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Koscielny, maintenant ou jamais
Propulsé sur le devant de la scène suite au carton jaune de Philippe Mexès lors de la débâcle face à la Suède, Laurent Koscielny a la lourde tache d’accompagner Adil Rami face à l’Espagne. Satisfaction londonienne de la saison en compagnie de Robin van Persie, le Gunner compte bien profiter de ce coup de pouce du destin pour s’installer en sélection.
« J’y pense, et j’ai besoin de temps pour me décider. » À peine arrivé à Arsenal, Laurent Koscielny, auteur d’une bonne saison avec le Lorient de Christian Gourcuff, se fait draguer par la sélection polonaise. Oui, le grand-père du défenseur des Bleus est polak, et deux ans plus tard, à l’Euro 2012, Koscielny aurait pu faire la paire avec Damien Perquis plutôt qu’avec Adil Rami. Mais trop éloigné de ses racines – il a perdu contact avec cette branche de sa famille – et trop ambitieux pour opter pour la facilité, le natif de Tulle attend sagement son tour. Rouge et blanc en club, le maillot de ses rêves n’est pas le même en équipe nationale. Son truc à lui, c’est les Bleus. « Une décision fondée sur ce que je ressens avec mon cœur » , explique-t-il. Aujourd’hui, celui qui a galéré avec Guingamp va connaître sa quatrième sélection, en quart de finale d’un Championnat d’Europe, face à l’Espagne. Une belle histoire pour lui, et un ouf de soulagement pour la France du foot, qui l’attendait depuis le début de la compétition.
Enfin son tour ?
Des milliers de téléspectateurs se réjouissent déjà, que Laurent Koscielny, tranquillement assis sur son banc, n’a pas encore compris. On joue la 68e minute de l’interminable France – Suède, quand Philippe Mexès, à la faute sur Wilhelmsson, prend le carton jaune de trop. « Je n’y ai pas pensé, balance Koscielny, en conférence de presse. C’est Olive (Giroud, ndlr) qui me l’a dit. » C’est donc son probable futur coéquipier à Arsenal qui lui a appris que son premier « grand » match avec les Bleus serait un quart de finale de championnat d’Europe face à la meilleure équipe du monde. Pas de quoi l’effrayer. « Beaucoup de joueurs rêveraient de faire leurs débuts face au tenant du titre. L’Espagne ressemble beaucoup au Barça, ça peut m’aider de me dire que j’ai déjà joué contre ces joueurs-là » , évoque avec confiance celui qui jouait en Ligue 2 il y a un peu plus de trois ans. Une confiance acquise tout au long d’une saison lors de laquelle il a su s’affirmer comme « l’un des meilleurs défenseurs de Premier League » selon son coach, Arsène Wenger. Au final, c’est assez logiquement que Laurent Koscielny prend ce qui pourrait être « sa » place.
Monsieur propre
De Laurent Koscielny, les nostalgiques gardent en mémoire les années guingampaises. Celles lors desquelles il « était en galère » . Les mauvaises langues, elles, se concentrent sur les buts contre son camp et les cartons rouges, fruits de l’enthousiasme débordant et de quelques maladresses lors des débuts du gaillard en Premier League. Mais depuis, le Français a bien changé. Jugé comme « le défenseur français ayant le plus progressé cette saison » par Laurent Blanc, Laurent Koscielny ne méritait pas forcément d’être cantonné au banc de touche. D’ailleurs, qu’il l’admette ou non, la suspension de Mexès arrange bien le sélectionneur, qui n’a ainsi aucun choix à justifier.
Car, si on a souvent loué les capacités de Philippe Mexès à la relance, celles de Laurent Koscielny sont également excellentes. Capable de trouver la bonne passe, mais aussi de remonter le terrain balle au pied, le défenseur d’Arsenal est peut-être la véritable caution « propreté » de la défense française. Également très à l’aise dans le domaine aérien, où il dérange les grands attaquants et marque des buts à l’occasion, il aurait peut-être moins ramé que Mexès face à Toivonen et Ibrahimović, pour ne citer qu’eux. À quoi bon être costaud au duel aérien face à l’Espagne ? À pas grand-chose, certes. Mais le gaillard est également solide dans le duel cuir au pied : il n’a été pris en défaut qu’à 0,4 reprise par match cette saison, il affiche donc l’un des meilleurs bilans de Premier League. De quoi compenser celui d’Adil Rami et peut-être de quoi s’installer définitivement dans l’axe de la défense centrale française. Ça valait le coup d’attendre.
Par Swann Borsellino