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Kompany d’assurance ?
Rappelé en équipe nationale après près de deux années d’absence, Vincent Kompany doit son retour à une force mentale impressionnante qui lui a permis de passer outre ses nombreuses et pénibles blessures. De là à constituer à nouveau le présent de Manchester City et de la Belgique ?
601 jours. 601 longues journées qu’il n’a pas étrenné le maillot des Diables rouges lors d’un match officiel. Une éternité pour Vincent Kompany, ancien capitaine indiscutable et indiscuté de son pays. Alors forcément, quand Roberto Martínez a officialisé son retour en sélection pour le match amical contre la Tchéquie et la rencontre qualificative pour le Mondial russe en Estonie, les sourires se sont affichés sur beaucoup de visages. Ennuyé par des blessures depuis désormais plusieurs années, le défenseur était considéré comme terminé pour certains. Bah non. Kompany est toujours là.
Le déclic de Londres
Tout a (re)démarré à Londres face à Chelsea, le 5 avril dernier. Titulaire surprise dans l’axe aux côtés de John Stones alors qu’il n’avait plus foulé une pelouse en championnat depuis le 19 novembre et qu’il restait sur dix-sept petites parties de Premier League en près de deux années, Kompany dispute ce jour-là l’intégralité de la rencontre et retrouve le kiff du terrain malgré la défaite. Un plaisir partagé par Pep Guardiola, qui le complimente en conférence de presse : « Lorsqu’il est en forme physiquement, Vincent Kompany est un défenseur exceptionnel. Il ne faut pas oublier cela. Ce soir, à Chelsea, il a disputé un très bon match. » Le principal intéressé, lui, n’est pas étonné de sa prestation – « Je savais que j’allais vivre un match sans problème, car j’étais bien préparé » , assure-t-il sur SFR Sport –, mais a tout de même récemment parlé de déclic en zone mixte pour décrire cet événement : « Cette rencontre face à Chelsea a été décisive. Je n’avais plus joué depuis longtemps quand Guardiola a vu qu’il pouvait compter sur moi. Après cela, tout était plus facile. »
Effectivement, après le combat face aux Blues, Vincent enchaîne sept titularisations sur les huit journées restantes. Dans ces conditions, normal de le revoir en sélection, estime Junior Ngalula, ami de longue date et directeur sportif du BX Brussels : « Ici, personne n’est étonné. Il vient d’enfiler les matchs avec Manchester City, et les statistiques parlent pour lui. Ses prestations ont été plus qu’honorables. Le sélectionner est donc logique. » Avec lui, les Sky Blues, qui n’ont jamais trouvé la bonne formule en charnière centrale cette saison, n’ont perdu qu’une fois (contre Chelsea, donc) pour cinq victoires et deux nuls, et n’ont encaissé que six buts. Sans oublier que l’arrière a planté à trois reprises. Pas mal pour un mec qu’on n’avait pas revu au top niveau depuis tant de temps.
Le pouvoir du crâne
Dès lors, comment expliquer ce come-back de l’enfer pour celui qui a connu quinze blessures en l’espace de trois ans ? « Moralement, il a toujours été confiant. Même pendant ses périodes de blessure, éclaire Junior Ngalula.Ce qui était un peu moins rassurant, c’était ses rechutes la saison dernière. Ça, ça aurait pu lui faire mal sur la durée. Mais cette année, les blessures étaient différentes et il a joué de malchance. Quand on discutait, il ne m’a donc jamais paru touché. Au contraire. Vous savez, c’est quelqu’un d’obstiné. De très obstiné. » Interrogé par la RTBF, Kompany a confirmé : « La vie est un combat… et je suis une tête de mule. Tant que je parviens à revenir à l’entraînement, je ne doute pas. Les miracles ne se produisent pas, il faut simplement travailler. Est-ce que j’en ai eu marre ? Non. Est-ce que j’en ai marre quand certains doutent de moi ? Non, cette réaction est normale. Ça m’ennuie juste si on dit que« Le grand-père est de retour ». Je ne pense pas à une rechute. Quand je me blesse, c’est chaque fois une surprise. Si j’avais peur d’être blessé, j’aurais déjà arrêté ma carrière. » Un discours qui en dit long sur le mental d’acier du bonhomme.
Aujourd’hui, les ambitions de l’ancien colosse d’Hambourg sont très claires : redevenir le joueur qu’il était avec Manchester, et gagner la Coupe du monde 2018 en Russie (pour ce qui sera certainement sa dernière compétition avec la Belgique, comme il l’a évoqué). Peut-il le faire ? Son entourage y croit en tout cas dur comme fer. Junior Ngalula : « Le talent, les capacités mentales… Il a tout pour revenir au top, comme lorsqu’il a gagné le titre avec City. Il faut seulement que la malchance s’arrête, et qu’il évite les blessures. Ce qui n’a pas été le cas ces derniers temps. » Guardiola (site officiel du club anglais) : « Je lui ai parlé en début de saison en lui disant qu’on irait petit à petit. Il manquait à Pellegrini la saison dernière, il gagne tellement de duels. J’espère qu’il sera là plus souvent la saison prochaine. » Martínez (Sudpresse) : « C’est incroyable qu’un joueur sortant d’une si longue période d’absence réussisse à enchaîner des rencontres d’une telle intensité. Cela prouve qu’il est revenu à son meilleur niveau. Il est très fort. » Qu’Eden Hazard conserve le brassard importe peu : le boss, c’est encore lui.
Par Florian Cadu
Propos de Junior Ngalula recueillis par FC.