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Komnen Andrić, l’amour est dans le pré

Par Tom Binet
Komnen Andrić, l’amour est dans le pré

Komnen Andrić a posé ses valises à Clermont cet été. L'occasion pour l'attaquant serbe de 27 ans de découvrir un sixième pays au fil d'une carrière qui l'a déjà vu évoluer en Serbie, au Portugal, en Lituanie, en Russie, mais surtout en Croatie, où il est devenu le premier Serbe du championnat à porter un brassard de capitaine. Fan de parties de pêche nocturnes et de ses bergers suisses, l'avant-centre de Clermont est un homme qui plairait à Karine Le Marchand. Portrait.

Le 14 août dernier, c’est sur la scène d’Auguste-Delaune que Komnen Andrić et sa grande carcasse décident de se présenter à la Ligue 1. Alors que Clermont est mené de deux buts à la pause, le Serbe renverse Reims et le cours de la rencontre en une quinzaine de minutes : expulsion d’Agbadou provoquée, réduction du score sur penalty, égalisation de la tête à bout portant. Voilà les Auvergnats sur le chemin de leur premier succès de la saison et la nouvelle aventure de l’attaquant entamée de la meilleure des manières. Si depuis, la suite est moins flamboyante – aucun but inscrit et une place de titulaire pas nécessairement acquise –, le bonhomme entend bien apporter son vécu au sein d’un groupe qui a parfaitement commencé sa deuxième mission sauvetage consécutive. Débarqué au pied des volcans, où le père de deux enfants a atterri avec toute sa famille, afin de remplacer Mohamed Bayo, parti à Lille, Komnen Andrić n’en est pas à son premier défi.

Pas mal de temps s’est écoulé depuis la guerre. Tous les joueurs, y compris ses adversaires, voyaient en lui un mec bien.

Un Serbe qui s’éclate en Croatie

Jeune espoir du football serbe, c’est sous la tunique du club de Radnički 1923 que le jeune Andrić, 18 ans, découvre la première division serbe en 2013. Deux ans plus tard, celui qui est titulaire chez les U20 nationaux se blesse à quelques semaines du Mondial de la catégorie et observe de loin ses coéquipiers être champions du monde. Un premier coup dur. « Cela m’a beaucoup touché, mais j’étais content pour mes coéquipiers. Après cela, je suis allé en première division portugaise à Belenenses, où l’entraîneur qui m’a fait venir s’est rapidement « envolé » » , confiait-il en 2021 pour Goal. Dès 2016 donc, l’heure est déjà venue pour le grand gabarit d’un mètre 89 de déplier ses ailes pour une première aventure loin de sa Serbie natale : direction le Portugal pour six mois de prêt. Suivront des piges en Lituanie et en Russie, mais c’est bien en Croatie que le buteur parvient enfin à trouver sa place.

Un an à peine après sa signature à l’Inter Zaprešić, il devient le premier joueur serbe à porter le brassard dans le championnat croate. « L’entraîneur, Samir Toplak, m’a appelé après une séance d’entraînement et a décidé que j’étais le capitaine de l’équipe. Croyez-moi, j’ai eu des frissons », confiait-il à l’époque à Goal. Une question que ne s’est pas posée le technicien. « Pour moi, en tant qu’être humain, il n’y a pas de différences entre les gens, ni par nationalité, ni par religion, ni par couleur de peau. J’ai décidé qu’il serait capitaine uniquement parce qu’il était un leader né, un combattant, et que l’équipe le suivait, confie Toplak. Ce sont toutes les caractéristiques qu’un capitaine doit avoir, et c’est pourquoi, pour moi, il n’y avait aucun doute sur la personne à qui donner le brassard. » Un mandat parfaitement assumé par le principal intéressé. « Il n’y pas eu de problème lié à sa nationalité, poursuit l’entraîneur. Tout le monde l’a reconnu comme un grand homme qui a fait un travail de premier ordre. » À commencer par l’un de ses plus proches coéquipiers de l’époque, Andrej Šimunec. « Pas mal de temps s’est écoulé depuis la guerre. Il y avait probablement de la pression sur les réseaux sociaux avec tous ces gens assis derrière leur ordinateur à écrire des choses stupides, mais tous les joueurs, y compris ses adversaires, voyaient en lui un mec bien. »

Je peux monter dans la voiture à trois heures du matin et aller au Monténégro pour lancer l’hameçon. Je ne pêche que de manière récréative, et je remets à l’eau tous les poissons que j’attrape.

« Grand-mère » veille sur les autres

« Si tu m’avais contacté pour un autre joueur avec qui j’ai joué par le passé, je n’aurais pas répondu, mais avec Andrić, on a une relation forte… Il fait partie des trois gars pour lesquels je peux décrocher mon téléphone, je l’aime beaucoup. » Le défenseur central, aujourd’hui sans club après un passage lui aussi au Portugal, est resté proche d’Andrić. « Quand je suis arrivé à Zaprešić, il m’a beaucoup aidé, c’était la première fois que je changeais de ville. Ça a directement matché. J’ai rencontré ses parents, je suis allé à son mariage. En comparaison avec un mariage croate, cela a commencé plus tôt et j’avais même failli rater mon avion, mais la nightlife en Serbie est plutôt pas mal, sourit Šimunec. Tout ce que j’ai vu en lui, je l’ai retrouvé chez son père, qui est aussi un super mec. » De là est née une amitié qui perdure, le Croate étant convié à venir rendre visite à son ancien partenaire en Auvergne. « Quand j’étais au Portugal, il est venu me voir. Si l’un a besoin d’aide, l’autre est toujours là. À Zaprešić, j’ai ouvert un restaurant, et il est venu avec cinq ou six amis de Serbie. Et son frère, qui est chef cuisinier, m’a aidé. »

