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Kurt Zouma : don’t F**k with cats !
Kurt Zouma se retrouve dans l’œil d’un cyclone qu’il n’a pas vu s’abattre sur lui. Une polémique qui risque de lui coûter cher, ainsi qu’à son club. La raison : la diffusion d’une vidéo, tournée chez lui par un proche, où il maltraite un petit chat sous les yeux de ses enfants. Apparemment, le défenseur de West Ham, international français, n’avait pas conscience de la progression de la défense de la cause animale dans nos sociétés occidentales. Et qu’en Angleterre, tout le monde, même les lads, aiment les chats.
« J’ai été très surpris de la part de Kurt. C’est quelque chose qui est inadmissible, intolérable et d’une cruauté sans nom bien évidemment. Je suis sûr qu’il en a pris conscience, mais ces images sont choquantes et insupportables. » Didier Deschamps, sélectionneur national, n’a pas mâché ses mots au sujet de « l’affaire Zouma » , juste après le match de Coupe de France entre Nice et l’OM, au micro de Fabien Lévêque. Il avait été directement interpellé par PETA, association de défense des animaux, qui lui demandait de se positionner sur le sujet. « Quiconque maltraite un animal d’une manière aussi flagrante et intolérable doit subir les conséquences de ses actes. Nous demandons donc à Didier Deschamps de désélectionner Kurt Zouma de l’équipe de France. » Les jours en bleu du défenseur central sont-ils comptés ? Il doit bien être le premier à ne pas comprendre l’ampleur prise par la vidéo diffusée sur Snapchat où il poursuit son chat, lui balance un coup de pied, puis une chaussure et finalement lui assène une gifle quand il est réfugié dans les bras d’un enfant. Pour lui, sur le moment, il ne s’agissait sûrement que d’une « bonne blague » incomprise. Il devait penser éteindre l’incendie avec son communiqué pour le moins déconcertant : « Je tiens à m’excuser pour mes actions. Il n’y a pas d’excuses pour mon comportement, que je regrette sincèrement. Je veux également dire à quel point je suis profondément désolé pour tous ceux qui ont été bouleversés par la vidéo. Je tiens à assurer à tous que nos deux chats vont parfaitement bien et sont en bonne santé. » Le voilà sur la sellette, aussi bien en équipe de France qu’avec West Ham. Et une fois encore, le foot traîne un wagon de retard sur l’évolution des mœurs ou des valeurs morales.
Luka Rocco Magnotta, Liam Gallagher et Josh King
Don’t fuck with cats est une série documentaire sortie en décembre 2019 sur Netflix qui raconte comment des individus fort divers, via internet, avaient démasqué un homme s’amusant entre autres à étouffer des chatons avec un aspirateur. Son nom, Luka Rocco Magnotta, un homme qui se révéla un effroyable assassin, alarmant les médias lors de sa fuite jusqu’à Berlin. L’une des principales protagonistes égraine au départ du premier épisode une « rule zero » sur le net : « Don’t fuck with cats ». Kurt Zouma, sans le comparer à ce triste personnage, est en train de tomber sous la guillotine de cette fameuse « rule zéro » . Car immédiatement, les réactions se sont multipliées sur les réseaux sociaux, et pas seulement émanant d’anonymes. Des personnalités allant de Liam Gallagher à Frank Lebœuf ont rapidement ciblé le joueur de West Ham. Pire que tout, pour avoir été aligné contre Brentford, Kurt Zouma a vécu un enfer descendu des tribunes, y compris de la part des propres supporters des Hammers, sans oublier les chants des visiteurs de Watford, qui s’en sont donné à cœur joie quand Kurt Zouma a été envoyé au sol par Josh King : « That’s how your cat feels ! » (« Voilà ce que ton chat ressent ! » en VF). Le constat est là : en Angleterre, même les lads, prêts à s’ouvrir le crâne pour leur écharpe, ne supportent pas qu’on s’en prenne aux chats.
Sanctions et après ?
Résultat : l’équipementier sportif Adidas a rompu son contrat. « Nous avons clos notre enquête et nous pouvons confirmer que Kurt Zouma n’est plus un athlète sous contrat avec Adidas. » De son côté, West Ham lui a finalement infligé une amende de 250 000 livres (autour de 300 000 euros), mais – ne soyons pas naïf – surtout pour avoir nui à l’image de son employeur. La Royal Society for the Prevention of Cruelty to Animals (RSPCA) a informé le public que les victimes n’étaient plus chez leur bourreau : « Nous tenons à rassurer tout le monde sur le fait que nous enquêtons et que les chats sont en sécurité et que nous en prenons soin. » Dernière banderille, l’association Seed, qui avait fait du Bleu un de ses ambassadeurs, l’a déchu de son statut. Il faut dire que parmi ses missions figurait le soutien de la cause animale. Enfin, le frère de Kurt, Yoan, qui évolue au Dagenham & Redbridge FC en cinquième division, devrait également être sanctionné pour avoir participé à la fameuse vidéo. Cependant, pour l’instant, en dehors de la déclaration de Didier Deschamps, dont on sait que tout ce qui lui porte chance lui tient à cœur, l’écho reste des plus limités. La défense des animaux est certes moins prégnante dans l’Hexagone. Un avertissement malgré tout pour les pensionnaires de L1 ou L2 : n’emmerdez pas les chats.
Par Nicolas Kssis-Martov