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Kombouaré, l’anti-enflammadoire
Après six saisons à l’En Avant Guingamp, cet été, Jocelyn Gourvennec a quitté la Bretagne pour la Gironde. Son successeur sur le banc costarmoricain, Antoine Kombouaré, débute bien, mais garde la tête froide. Encore et toujours.
L’En Avant de Guingamp aura donc passé la trêve internationale en tête du championnat (avec sept points, devant l’AS Monaco à la différence de buts). Après trois journées, c’est anecdotique. Certes, mais la plupart des coachs apprécieraient quand même de s’installer dans le fauteuil de leader. Antoine Kombouaré, lui, s’en passerait presque. Du moins, c’est ce qu’il laisse paraître devant les caméras, comme au micro de Jour de Foot après la victoire 2-0 à Marcel-Picot, samedi 27 août. Face au journaliste de Canal qui lui lance : « Ce soir, vous allez vous coucher dans la position de leader » , le coach guingampais fait l’étonné : « Vous me l’apprenez. Moi, je suis déjà dans le match d’après. » Le match d’après ? C’est la réception de Montpellier, deux semaines plus tard. Qu’importe, l’homme n’est pas du genre à fanfaronner. « Quand on est à Guingamp, on ne se la raconte pas. On reste humble » , tonne Kombouaré.
« Qui imaginait que j’allais signer à Lens en L2 ? »
De la Nouvelle-Calédonie aux Côtes-d’Armor en passant par le PSG, son club pendant une douzaine d’années (cinq ans et demi en tant que joueur, quatre à la tête de la réserve et deux ans et demi avec l’équipe première), le discours n’a pas changé. « L’identité kanake, ce sont des valeurs d’écoute, d’humilité, de respect.(…)L’Océanien vient d’un peuple de guerriers ! Culturellement, il faut se battre, s’affirmer. Je suis un impulsif, ça peut partir très loin, pour un mot de travers » , expliquait-il à metronews à l’occasion de la sortie de son livre en 2014. Quand on le somme de dégager le plancher du Paris Saint-Germain fin 2011 pour faire de la place à Ancelotti, Kombouaré s’écarte, déçu, mais sans déclaration tapageuse, et se dit même « soulagé » d’un licenciement qu’il avait vu venir. Il laisse alors les clefs d’un PSG champion d’automne à Don Carlo. Six mois plus tard, Montpellier coiffe Paris pour le titre. Pendant ce temps-là, le Kanak rejoint le RC Lens… en Ligue 2. « Qui imaginait que j’allais signer à Lens en L2 ? Moi le premier, je n’y pensais pas » , avouait-il l’année dernière au Parisien.
« Il peut paraître froid, mais… »
Mais Kombouaré ose le RC Lens pour l’aventure humaine, dans une région où il s’était déjà distingué en installant Valenciennes dans l’élite. « Gervais m’a touché.(…)Et j’ai toujours aimé ce club, je me souviens que quand je jouais contre Lens à Bollaert, dans les années 80, dans le public il y avait les mineurs avec leurs casques. Ça m’a marqué. C’était fantastique. » Ça a commencé par la remontée des Sang et Or en L1, avant de virer à la dégringolade, entre un actionnaire fantôme et des promesses sans fin du président Martel. De la nouvelle dimension prise par le club parisien à la galère lensoise, Kombouaré a vécu le grand écart. Et si l’En Avant de Guingamp, remis sur les rails de la Ligue depuis trois saisons par Jocelyn Gourvennec, était le club moyen idéal pour relancer sa carrière ? Plutôt discret cet été au mercato, l’EAG a eu la bonne idée de faire le gros de son marché en amont (Karl-Johan Johnsson, Jordan Ikoko, Lucas Deaux, Étienne Didot, Alexandre Mendy sont arrivés en juin ; Jonathan Correia, en juillet ; Fernando Marçal, mi-août). De quoi faciliter le travail du coach.
Pour l’heure, le vestiaire guingampais apprécie un entraîneur finalement pas aussi rude qu’il peut le laisser présager dans ses interventions face à la caméra. « Il peut paraître froid à la télé, mais il se lâche avec nous, confie l’ailier Nicolas Benezet. Quand il est arrivé, il a dû installer une certaine rigueur, c’est normal. Après, il est bon délire, il nous chambre ! » Leader ou pas.
Par Florian Lefèvre
Propos de Nicolas Benezet recueillis par FL.