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Köpke, le local de l’étape
Dans le staff de Joachim Löw, il en est un qui connaît parfaitement le stade Vélodrome d'avant-toiture et l'ambiance de la cité phocéenne. Pendant à peine plus de deux saisons, Andreas Köpke a gardé les buts de l'OM. Une histoire qui se termine en eau de boudin, mais avec un amour fort transmis à la famille.
« Je me dis que, pour moi et pour tout le monde, il vaut mieux que je m’en aille. Je suis déçu, on a une équipe fantastique dans laquelle règne une bonne ambiance, j’aime le club, le public, j’aime Marseille, mais je dois partir. » En 1998, Rolland Courbis et le staff de l’OM ne laissent pas la moindre alternative à leur gardien international. La préférence a été donnée au coach. Tant pis si Köpke avait toutes les envies du monde de rester chez les Olympiens, mais il ne peut rester dans le même club que son entraîneur. Depuis quelques mois, le conflit est ouvert. En tant que portier, l’Allemand n’a pas envie d’être concerné par le turnover total imposé au groupe. Partager sa place avec Stéphane Porato ? Très peu pour un champion d’Europe. Alors quand Courbis est prolongé, l’aventure française est officiellement sur sa fin. En plein mois de novembre, Köpke rend publique sa décision de filer. « C’est regrettable pour lui que je sois l’entraîneur de l’OM » , conclut Courbis dans les propos retranscrits par Libération à l’époque. Et pourtant… Köpke a aimé son club de deux ans.
On a Köpke au mérite
À l’été 96, Köpke peut se vanter d’un statut tout frais de champion d’Europe – et qui sera conforté par un titre honorifique de meilleur gardien à la fin de l’année. Francfort n’a plus les moyens de le retenir et quelques grands noms européens se penchent sur son cas. Le FC Barcelone n’est pas loin de craquer. « Mon transfert capote, raconte Köpke sur le site de la fédé allemande en 2012. C’est alors qu’arrive l’offre de Marseille et je me suis bien sûr renseigné sur ce club. Assez vite, j’étais enthousiaste et convaincu que c’était le bon choix pour moi. » Le club vient de remonter en première division et nourrit quelques ambitions. Le portier doit accompagner Marseille vers le sommet du championnat français. Köpke découvre aussi des méthodes d’entraînement, de vie de groupe et tout simplement de jeu qui ne sont pas encore parvenues jusqu’à l’Allemagne. La France et en particulier l’OM conservent un coup d’avance au niveau des clubs. « Les joueurs étaient bien mieux formés techniquement [qu’en Bundesliga], chacun voulait avoir la balle, tous voulaient prendre part au jeu. Moi-même, j’ai dû m’habituer à avoir beaucoup de touches de balle. » C’est une époque où Marseille, de retour en Division 1, veut jouer les premiers rôles et aligne les grands noms qu’il faut pour cela. Le premier tour de D1 se passe dans un certain anonymat. L’OM se fige au milieu de tableau, sans prendre de risque, sans faire rêver. Avec Makelele, Blanc et Ravanelli, la seconde saison est plus conforme aux envies, avec une quatrième place honorable. Köpke s’offre une bonne réputation de solidité parmi les supporters. Toutefois, c’est sa dernière véritable saison. La suite se résume à une mésentente tenace avec Courbis et une sortie par la petite porte, non sans avoir laissé des traces à Marseille.
L’équipe préférée du fils
Pourtant, quand on lui demande, Köpke n’hésite pas à décrire Marseille comme la plus belle période de sa vie. « Et pas seulement sportivement, précise-t-il, mais avant tout pour des raisons humaines et tout ce qui allait avec l’OM. » Quand on naît à Kiel, tout au nord de la RFA, Marseille ressemble à un havre dédié à la vie agréable. « Sur la Côte d’Azur, le soleil brille presque toujours, la vie est beaucoup plus douce, chaque jour a un parfum de vacances, la qualité de vie est bien meilleure. » Aujourd’hui, l’amour est surtout passé dans le cœur du fils, Pascal Köpke, attaquant à Aue. En 2012, le père affirmait que son fils « se tenait au courant des matchs de l’OM et de ce qu’il se passe dans l’équipe » . Autant dire que le départ de Köpke ne met pas un terme complet à ses attaches, une fois Courbis loin de tout ça. « À Marseille, nous nous sommes fait beaucoup d’amis, avec qui nous avons encore des contacts. Surtout, ma relation avec la France est encore forte et nous sommes souvent là-bas en visite. » Mais il ne faut pas s’y tromper. Aujourd’hui, Andreas Köpke ne vient pas en ami au stade Vélodrome. Il a une Allemagne à faire gagner, pour retrouver le goût du championnat d’Europe connu il y a vingt ans, déjà.
Par Côme Tessier