- International – Match amical – France/Albanie
Kurt Zouma, l’invité surprise
L'ancien Stéphanois, transféré à Chelsea durant l'été, a été rappelé par Didier Deschamps pour pallier les petits pépins physiques de Mangala et Perrin. Sauf que le défenseur des Blues ne joue quasiment pas à Chelsea (une minute de jeu en Premier League pour 5 matchs toutes compétitions confondues).
Lors de l’annonce de la liste des joueurs retenus pour les matchs contre l’Albanie et la Suède, Didier Deschamps avait d’abord décidé « de ne pas promouvoir » la génération des Bleuets, qui avait été salement éliminée de la course à l’Euro 2015 en barrage en Suède (4-1). Hier, à Clairefontaine, Layvin Kurzawa et Kurt Zouma étaient pourtant présents avec les grands. Pour Kurzawa, il n’y a pas de scandale sportif puisque Patrice Évra et Benoît Trémoulinas sont actuellement sur le carreau et le latéral gauche enchaîne les bonnes sorties avec son équipe de Monaco.
Pour Zouma, par contre, le choix est plus difficile à expliquer. Certes, Sakho, Koscielny et Mathieu sont blessés alors que Perrin et Mangala – actuellement avec les Bleus – sont incertains. Mais on s’interroge quand même sur la présence d’un garçon qui ne joue pas en club. Parce que oui, Kurt est abonné au banc. Actuellement, Kurt Zouma ne joue pas. Ou très peu. En Premier League, il ne compte qu’une seule minute de jeu… pour deux apparitions en Coupe et deux titularisations en Ligue des champions, lors de la double confrontation face aux Slovènes de Maribor (où il a marqué, d’ailleurs). Ça ne pèse pas très lourd pour un international français, quand même. Et pourtant, le Zoum’ se voit offrir l’opportunité d’une première cape chez les A, c’est beau pour un môme de 20 ans, champion du monde U20 avec Pogba et Digne et couvé par Saint-Étienne pendant longtemps.
Laporte, Umtiti, duo de cocus
Cette promotion est d’autant plus belle que chez les Espoirs, Zouma n’est même pas titulaire en charnière, puisque récemment Pierre Mankowski avait pointé son curseur du kiff sur une association Umtiti-Laporte. Le Lyonnais et le joueur de Bilbao peuvent, à ce propos, se sentir un tantinet floués par cette promotion inopinée. Visiblement, la jurisprudence « Suède Espoirs » a déjà volé en éclats avec les cas Kurzawa et Zouma. Surtout, eux enchaînent les titularisations et les grosses performances dans leur club (13 matchs pour Umtiti, 14 pour Laporte). Sportivement, ce choix est donc propice au débat et comme Deschamps n’a pas souhaité se justifier quant à la montée de Zouma et non des deux autres, on peut facilement se perdre dans les explications. Alors oui, Laporte ne jouit pas d’une grosse réputation en France à l’exception de celle – très flatteuse, il est vrai – faite par certains médias, mais Samuel Umtiti traîne sa ganache sur les pelouses de Ligue 1 chaque semaine. Tout le monde connaît les qualités du Gone qui joue actuellement dans une équipe qui marche sur l’eau. À sa décharge, Zouma peut présenter un cahier de notes français qui parle pour lui : trois saisons solides dans le Forez, un physique au-dessus de la moyenne, de l’amour pour les duels et ils sont peu à pouvoir se vanter d’avoir été recruté par José Mourinho en personne. Ça vous place le bonhomme. En Espoirs, Kurt a surtout évolué latéral droit (c’était le cas lors du match aller contre la Suède où la charnière Umtiti/Laporte avait tenu la route). Blessé lors du naufrage retour, il avait assisté à la fessée depuis le banc de touche. Au final, on se dit que le Lyonnais Samuel Umtiti a sans doute plus de raisons d’être déçu qu’Aymeric Laporte. Sportivement, on entend. Après tout, Didier Deschamps avait admis sans sourciller qu’il était difficile de voir jouer Griezmann quand celui-ci jouait pour la Sociedad. Alors Bilbao…
Et pour le Lyonnais, alors ? Et si la personnalité du bonhomme – plus en couleurs que celle du joueur des Blues – était le principal défaut de sa candidature en ce moment. On se souvient de l’épisode de la voiture de sport livré directement sur le parking de Tola Vologe et un caractère sans doute plus affirmé que celui de Zouma. Elle est peut-être là, la raison du choix de Zouma. Un garçon travailleur, sans casserole, qui a juste envie d’apprendre et qui, vu la gueule de l’infirmerie défensive des Bleus en ce moment, pourrait même se retrouver titulaire face à l’Albanie vendredi. Du bonheur en barre pour Kurt. Pas immérité quand on a « Happy » en guise de deuxième prénom.
Par Mathieu Faure