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Kristina Kozel : « Battre la France serait prestigieux »
Intelligente et sexy, Kristina Kozel aime le football. Y compris celui de son pays qu'elle tente de promouvoir à la télévision nationale biélorusse dans le programme Kozel pro Futbol. Elle a accepté de nous parler de foot biélorusse, de la rencontre à venir contre la France et de nous offrir son calendrier...
En quoi consiste votre émission télé Kozel pro futbol ? L’objectif principal est de rendre le football plus populaire et attractif en Biélorussie. C’est pourquoi nous filmons les matchs du bord de la pelouse, pour être au plus près des joueurs et des actions. C’est jouable, car on se contente de montrer les meilleurs moments, les plus chauds aussi, tout ce qui se passe principalement aux abords des buts. On essaie de plonger les spectateurs au cœur des actions et on réalise nos interviews juste après le coup de sifflet final pour saisir les émotions les plus fortes. Au-delà de la communication avec les joueurs, entraîneurs et spécialistes, on est au contact des supporters et on essaie de leur donner la parole. C’est notre quatrième saison, à chaque fois on modifie un peu le format, surtout pour essayer d’être plus interactifs avec le football amateur. On a par exemple créé un compte Instagram : Instagram.com/kozel_football.
Vous êtes la principale émission de foot en Biélorussie ?Non, bien sûr, une parmi d’autres. Mais la seule avec une femme comme auteur et présentatrice. Et la seule filmée pendant les matchs aussi. Je participe à tout, contrôle chaque étape de la production. On est surtout la seule émission initialement développée pour internet – sur Youtube, Facebook et Vkontakte – à avoir été adaptée à la télévision, un an après le lancement.
Vous dites vouloir rendre le football plus populaire. C’est quoi le problème en Biélorussie ?Le principal problème, c’est la faible affluence dans les stades. On peut dire que le niveau de nos joueurs, celui de notre football est limité, mais pour moi, aussi loin que je puisse m’en souvenir, n’importe quel niveau suffit à prendre du plaisir. Mais notre peuple est habitué à voir du football européen, et exige la même qualité. Mais pour cela, il faut du temps. Notre histoire en tant que pays indépendant commence en 1992, on a quasiment perdu tout l’héritage du football soviétique et maintenant on essaie d’en développer un nouveau. Celui qui comprend ça, comme moi, a plus de patience et de respect pour ce que nous avons.
Le match de mardi attire l’attention dans votre pays ?Bien sûr, aucun doute. Tous les billets ont été vendus et on organise des trains gratuits entre Minsk et Borisov. La France est dans le top 10 du classement FIFA, un grand pays de football, quasiment tous les joueurs sélectionnés sont des stars. Et puis c’est le début d’une nouvelle phase de qualification, donc les gens espèrent un peu de succès. De toute façon, on est toujours motivés face aux grosses équipes.
Quelles sont les forces et faiblesses de la sélection biélorusse ?Notre force, c’est le collectif. Nos lignes sont homogènes, équilibrées. Nous n’avons pas de grosses individualités, de stars. Excepté Alex Hleb, mais il est blessé. Donc tous nos joueurs se valent. On a une bonne défense, mais on a perdu deux joueurs sur blessure contre la Norvège : l’arrière droit Igor Shitov et le défenseur central Egor Filipenko. Le jeune Evgeny Klopockiy a été convoqué, mais il n’a aucune expérience internationale en A. Notre faiblesse, c’est l’aspect émotionnel. Parfois, l’équipe s’écroule et personne ne sait pourquoi. Mais je suis sûre que cela ne sera pas le cas contre la France.
La génération actuelle a fait une troisième place à l’Euro U21 en 2011, puis participé aux JO 2012 à Londres. Combien de joueurs de cette génération sont en A aujourd’hui ?Cette troisième place à l’Euro U21 et la participation aux Jeux olympiques de Londres sont des pages de notre histoire footballistique dont on est fiers. La plupart de ces joueurs ont fait de bonnes carrières, ou au moins des carrières correctes. Huit joueurs sont encore avec les A : le gardien Alex Huar, les défenseurs Denis Polyakov, Michael Sivakov, Sergey Politevich, Egor Filipenko (buteur décisif contre la Tchéquie en 2011 pour nous qualifier aux JO), les milieux Stas Dragun et Mikhail Gordeichuk, et l’attaquant Sergey Kornilenko, l’un des trois joueurs de plus de vingt-trois ans.
Cette épopée a changé des choses pour le football biélorusse ?Peut-être à cette époque. Si vous réalisez un exploit, les gens attendent une répétition. Sans ça, l’intérêt retombe. Bien sûr, à chaque nouvelle phase d’éliminatoires, on espère, mais assez calmement. Chez les espoirs, pour les qualifications actuelles, notre objectif minimum, c’est une troisième place de groupes.
La France a joué pas mal de fois contre la Biélorussie ces dernières années. On se souvient notamment de 2010, et la victoire du Bélarus à Saint-Denis. En six ans, aucun progrès ?Si, l’équipe a progressé. Mais en 2010, on a affronté une équipe affaiblie par les querelles internes du Mondial 2010, et probablement plus faible émotionnellement. Et on s’en est servi. Aujourd’hui, l’équipe de France est vice-championne d’Europe, et je suis certaine qu’elle est bien mentalement. En six ans, nous avons changé trois fois de sélectionneur : à l’époque, c’était Bernd Stange, puis Georgiy Kondratiev, qui a affronté la France pour les qualifications de 2013-2014, et maintenant Alexander Hatskevich. Certains de nos leaders ont arrêté leur carrière, mais Sergey Kislyak qui a marqué à Saint-Denis est toujours là. (Sourire)
Vous vous attendez à quoi pour le match, une victoire de la Biélorussie ?C’est du football, les deux équipes peuvent gagner. On est à la maison, avec un stade plein pour nous supporter. Battre la France serait prestigieux. De bonnes raisons de faire un bon résultat !
Vous pensez quoi de l’équipe de France ?Une équipe de haut niveau, avec des joueurs excellents. On peut écrire des articles sur chaque joueur, des livres sur certains. Si je commence à parler de chaque joueur, on va devoir faire une seconde longue interview. Vous êtes les favoris, et n’importe qui s’intéressant au football mondial connaît tout de vous.
Chaque année, vous faites un calendrier foot légèrement sexy. Par exemple une année, vous avez posé aux couleurs de chaque équipe de la première division biélorusse. Combien de bonnes raisons de regarder le championnat biélorusse pouvez-vous me citer ?Ce calendrier est un moyen d’attirer l’attention sur notre football. Si vous posez la question, c’est que l’idée était bonne, et que le calendrier fonctionne.
Pour le fameux calendrier, jette un œil derrière toi avant de cliquer ici, ici, ou ici.
Propos recueillis par Nicolas Jucha, qui a demandé son calendrier dédicacé