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Kombouaré-TFC, je t’aime moi non plus
Resté deux mois sur les bords de la Garonne, Antoine Kombouaré a quitté la Ville Rose avec 11 défaites en 13 matchs dans sa valise, et a laissé de bien mauvais souvenirs aux supporters du TFC, qu’il retrouve ce jeudi à l’occasion du barrage aller de Ligue 1, sur le banc du FC Nantes.
C’était l’adversaire que le peuple toulousain voulait à tout prix éviter. Malheureusement, le TFC croisera bien la route du FC Nantes lors du barrage de Ligue 1. Ce jeudi soir, Antoine Kombouaré va de nouveau fouler la pelouse du Stadium, 16 mois après l’avoir quittée, mais s’installera sur le banc de gauche, celui des visiteurs. Il faut dire que son passage éclair sur le banc du Téfécé n’a pas laissé de très bons souvenirs, que ce soit sportivement ou humainement. Nommé par Olivier Sadran en octobre 2019, en remplacement d’Alain Casanova, le natif de Nouméa doit redresser la barre du club, alors 18e de Ligue 1 après 9 journées. Pourtant, l’ancien coach parisien s’attire les foudres des amoureux du TFC dès sa présentation. Lors d’une conférence de presse lunaire, AK avoue suivre la Ligue 1 « que de loin. J’ai regardé Jour de Foot, mais pas les matchs entiers. J’ai pris le temps de m’aérer », avouait alors l’ancien technicien du DFCO, qu’il avait quitté quatre mois auparavant. Avant d’enfoncer un peu plus le clou. « Je ne l’ai pas regardé (le calendrier du TFC, NDLR). Je sais simplement qu’on joue Lille, puis qu’on va à Rennes, si je ne dis pas de bêtises. » Un discours qui exaspère les supporters. « Il a montré une image de je-m’en-foutiste, c’est sûr que d’emblée, ça n’a pas plu aux supporters, explique Lilian Casse, membre des Indians Tolosa, le principal groupe d’ultras du TFC, depuis trois ans. Quand tu arrives dans un club, le minimum syndical est de ne pas passer pour un con. »
Un personnage difficile à comprendre
Une mauvaise communication qui a entraîné de mauvais résultats dans la foulée, Toulouse ne gagnant que le match face à Lille en Ligue 1, lors de la première de Kombouaré sur le banc. « Il a fait plusieurs mauvais choix au niveau tactique et au niveau des joueurs. Quand il est arrivé, je l’ai surnommé « le destructeur de Ligue 1 », explique Alain Grolier, président des Supporters des Violets et fan du Tef depuis 35 ans. Pourtant, nous avons essayé de le comprendre. Quand un nouveau coach arrive, j’ai l’habitude d’échanger avec lui sur ce qu’il fait, c’est même un plaisir. Avec Kombouaré, c’était totalement différent. Il n’est ni communiquant, ni charismatique. C’est l’une des principales raisons pour lesquelles cela ne passait pas avec les supporters. » Si l’aventure toulousaine de l’entraîneur kanak n’a pas été rose, ce dernier semble sur la pente ascendante chez les Canaris, échappant aux reproches des ultras, « qui concentrent tout sur la famille Kita », estime Alain Grolier.
Une responsabilité collective
Si Antoine Kombouaré attise une bonne partie de la haine des supporters toulousains, ces derniers sont conscients qu’il n’est pas l’unique fautif. « Cela fait un bon moment que le club coulait. En 2016, on se maintient à la dernière journée. En 2018, on se sauve en barrage. Finalement, l’arrêt du championnat l’an dernier a évité à l’équipe de se ridiculiser davantage, poursuit Lilian Casse. On a beaucoup tapé sur Kombouaré, mais les joueurs ont aussi fait preuve de négligence. Regarde Mathieu Dossevi ! (le joueur avait été filmé pendant OL-TFC, le 18 décembre 2019, en train de regarder un Barça-Real sur son portable, NDLR). » Si la séparation semblait évidente après deux mois de collaboration et dix défaites consécutives en championnat, c’est le départ de la direction – l’ancien président Olivier Sadran en tête – et le rachat du fonds d’investissement RedBird Capital Partners, qui a apaisé les tensions. « Une partie des Indians avait une rancœur envers Jean-François Soucasse (l’ancien directeur exécutif du club, NDLR). Il fallait changer l’intégralité de l’équipe dirigeante, car le mal partait de là. Le club a connu trois entraîneurs dans la saison et chacun était responsable de la descente. Antoine Kombouaré est peut-être le plus responsable, mais Alain Casanova était une erreur de casting et Denis Zanko un pompier de service. » Après deux mois tendus sur l’Île du Ramier en 2019, Kombouaré fera donc son grand retour ce jeudi sur la pelouse du Stadium, sans supporters pour lui hurler dessus. « On entend qu’il vient ici pour se venger, mais je ne le souhaite pas. Il ne faut pas oublier que cela reste du football. » Comme quoi, le huis clos peut avoir quelques avantages.
Par Analie Simon
Tous propos recueillis par AS.