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Kondogbia à l’OM : milieu trop puissant
Première recrue marseillaise de l’ère Marcelino, Geoffrey Kondogbia s’apprête à refouler les pelouses de Ligue 1, délaissées en 2015. Si à l’époque, l’acolyte de Paul Pogba chez les Bleus n’était encore qu’une promesse, son arrivée dans la cité phocéenne résonne aujourd’hui comme l’avènement d’un pilier.
Dans un monde idéal, Geoffrey Kondogbia serait double champion du monde. Comme ses anciens coéquipiers de vestiaire Alphonse Areola, Paul Pogba et Florian Thauvin, le natif de Nemours a soulevé la coupe du monde U20 en 2013 depuis la Türk Telekom Arena d’Istanbul après une séance de tirs au but remportée contre l’Uruguay. Cinq ans plus tard, le sémillant milieu relayeur n’était pas sous la pluie torrentielle de Moscou pour brandir le Mondial 2018 avec ses trois partenaires de croisade. La faute à quoi ? Sans doute à un carnet de route, et cela s’y prête, symbolisé par les montagnes russes à l’heure où Didier Deschamps a dû faire un choix pour s’envoler vers la deuxième étoile. Quoi qu’il en soit, Kondogbia, désormais international centrafricain, ne garde pas une dent contre la France. Au contraire : le voici désormais auréolé d’un séduisant CV et présenté comme renfort de prestige à l’Olympique de Marseille.
La première de la saison 23-24 #Kondogbia 💪💙😎 FORZA l’OM pic.twitter.com/cUMZLDq8Hj
— titi ( c’est toi le boss) (@Mode55489648) June 30, 2023
Plus cher que Ronaldo
À 30 ans, un âge cité comme charnière dans la trajectoire d’un footballeur, Kondogbia a acquis de l’expérience du haut niveau en Liga. Après six saisons passées en Espagne, ce fan des mangas signés Eiichiro Oda possède une particularité : avoir remporté une Coupe du Roi (2019) et un championnat (2021) sans avoir endossé les couleurs du FC Barcelone ou du Real Madrid. Ce cas, unique sur toute la dernière décennie, témoigne de la singularité du parcours de Kondogbia en Espagne. Et pourtant, à l’exception d’une pige d’un an réussie au sein du FC Séville en 2012-2013, rien ne laissait présager que le joueur formé à Lens allait exploser en Espagne.
Mis en lumière dans l’Hexagone grâce à deux saisons avec l’AS Monaco, Kondogbia quitte la Ligue 1 pour la Serie A, où l’Inter n’hésite pas à casquer 40 millions d’euros pour s’acheter ses services. Seul problème : l’intéressé vise à côté de la plaque. « Ma plus grosse erreur, c’est d’être arrivé trop décontracté, relevait Kondogbia pour le magazine So Foot en février 2018. En fait, je ne me suis pas rendu compte du boucan que mon transfert a suscité en Italie. J’aurais dû comprendre que le prix de mon transfert allait générer des grosses attentes. J’étais quand même le troisième transfert le plus cher de l’histoire du club derrière Vieri et Crespo. J’ai coûté plus cher que Ronaldo ! »
Marcelino, la gloire de son père
Durant l’été 2017, la dynamique de Kondogbia est au plus bas. Le milieu nerazzurro est passé de star à boulet, comme en témoigne son invraisemblable but contre son camp face à Chelsea lors d’une tournée estivale à Singapour. À un an du Mondial russe, l’international tricolore a besoin de confiance et de temps de jeu. C’est finalement grâce au FC Valence via le tandem Pablo Longoria-Marcelino, désormais reformé dans les Bouches-du-Rhône, que le footballeur va procéder à sa renaissance.
« Quand je suis arrivé à Séville en 2012, Marcelino venait de se faire licencier, retrace-t-il, toujours pour So Foot. Il me connaît depuis cette époque et m’a toujours suivi depuis. C’est bizarre, j’ai l’impression de me voir en lui. Je crois qu’on a le même caractère. C’est quelqu’un d’humble, mais ça ne l’empêche pas d’être très confiant. Et c’est un entraîneur qui respecte les gens. Il est aussi très ouvert. Par exemple, il peut discuter avec un joueur et admettre qu’il a eu tort. Alors il revient sur son opinion, et on passe à autre chose. » Pour comprendre l’impact que Kondogbia avait chez les Murciélagos lors de la période Marcelino, il suffit d’en parler à ceux qui ont pu assister de près au phénomène. « Kondogbia sait tout faire au milieu du terrain, résume Pascual Calabuig, journaliste pour Superdeporte. Il détient la force physique, une frappe de balle dangereuse avec son pied gauche, une bonne complémentarité pour orchestrer le jeu. Ses deux saisons avec Marcelino furent excellentes, l’entraîneur savait que la base de son équipe passait par son milieu de terrain. »
« Quand je vois Busquets, je deviens fou »
Flingué par les départs cumulés de Marcelino, Pablo Longoria et Mateu Alemany, le FC Valence n’a aujourd’hui plus que ses yeux pour pleurer le départ de sa colonne vertébrale vertueuse. Bien trop talentueux, Kondogbia ne pouvait rester longtemps dans ce naufrage sportif, et Diego Simeone n’est pas resté insensible à l’apport potentiel d’un tel profil dans son effectif. Souvent placé dans l’entrejeu dans un modèle en double pivot, Kondogbia a également dépanné en défense lors de la mise en place d’un système à trois centraux. Globalement, le soldat madrilène a répondu aux attentes du Cholo, s’est confronté aux meilleurs milieux du monde et compte désormais marquer la France de son empreinte.
💥 𝐆𝐞𝐨𝐟𝐟𝐫𝐞𝐲 𝐊𝐨𝐧𝐝𝐨𝐠𝐛𝐢𝐚 est olympien ! 🏛
Le milieu de terrain 🇨🇫 est 𝐥𝐚 𝐩𝐫𝐞𝐦𝐢𝐞̀𝐫𝐞 𝐩𝐢𝐞𝐫𝐫𝐞 de l’#OdysséeMASSALIA 23/24 🪨🔵⚪️ pic.twitter.com/jZL6MO8cfg
— Olympique de Marseille (@OM_Officiel) June 30, 2023
« Moi, je suis milieu défensif, affirme-t-il. Mais un milieu défensif n’est pas uniquement fait pour défendre. Il suffit de regarder un mec comme Busquets pour le comprendre. T’as vu les risques qu’il prend ? Il fait des râteaux dans sa surface… Quand je le vois, je deviens fou. J’aime beaucoup sa façon de jouer. C’est de ça que j’essaie de me rapprocher. » À la différence de Milan, le prix du transfert, estimé à seulement 8 millions d’euros (pour un contrat courant jusqu’en 2027), ne constituera pas un élément de déstabilisation dans l’esprit de Kondogbia. Pour Longoria, c’est encore une manœuvre à la bien.
Par Antoine Donnarieix
Tous propos recueillis par AD.