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Koziello, reculer pour mieux sauter ?
Depuis que Nice a pris une volée à Krasnodar en Ligue Europa, Vincent Koziello est sorti des équipes de départ de Lucien Favre. À l'exception des matchs européens dans lesquels l'entraîneur suisse fait souffler ses hommes en forme du moment.
Si, au moment de passer à l’heure d’hiver, l’OGC Nice est un surprenant leader de la Ligue 1, il n’en est pas pour autant une anomalie. Car si les Aiglons sont encore invaincus en championnat et viennent d’enchaîner cinq succès toutes compétitions confondues, ils le doivent à des individualités ultra performantes. Avec les départs conjugués de Nampalys Mendy (Leicester), Hatem Ben Arfa (Paris) et Valère Germain (Monaco) – sans oublier celui de l’entraîneur Claude Puel –, on pouvait légitimement s’inquiéter du futur d’un club confronté à la double difficulté de confirmer sur la scène hexagonale en tenant la route sur celle européenne. Sauf que les Niçois ont bien bossé cet été : Lucien Favre a pris le relais, Mario Balotelli la lumière, et les autres recrues du club, à défaut d’avoir crevé l’écran, ont à des niveaux divers justifié le coût de leur transfert. Dernier en date à avoir tiré son épingle du jeu, Wylan Cyprien a claqué un doublé contre Nantes le week-end passé. Après avoir marqué une semaine avant à Metz. L’émergence de l’ancien Lensois – qui a coûté 5 millions d’euros au Gym – est en partie la cause de la baisse de temps de jeu de Vincent Koziello. Depuis que son équipe a pris l’eau en Russie contre Krasnodar (2-5), l’international espoir n’a plus été titularisé en Ligue 1, alors que ses coéquipiers enquillaient quatre succès de rang.
La menace Cyprien
Un réel coup d’arrêt – le premier dans sa jeune carrière – pour l’international espoir. La révélation de la saison 2015-2016 a commencé à voir son jeune concurrent empiéter sur son territoire fin septembre avec une victoire à Nancy (1-0) pendant laquelle le milieu offensif avait été reculé dans le cœur du jeu. Plus tranchant offensivement, doté d’une frappe de balle flatteuse, Cyprien se démarque des manieurs de ballon petit format que sont Koziello et Jean Michaël Seri. Visiblement soucieux d’associer deux profils dissemblables et donc obligé de trancher entre l’international espoirs et l’Ivoirien, Favre donne aujourd’hui la priorité au second. Quand il n’opte pas pour un profil plus purement défensif (Walter) ou expérimenté (Bodmer). Inquiétant et symptomatique d’un retour dans le rang pour Koziello ? Les dernières rumeurs évoquent toujours un intérêt de grands clubs du Vieux Continent quand la situation de Nice tend à minimiser ses déboires actuels. Aujourd’hui, Lucien Favre se passe de lui moins parce qu’il n’est pas performant que parce qu’il possède suffisamment d’alternatives pour pousser sa machine sur deux tableaux.
« Réussir, c’est innée chez lui. » Alain Wathelet, directeur du centre de formation à Nice
Et lorsque, dans quelques semaines, Cyprien ou Belhanda pourraient connaître un coup de moins bien, cela pourrait offrir un rôle prépondérant au jeune homme formé à Cannes. À Nice, où il a fini son apprentissage, le directeur du centre de formation Alain Wathelet nous expliquait il y a quelques semaines que Koziello était voué à réussir, quels que soient les écueils : « Il a percé dans le football, mais il aurait pu réussir dans n’importe quoi d’autre. Quoi qu’il arrive, il réussit, car il est prêt à réussir, c’est inné chez lui, car il ne se disperse pas, fait les choses qui doivent être faites au bon moment. » Des propos que le formateur tenait à l’époque en référence au bac ES mention très bien obtenu par son protégé, ainsi qu’à la manière dont il avait surmonté son déficit physique pour accéder à l’effectif pro niçois à cause de la volonté de Claude Puel. « Si on n’avait que des joueurs comme lui, ce serait facile d’entraîner » , assure Alexandre Delal, le préparateur physique du Gym, qui a participé au gain de cinq kilos en muscle du joueur de poche niçois. À l’entendre parler de Koziello, compétiteur « qui déteste perdre, même un tennis-ballon à l’entraînement » , on peut facilement imaginer que le contretemps actuel n’est pas loin d’être une souffrance. Mais que le joueur va utiliser pour passer un palier plus que la subir et stagner, car « il est intelligent, sain mentalement, et il se donne du mal pour faire les choses bien. C’est pour cela qu’il va loin » . Il a laissé tomber les études supérieures pour vivre pleinement sa vie de footballeur pro et symbolise on ne peut mieux la philosophie de jeu de l’OGC Nice. Difficile donc de croire que le vent ne tournera pas à nouveau dans son sens dans pas longtemps…
Par Nicolas Jucha
Propos d'Alain Wathelet et Alexandre Delal recueillis à Nice par Nicolas Jucha dans le cadre du portrait de Vincent Koziello dans le SO FOOT 141