Ce n’est pas grand-chose, mais après l’excursion à Metz en train pour le match amical contre le Luxembourg, on va dire que c’est un moindre mal.
→ Qui pour être la coqueluche de l’équipe ?
Deux éléments essentiels pour réussir un grand tournoi : une coqueluche dans le groupe et une musique facile à s’approprier pour fêter les victoires, dans le vestiaire comme dans les bars. En 2018, N’Golo Kanté avait réussi, en quelque sorte, à incarner les deux, entre son côté mascotte dans le vestiaire (parce que discret et donc différent des autres) et la chanson désormais célèbre l’envoyant sur les Champs-Élysées. Le voilà de retour pour l’Euro, mais l’ancien de Chelsea peut très bien laisser sa place cette fois-ci. En plus de l’incontournable Ousmane Dembélé, qui s’entend avec tout le monde et sait faire marrer les troupes, au point que son forfait en 2021 avait un peu plombé l’ambiance, Eduardo Camavinga pourrait très bien jouer ce rôle. Le Madrilène de 21 ans l’est déjà au Real et il pourrait conquérir encore quelques cœurs s’il venait à se faire une place de titulaire au milieu (entre la concurrence de Tchouaméni, Fofana et Rabiot, pas simple) pendant la compétition. Pour la musique, on laisse les Bleus se creuser la tête pour ne pas se contenter de recycler le tube de Gala.
→ Et si la France gagnait enfin une séance de tirs au but ?
Le sujet fait débat et la proposition d’Hubert Fournier, DTN, de changer de manière d’aborder les tirs au but dans les équipes de France avait fait sortir de ses gonds Didier Deschamps en mars dernier. Pourtant, le constat est là : la France ne sait plus gagner dans ces moments fatidiques. Les Bleus ne l’ont plus fait depuis 1998, restant sur trois échecs (Italie 2006, Suisse 2021, Argentine 2022), pendant que les filles et les jeunes semblent entretenir cette nouvelle mode déplaisante. Il s’agit maintenant de faire en sorte que cela ne devienne pas une marque de fabrique, voire une malédiction, à la manière de l’Angleterre. L’homme qui peut tout changer s’appelle Mike Maignan, spécialiste dans l’exercice. Ses chiffres ? 20,8% de penaltys non marqués (sans compter les tirs au but), dont celui face à Memphis Depay contre les Pays-Bas en mars 2023. Soit un ratio bien plus rassurant que celui de son prédécesseur, Hugo Lloris, tournant autour des 9-10% de penaltys non encaissés et n’ayant jamais caché son aversion pour cette épreuve. Vous pouvez ranger votre peur, c’est réglé.
Par Clément Gavard, sur la route de Paderborn