Proche de ses coéquipiers, Komnen Andrić le reste après son départ pour le plus grand club du pays, le Dinamo Zagreb. Une formation avec laquelle il découvre les joutes européennes, mais surtout une grande famille. Au point de vivre difficilement son départ pour l’Hexagone. « Nous étions une douzaine de joueurs réunis, nous nous sommes assis un moment et avons évoqué nos souvenirs. J’avais une boule dans la gorge. Ce sont des moments dont vous vous souviendrez pour le reste de votre vie. Et la preuve que vous laissez quelque chose derrière vous, décrivait-il au média croate Germanijak une fois son transfert vers la Ligue 1 acté. Alors on s’assoit, on parle, et ils me disent : « Allez grand-mère, remercie les Français et reste avec nous. Nous nous réunirons et paierons ton salaire. » » Son surnom, baka (grand-mère en croate), reste une énigme même pour Andrej Šimunec. « C’est un mot d’argot qui vient de Serbie et du Monténégro. Quand il parle, il répète toujours « leka », qui serait un diminutif du mot « collègue » en français. « Baka » en croate veut dire grand-mère, je ne sais pas trop d’où vient le lien entre les deux mots. Je n’avais jamais entendu ça avant lui… »

Côté terrain en revanche, pas question de rigoler. « Le football vous donnera deux fois plus que vous ne lui donnez, croyez-moi. Je me suis toujours tué à l’entraînement, quand l’entraîneur me disait de faire dix squats, j’en faisais toujours onze parce que je croyais que celui-là ferait la différence, affirmait encore le joueur pour Goal. Le football, c’est ma vie, et déjà à l’âge de six ans, je savais que je voulais être professionnel. Je me souviens d’une fois où je voulais de nouveaux crampons, mais mon père n’avait rien pour me les acheter. Je suis rentré triste à la maison. Papa ne pouvait pas le supporter, alors il a payé les chaussures en plusieurs fois. Pour nous, il a même travaillé à deux kilomètres sous terre dans une mine. » Alors quand son rêve de gosse prend forme, Andrić refuse d’en perdre une miette. « Avec lui, chaque entraînement est un moment spécial pour un entraîneur parce qu’il se donne à 100%, embraye Toplak. C’est un grand travailleur et un leader par l’exemple pour le reste de l’équipe. » Šimunec : « Je ne suis pas le mec qui était tout le temps à fond à l’entraînement, mais lui si. C’est un gars dominant, qui aime prendre les choses en main, mais avec une bonne attitude. Il a beaucoup de confiance. »

Mon Zeus, que j’ai acheté à Andrić, est un chien magnifique et je suis heureux qu’en dehors de notre amitié, quelque chose d’autre nous unisse. Andrić est l’un de mes joueurs préférés parmi ceux que j’ai entraînés.

Nature et découvertes

Hors du pré, le garçon vit avec la même intensité. « Je ne suis pas comme les autres footballeurs, je n’ai pas envie de sortir. Les filles, les paillettes… Je vais en discothèque peut-être une ou deux fois par an… J’ai plusieurs hobbies qui m’occupent », confie-t-il. La plus grande passion de cet amoureux de la nature ? La pêche. « Cela me détend énormément. En Croatie, j’ai pêché à Krapina, Bistra. Je peux monter dans la voiture à trois heures du matin et aller au Monténégro pour lancer l’hameçon. Je ne pêche que de manière récréative, et je remets à l’eau tous les poissons que j’attrape. » Un attrait pour les grands espaces que le natif de Novi Pazar pourra largement assouvir du côté de Clermont. Très peu pour son acolyte Andrej Šimunec, en revanche. « La pêche, c’est pas trop mon truc, je trouve ça bien trop ennuyeux, donc je n’y suis jamais allé avec lui. On jouait à la Playstation ou bien on traînait au centre commercial. »

Zeus, le berger suisse de Samir Toplak.

En Croatie, Komnen Andrić s’est également lancé dans l’élevage de bergers suisses et en vend même certains à ses amis du monde du ballon rond. Andrej Šimunec et Samir Toplak sont de ceux-là. « L’entraîneur Toplak m’a pris le petit Zeus. Le patron l’adore et lui accorde beaucoup d’attention, se délectait-il encore. J’adore les chiens et je suis chaque petit que je vends. Je ne vends pas les chiens à des gens qui ne peuvent pas me garantir qu’ils auront les meilleures conditions possibles. Il est hors de question de garder le chien enchaîné. » Quelques années plus tard, le technicien est ravi d’avoir son compagnon à ses côtés. « Comme il n’est plus chez lui, c’est son père qui s’en occupe désormais. Mon Zeus, que j’ai acheté à Andrić, est un chien magnifique et je suis heureux qu’en dehors de notre amitié, quelque chose d’autre nous unisse. Andrić est l’un de mes joueurs préférés parmi ceux que j’ai entraînés. » Encore une belle marque de reconnaissance. « Quand j’aurai terminé ma carrière, j’envisage de parcourir le monde entier », se projette enfin Andrić. Pas sûr que d’ici là, il ne lui reste beaucoup d’endroits à découvrir.

Dans cet article :
Le Clermont d’Ousmane Diop cloue Guingamp, Lorient retourne D’Ornano, Ajaccio prend un point à 9
Dans cet article :

Par Tom Binet

Tous propos recueillis par TB sauf ceux de Komnen Andrić.

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