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Krychowiak, nouveau mur parisien
Révélation de la Liga durant ces deux dernières saisons, Grzegorz Krychowiak a été rapatrié en France par le PSG. Ce retour dans le pays qui l’a formé offre aux Parisiens un nouveau mur défensif. Et conforte Unai Emery dans son rôle d’entraîneur écouté par ses supérieurs.
Le 11 avril 2015 renvoie Kevin Gameiro à un heureux souvenir. Buteur à dix minutes du terme, il permet au FC Séville d’arracher un nul homérique contre le tout puissant Barcelone. Le Sánchez-Pizjuán, tout à son bonheur, exulte et le rend au Français. Pourtant, les fidèles des Palanganas rugissent au nom de leur boussole polonaise qui, quelques secondes plus tôt, coupe une contre-attaque estampillée par la vitesse de la Pulga avant de lancer l’offensive décisive. « Il faut être très, très fort pour stopper Messi. Il y a juste à regarder le but qu’il a inscrit en finale de la Coupe contre l’Athletic, celui où Mikel Rico et quatre de ses partenaires essayent de couvrir Messi, mais ne peuvent rien faire. » Selon les dires du staff technique des Sevillistas, Grzegorz Krychowiak fait partie intégrante de cette caste. Une lessiveuse à ballon ou un mur en béton armé, c’est selon, qui, après deux exercices au service d’Unai Emery, suit ses pas vers la capitale française. Attiré contre 25 millions d’euros, l’ancien Rémois n’est pas le messie promis par Nasser Al-Khelaifi. Mais, tout au moins, il peut se permettre de l’arrêter.
« Krycho n’est pas qu’un bourrin »
Recrue la plus onéreuse de ce début de mercato parisien, Grzegorz Krychowiak s’annonce, a priori, comme la relève de Thiago Motta devant la défense estampillée do Brazil. De par son profil, le Polonais répond aux caractéristiques du récupérateur à l’ancienne – il est d’ailleurs le meilleur d’Espagne lors de son premier exercice sevillista. Fort au duel, dur au mal, son impact physique offre une certaine sécurité au royaume du milieu. Mais attention, l’intéressé ne se qualifie pas « de joueur dur » : « Je lutte et je vais toujours au duel. Mais j’y vais pour prendre le ballon, jamais pour faire du mal à un adversaire. Je ne suis pas comme ça. Mais pour remporter la grande bataille, il faut d’abord gagner les petits duels. C’est à ça que je m’emploie. » Autant dire que le gaillard d’un mètre quatre-vingt-six n’évolue pas dans le même registre qu’un certain Thiago Motta. « C’est évident que Thiago est sans doute plus habile balle au pied, constate son ancien comparse Timothée Kolodziejczak. Mais Krycho n’est pas qu’un bourrin, il a énormément progressé dans sa première relance en deux ans. Sa technique reste très fiable. »
Preuve en est, son rôle avec la sélection polonaise diffère de celui qu’il tenait à Séville, comme il s’en explique dans les colonnes d’El Pais : « Avec la Pologne, je joue un peu plus devant quand nous avons le ballon, car j’ai plus de responsabilités offensives qu’à Séville. Mais c’est normal, à Séville je joue avec Banega, qui a une qualité technique incroyable, et je sais que ma fonction est de voler le ballon pour le donner proprement. Mais dans les deux cas, je profite, hein. » Un bagage étoffé, donc, qui lui permet « de pouvoir évoluer dans plusieurs rôles au milieu de terrain » , est convaincu Timothée Kolodziejczak. Car loin du sempiternel 4-3-3 de Laurent Blanc, Unai Emery se veut en adepte du 4-2-3-1 faisant la part belle au double pivot. Ce rôle, Krychowiak l’a rempli durant ces deux années sévillanes, tout d’abord au coté de l’ultra-physique M’Bia, puis avec le longiligne Nzonzi. Un schéma tactique qui lui permet d’être accompagné dans ses tâches défensives et de se projeter vers l’avant quand l’envie lui en prend. « Grzegorz n’est pas du genre à prendre des risques inutiles, mais dès qu’il peut percer vers l’avant, sa puissance fait des ravages » , plussoie Kolo.
110 matchs disputés et la confiance d’Unai
L’arrivée du milieu passé par le Stade de Reims conforte également Unai Emery dans ses prérogatives. Comme l’indiquait Nasser Al-Khelaifi à son arrivée, le Basque « aura son mot à dire lors de cette période de mercato » . En lui offrant les services de sa boussole du milieu de terrain sevillista, le président parisien cède à l’une de ses plus fortes volontés. « J’ai une très grande confiance en lui, affirmait l’entraîneur basque en octobre dernier. L’équipe exige presque sa présence en continu. Et puis il ne se repose jamais, car aux matchs de Séville se joignent ceux de sa sélection. » En chiffres, le natif de Gryfice est le joueur le plus utilisé de l’effectif palangana lors de ses deux saisons avec pas moins de 110 matchs disputés. Un rythme impressionnant qu’expliquent son physique en titane, mais aussi sa propension à s’adapter à différents rôles. En joueur malléable qu’il est, Krychowiak a déjà évolué dans plusieurs systèmes, mais aussi à différents postes. Pour Monchi, directeur sportif sévillan qui l’a recruté à Reims, « il comprend si bien les concepts défensifs qu’il peut même évoluer en défenseur central. Il a également un super jeu aérien, même s’il fait la différence avec son impact physique. » Un impact que connaît si bien Leo Messi.
Par Robin Delorme