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Kurzawa (re)lance sa course
Dans l'ombre de Maxwell depuis son arrivée sur Paris au mois d'août, Layvin Kurzawa a enfin sorti un gros match avec son nouveau maillot contre Saint-Étienne. Débarrassé d'une certaine forme de pression, le gaucher peut reprendre sa marche en avant avec un objectif simple et précis : sauter Maxwell.
« Il s’est calmé, Layvin. » La remarque sort de La Turbie, le centre d’entraînement de l’AS Monaco que Layvin Kurzawa fréquentait encore au mois d’août. Sur le Rocher, le départ du gaucher n’a pas encore été compensé par Fábio Coentrão, mais une chose est sûre, le latéral gauche du PSG fait toujours parler de lui. En Principauté, on était curieux de voir comment le garçon allait s’acclimater à Paris et ses tentations. Une réputation de fêtard qu’il avait, parfois, entretenue durant ses premières années monégasques n’était pas étrangère à ces interrogations. Puis le garçon est devenu un homme. Alors quand on débarque sur Paris avec un transfert qui avoisine les 25 millions d’euros (bonus compris), on se retrouve plus exposé. Une forme de pression, en fait. Surtout que Kurzawa savait ce qu’il ne fallait pas faire. Lucas Digne, son prédécesseur au poste, n’avait pas réussi à venir à bout de Maxwell en deux saisons dans la capitale, obligé de s’exiler à la Roma pour exister de nouveau. Cette place de numéro 2, c’est un bâton merdeux. Dès lors, pas question de se disperser dans la vie nocturne parisienne.
Le garçon en avait conscience au moment de son arrivée dans la capitale, rien ne lui sera donné : « Avant de venir ici, je savais qu’il y aurait une grande concurrence. C’est à moi d’être le meilleur tout en respectant Maxwell qui est un grand professionnel, et qui va m’aider à m’améliorer et à progresser. » L’avantage du Brésilien, c’est qu’il est de moins en moins éternel. À 34 ans, l’ancien du Barça est dans sa dernière année de contrat au PSG, qu’il ne prolongera pas. Pis, il semble même commencer à accuser le poids des ans, comme sa prestation très neutre contre le Real Madrid l’a démontré. À force, la porte commence à s’entrouvrir. Et si Kurzawa pouvait espérer mieux qu’un rôle de doublure cette saison ? La question peut se poser. Le garçon en a le potentiel. Pour espérer plus, il fallait sortir un gros match. Ce qui n’avait pas été le cas à Reims ou à Nantes, par exemple. Et puis Saint-Étienne est arrivé. Kurzawa a débuté dans le onze et planté une banderille. Au-delà de son caramel, l’international français a pris son couloir en patron. Des courses, du muscle, de l’envie, du peps, comme lors de ses soirées frissons monégasques. Bref, une vraie belle performance. « Layvin a effectivement fait un très bon match. C’est bien pour lui, comme pour nous. C’est un autre point très positif de ce succès » , lâchait Blanc après la victoire contre les Verts.
Maxwell vraiment prenable ?
Un gros match également salué sur Twitter par son pote d’enfance Earvin Ngapeth, le Zidane du volley français, récent champion d’Europe. Les deux hommes ont partagé de bons moments durant leur jeunesse sur Fréjus. À l’époque, Ngapeth jouait au football et avait poussé Kurzawa sur le banc. Comme quoi. Kurzawa peut compter sur d’autres soutiens de poids : Malik Bentalha, M. Pokora, mais aussi Serge Aurier, son penchant à droite dans la capitale. Les deux garçons sont potes, et Kurzawa sert souvent de victime expiatoire à l’Ivoirien sur FIFA lors des déplacements de l’équipe parisienne. Arrivé sur la pointe des pieds dans la capitale, Kurzawa commence à se faire une place. Dans le groupe, il s’est également rapproché de Matuidi. Deux mois après son arrivée, il s’émancipe petit à petit de son statut de « petit nouveau » . De là à sauter le Brésilien, il faudra de la régularité et une bonne dose de patience. Rarement décevant quand il joue, Maxwell a comme principal – et unique – défaut son âge. À 34 ans, le numéro 17 joue à l’expérience. Kurzawa, lui, est tout en puissance offensive et n’offre pas encore toutes les garanties défensives nécessaires. Mais il n’a que 23 ans et ne demande qu’à apprendre.
Pour ce faire, Kurzawa boit les paroles du taulier au quotidien. Un Maxwell qui prend son rôle de professeur très à cœur : « Je ne pense pas que ce soit une concurrence. Ce sont des joueurs qui viennent pour nous apporter quelque chose de positif et j’essaie d’aider, comme je l’ai fait avec Lucas Digne, comme j’essaie de le faire avec Layvin, avait confié Maxwell dans un entretien accordé à RMC. J’espère qu’il va nous apporter des choses. Il y a toujours des échanges. Ce n’est pas tout à fait facile de parler tout le temps, mais on échange toujours nos opinions, c’est important pour l’équipe. » Pour l’instant, la concurrence n’est pas encore relancée tant que Kurzawa n’aura pas confirmé sa bonne prestation stéphanoise. Mais s’il avait la bonne idée de reproduire des prestations solides, le débat pourrait s’ouvrir de nouveau. Très bon joueur de football, Kurzawa peut naturellement s’inscrire dans ce PSG. Et puis un latéral qui centre bien, et souvent en première intention, ça ne peut que donner lieu à un mariage d’amour. Quoi qu’il en soit, Kurzawa est sur un boulevard. Une année pour apprendre et à attendre le départ de Maxwell. Un départ qui est acté en fin de saison, ce qui n’était pas le cas pour Digne, sans doute bouffé par la pression également. En juin prochain, le PSG en saura plus et devra faire un choix : soit trouver une doublure à Kurzawa, soit se chercher un titulaire à gauche. Après tout, Serge Aurier a montré le chemin en s’appropriant le couloir droit alors qu’il était arrivé dans un rôle de doublure. Et, comme l’ancien Toulousain donne des leçons sur FIFA à son pote, il pourrait également lui donner des conseils sur le pré.
Par Mathieu Faure